La mortalité due au cancer du poumon est en chute libre au Canada

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne
La mortalité due au cancer du poumon est en chute libre au Canada

MONTRÉAL — La mortalité attribuable au cancer du poumon est en chute libre au Canada, révèlent des données dévoilées mercredi par la Société canadienne du cancer.

Le taux de mortalité par cancer du poumon a reculé de 3,8 % par année depuis 2015 quand on regroupe les hommes et les femmes, apprend-on dans le rapport Statistiques canadiennes sur le cancer 2023. Le déclin est de 4,3 % par année depuis 2014 chez les hommes et de 4,1 % par année depuis 2016 chez les femmes.

Cette amélioration est principalement attribuée à la réduction de l’usage de tabac commercial, qui compte parmi les principaux facteurs de risque pour le cancer du poumon. Environ trois cas de cancer du poumon au Canada sur quatre sont dus au tabagisme.

«Quand on voit qu’en 1965, c’était près de 50 % des Canadiens qui fumaient, alors qu’aujourd’hui on est rendu à 11,6 % de la population, on voit qu’on a fait des progrès significatifs», a commenté David Raynaud, qui est gestionnaire principal à la Société canadienne du cancer.

Malgré tout, le cancer du poumon demeure le cancer le plus prévalent au Canada. On estime que 31 000 nouveaux diagnostics seront annoncés cette année au pays. Chez les hommes, les taux de mortalité par cancer du poumon sont généralement plus élevés au Québec et dans les provinces de l’Atlantique.

«Des efforts de lutte contre le tabagisme sont encore nécessaires pour réduire davantage le fardeau du cancer du poumon, écrivent les auteurs du rapport. On craint également que le vapotage et l’utilisation de la cigarette électronique augmentent le risque de cancer du poumon et, par conséquent, la mortalité.»

La Société canadienne du cancer applaudit donc les efforts déployés par plusieurs provinces pour encadrer la disponibilité des produits de vapotage, notamment en ce qui concerne les jeunes.

«On a fait vraiment des efforts significatifs dans les dernières années dans la lutte contre le tabagisme, puis ce serait dommage d’avoir une nouvelle génération dépendante à la nicotine à cause de ce nouveau produit-là», a dit M. Raynaud.

Quand on compare avec le sommet atteint en 1988, on constate que les taux de mortalité par cancer ont diminué de 39 % chez les hommes et de 26 % chez les femmes, notamment grâce aux progrès réalisés dans la lutte contre le cancer du poumon, le cancer colorectal et d’autres cancers.

Peu de progrès ont toutefois été réalisés pour abaisser le taux de mortalité par cancer du pancréas; les cancers du foie et des voies interhépatiques présentent aussi un faible taux de survie.

«En général, peut-on lire dans le rapport, les taux de mortalité par cancer sont plus faibles dans les provinces de l’Ouest et en Ontario, et plus élevés au Québec et dans les provinces de l’Est.»

Incidence

L’incidence de cancer colorectal est en baisse de 4 % chez les hommes et de 3,1 % chez les femmes depuis 2014. L’incidence de cancer du poumon et de leucémie a aussi reculé chez les hommes, et l’incidence de cancer de la thyroïde et de l’ovaire chez les femmes.

En revanche, le mélanome est la forme de cancer dont l’incidence a le plus augmenté chez les hommes, avec un bond de 2,2 % depuis 1984. Chez les femmes, le cancer du col de l’utérus est maintenant celui dont l’incidence grimpe le plus rapidement (+3,7 % par année depuis 2015); il s’agit de la première hausse importante de l’incidence du cancer du col de l’utérus depuis 1984.

Le nombre de cas de cancer diagnostiqués chaque année est en hausse, principalement en raison de la croissance et du vieillissement de la population. Mais si on élimine l’effet de l’âge et de la taille de la population, le risque de cancer diminue.

Après le cancer du poumon, le cancer de la vessie, le cancer du rein et le mélanome sont les formes de cancer dont l’incidence a le plus perdu de terrain chez les hommes. Il en va de même pour le lymphome hodgkinien, le cancer colorectal et le mélanome chez les femmes.

Importance du dépistage

Le rapport met en évidence l’importance du dépistage précoce dans la lutte contre le cancer.

Par exemple, environ 70 % des cas de cancer du poumon sont détectés aux stades III ou IV, et moins de 16 % des personnes diagnostiquées à ce moment seront encore en vie cinq ans plus tard.

Les auteurs du rapport se réjouissent donc de «l’introduction prévue de programmes de dépistage du cancer du poumon au Canada dans un avenir proche», ce qui «pourrait accroître la détection précoce de la maladie (et) entraîner d’autres améliorations de la survie».

«Les personnes atteintes d’un cancer du poumon bénéficient (…) de traitements qui sont plus précis, plus efficaces, avec moins d’effets secondaires néfastes, a dit David Raynaud. C’est vraiment important de mettre les ressources qu’il faut là pour dépister le cancer le plus rapidement possible parce que ça fait vraiment une différence dans les taux de survie.»

En comparaison, les taux de mortalité attribuables au cancer colorectal ont diminué de manière notable pour les deux sexes entre 1984 et 2020. Les programmes de dépistage de cette maladie permettent de déceler et d’enlever les polypes précancéreux, ce qui réduit l’incidence et aide à détecter le cancer à un stade précoce, lorsque le traitement est le plus efficace.

La disponibilité de tests de dépistage varie grandement d’une province à l’autre au Canada. Dans le cas du cancer colorectal, par exemple, le Québec est la seule province à ne pas avoir de programme organisé de dépistage, mais on a bon espoir que cela se fasse prochainement.

Ces inégalités engendrent ensuite possiblement des écarts dans la survie nette par région. Toujours dans le cas du cancer colorectal, les estimations vont de 62 % pour la Nouvelle-Écosse à 68 % pour Terre-Neuve-et-Labrador, témoignant peut-être «des variations dans le stade auquel les cancers sont habituellement diagnostiqués dans différentes provinces».

Malgré tout, environ la moitié des cancers colorectaux sont diagnostiqués à un stade III ou IV, lorsque les traitements sont moins efficaces.

C’est actuellement en Ontario que l’indice de survie à cinq ans est le plus élevé, à 64 %, et en Nouvelle-Écosse qu’il est le plus faible, à 61 %.

La situation chez les enfants

On prédit qu’environ 2 % des nouveaux diagnostics de cancer, soit un peu moins de 4000 cas, surviendront chez les enfants et les jeunes adultes (le groupe d’âge des 0-29 ans).

Chez les 0-14 ans, les leucémies représenteront le tiers des nouveaux cas; chez les 15-29 ans, les trois nouveaux diagnostics les plus fréquents seront le cancer de la glande thyroïde, le cancer des testicules et le lymphome de Hodgkin, qui ensemble représenteront environ 40 % des nouveaux cas.

Quatre-vingt-quatre pour cent des enfants ayant reçu un diagnostic de cancer étaient toujours vivants cinq ans plus tard.

Le taux de survie à cinq ans dépasse 95 % chez les enfants atteints de lymphome de Hodgkin, de néphroblastome et d’autres tumeurs rénales non épithéliales, ainsi que de tumeurs germinales gonadiques malignes. La survie à cinq ans oscille entre 65 % et 72 % pour la leucémie myéloïde aiguë, les rhabdomyosarcomes, les tumeurs embryonnaires intracrâniennes et intraspinales, les tumeurs osseuses malignes et les tumeurs hépatiques.

Un peu plus de 239 000 diagnostics de cancer seront annoncés au Canada cette année. On calcule que 86 700 personnes succomberont à cette maladie cette année au Canada, et que le quart de ces décès sera attribuable à un cancer du poumon ou des bronches.

Le cancer demeure la principale cause de mortalité au Canada, avec 26 % de tous les décès.

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