Gaza: 200 organisations préparent une grande mobilisation à Montréal

Stéphane Blais, La Presse Canadienne
Gaza: 200 organisations préparent une grande mobilisation à Montréal

MONTRÉAL — Une coalition de près de 200 organisations de la société civile québécoise et de plusieurs personnalités publiques se prépare à «une grande mobilisation» prévue samedi et dénonce «la complicité du Canada» dans les attaques militaires israéliennes en territoires palestiniens.

La Coalition du Québec URGENCE Palestine a convié les médias mercredi matin à Montréal pour appeler à un «cessez-le-feu immédiat et à la libre circulation de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza ainsi que l’arrêt des exportations militaires, directes et indirectes, vers Israël».

Le porte-parole de la Coalition du Québec URGENCE Palestine, Raymond Legault, s’attend «à un niveau de mobilisation qu’on n’ a pas vue depuis longtemps» dans les rues de Montréal samedi «pour dénoncer la complicité canadienne» dans le drame humanitaire qui se déroule en territoires palestiniens.

La coalition dénonce «l’hypocrisie du discours» du Canada

«Le Canada a exprimé des préoccupations face à ce qui arrive à la population civile de Gaza, mais il a continué à évoquer le droit d’Israël de se défendre alors qu’Israël terrorise et tue la population civile de Gaza au vu et au su du monde entier», a indiqué Raymond Legault lors d’une conférence de presse, à laquelle participaient notamment l’acteur Luc Picard, des représentants de syndicats et de différents organismes.

Les députés canadiens ont voté en majorité lundi en faveur d’une motion visant à demander au gouvernement de travailler «en vue de l’établissement de l’État de Palestine dans le cadre d’une solution négociée à deux États».

«Mais ce débat ne change rien à l’affaire, c’est une motion édulcorée qui a été adoptée et qui est non contraignante», a dénoncé M. Legault qui craint que «le Canada continue de mentir» notamment concernant la vente d’armes à Israël.

Selon la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, le vote de lundi à la Chambre des communes démontre que le Canada peut trouver un terrain d’entente. Elle a précisé que bien que la motion soit non contraignante, son contenu devient la position officielle du gouvernement.

Le Canada réclame depuis longtemps une solution négociée à deux États dans la région. Ottawa considère toujours la Cisjordanie et Jérusalem-Est comme des territoires occupés par Israël, mais l’expression «solution négociée» fait sourciller Niall Clapham Ricardo, de l’organisation Voix juives indépendantes, qui fait partie de la coalition.

«Mais qui ne veut pas négocier? C’est Israël. Nétanyahou ne veut pas négocier depuis la fin des accords d’Oslo. Donc, si le Canada veut qu’on arrive à une solution à deux États, il faudrait peut-être faire un peu de pression sur Israël», a -t-il indiqué.

«Il est important de rappeler qu’en droit international, on ne négocie pas sur la base de violations de droits» a ajouté Lynda Khelil, de la Ligue des droits et libertés.

«Quand on parle de justice, de respect des droits et de paix, la solution doit être articulée en fonction de l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple palestinien et doit émaner du peuple palestinien qui est le peuple opprimé», selon elle.

Christine Gauthier, vice-présidente de FNEEQ – CSN, qui représente 35 000 enseignants, a indiqué que son syndicat joint sa voix aux autres organismes pour que «cessent les massacres, la barbarie, la déshumanisation, les crimes de guerre et le génocide».

Plusieurs références à un «génocide»

Le terme «génocide» a plusieurs fois été utilisé par divers représentants d’organisations lors de la conférence de presse.

Le 26 janvier dernier, dans un premier verdict dans l’affaire opposant l’Afrique du Sud à Israël pour «génocide» présumé à Gaza, la Cour internationale de justice (CIJ) avait ordonné qu’Israël prenne immédiatement des mesures pour garantir que son armée ne viole pas la Convention sur le génocide. 

La plus haute juridiction des Nations unies n’avait toutefois pas ordonné de cessez-le-feu et n’avait pas non plus conclu qu’un génocide se produisait à Gaza.

L’accusation de génocide porte atteinte à l’identité nationale d’Israël qui a été fondé en tant qu’État juif après le massacre de 6 millions de Juifs par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Niall Clapham Ricardo, lui-même Juif, a indiqué «qu’il est de notre devoir, dans la fière lignée de nos principes juifs, de dénoncer ce génocide».

Il a ajouté «que chez Voix juives indépendantes», l’expression «plus jamais» ne veut pas dire «plus jamais seulement pour les Juifs», mais aussi pour «les autres peuples», comme les Palestiniens.

Situation dans les territoires palestiniens

Dans les derniers mois, au moins 31 819 Palestiniens ont été tués, selon le ministère de la Santé de Gaza, qui ne fait pas de distinction entre les civils et les combattants dans son décompte, mais indique que les femmes et les enfants représentent les deux tiers des morts. 

Une agence alimentaire des Nations unies a prévenu que «la famine est imminente» dans le nord de la bande de Gaza. 

Les militants palestiniens ont tué quelque 1200 personnes lors de l’attaque surprise du 7 octobre à partir de Gaza qui a déclenché la guerre, et ont enlevé 250 autres personnes. Le Hamas détiendrait encore une centaine de personnes en otage, ainsi que les dépouilles de 30 autres.

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