Vivre avec un handicap invisible

Par Caroline Levesque
Vivre avec un handicap invisible
Yang

MALENTENDANTS. La fébrilité se faisait sentir auprès des élèves sourds et malentendants des écoles primaires du Curé-Lequin et Saint-Jude tout juste avant de participer à un tournoi de hockey au Défi sportif AlterGo, le 30 avril, au Complexe Sportif Claude-Robillard.

À l’entraînement depuis plusieurs semaines, la soixantaine de jeunes avait effectivement hâte de participer aux épreuves d’athlétisme, du circuit d’habileté, de hockey-balle et du marathon lors de leurs deux journées en territoire montréalais. Il s’agit d’une 6e participation au Défi Sportif pour ces élèves provenant d’un peu partout en Montérégie.

La pratique d’un sport permet à ces enfants qui ne comprennent pas complètement l’information auditive de saisir visuellement les différentes explications, en voyant leurs camarades agir. Ils étaient accompagnés de leurs interprètes en langage parlé complété (LPC), un mode de communication axée sur des codes avec les mains qui complètent la lecture labiale, pour ainsi avoir accès plus facilement au langage. Cela permet une perception beaucoup plus claire du message oral.

L’intégration avec des entendants

Cet événement est une occasion pour les élèves de rehausser leur estime personnelle, d’apprendre à vivre avec les réussites, mais aussi les défaites. C’est également une manière de transmettre à l’ensemble des jeunes les valeurs du sport et de développer chez eux un sentiment d’appartenance, étant donné qu’ils sont, pour quelques-uns d’entre eux, en classe avec des élèves entendants à l’école Curé-Lequin.

«Nous sommes une école à vocation d’intégration, donc nos élèves sont souvent en situation où ils ne sont pas beaucoup de sourds dans une classe régulière, indique Estelle Davignon, interprète en LPC. Venir ici signifie qu’on est conscient de notre handicap et de celui des autres. Mais lorsqu’on est ici, ça crée un effet de masse: on se rassemble et on est fiers de nous.»

Participer au Défi sportif peut être confrontant pour ces enfants vivant avec un handicap invisible. «Ils sont comme tous les autres et tout va bien, ils sont fonctionnels, ajoute Mme Davignon. Certains se demandent pourquoi eux participent, et non pas les élèves entendants.»

L’objectif de l’école St-Jude est d’intégrer les élèves dans leur établissement de quartier, car certains enfants peuvent faire jusqu’à une heure et demie de route pour venir en classe. «Le but c’est de rattraper les retards et leur donner des outils pour être fonctionnels en classes régulières», indique l’interprète en LPC.

Mordue de sport

Yang, 12 ans, en est à sa troisième participation au Défi sportif AlterGo. «Je fais cela pour le plaisir, indique la jeune élève qui nécessite l’assistante de son interprète pour comprendre les questions. À mon école, nous avons cette chance de venir ici. J’aime beaucoup cela. Quand je gagne, je peux avoir des médailles et quand je perds, ce n’est pas grave.»

L’activité physique occupe une grande place dans la vie de cette mordue du sport. En plus de faire de la danse à claquette et de la danse hip-hop, elle suit des cours de patinage artistique. Elle pratique également la natation, le ping-pong et le badminton.

Elle a fait la découverte du lancer du poids et de ses particularités au Défi sportif, et apprécie la discipline du saut en longueur. Pour cette jeune fille débordante d’énergie, sa condition de malentendante n’est absolument pas un obstacle. «Quand je fais du sport, si le professeur me dit quelque chose, l’interprète peut me répéter, explique-t-elle. Ou si le prof est loin, il peut y avoir des mots que je n’entends pas [lors des explications]. Mais, je lui dis quand je ne comprends pas.»

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