La hausse des taux d’intérêt de 3% depuis mars dernier se fait sentir sur le marché immobilier. Le pouvoir d’achat des futurs acheteurs diminue, les ventes baissent, les prix se stabilisent et le nombre de maisons à vendre croît légèrement. Si le vent commence à tourner, le marché demeure encore à l’avantage des vendeurs, notamment en raison du peu d’offres disponibles à Saint-Jean-sur-Richelieu.
En août, 68 ventes immobilières résidentielles ont été enregistrées, soit 49 résidences unifamiliales, 14 copropriétés et 5 plex (2-5 logements). À pareil moment l’an dernier, il y avait eu 103 transactions.
Il s’agit d’une diminution de 34% du nombre de ventes résidentielles comparativement à août 2021 (406 000$). Depuis le début de l’année, les ventes ont été en baisse tous les mois, à l’exception de février et de mai.
Toujours en août, le prix de vente médian s’est fixé à 449 500$, en hausse de 11% par rapport à août 2021. Il s’agit toutefois d’une baisse de 12% par rapport à la pointe enregistrée en avril dernier (511 000$). Le nombre de propriétés à vendre est en hausse. En date du 31 août, il y avait 292 inscriptions en vigueur, dont 187 maisons unifamiliales. Il s’agit d’un sommet depuis juin 2020 à Saint-Jean.
Transition
La hausse des taux d’intérêt a des répercussions directes sur le pouvoir d’achat des acheteurs puisque la valeur de leur préautorisation hypothécaire diminue, indiquent les courtiers immobiliers interrogés par Le Canada Français.
«On est dans une période de transition qui va mener à une baisse de prix, si ça continue comme ça. C’est sûr que ça va aller moins bien que ça allait dans les dernières années», croit Alexandre Desrochers, courtier-propriétaire chez Royal LePage Excellence. Rappelons que les hausses de prix des deux dernières années ont notamment été dopées par la surenchère et la capacité de payer des acheteurs.
Sauf quelques cas d’exception, la frénésie fait désormais partie du passé. Les gens négocient. Les conditions et les inspections sont désormais de retour sur les offres d’achat. «Si on exclut les chiffres, le marché ressemble à 2019 et 2020. C’était un marché exceptionnel, mais plus viable et intéressant à travailler», résume Cédric Lebeau, courtier immobilier et président de RE/MAX Évolution.
Les offres multiples font encore partie du décor, mais elles sont de moindre envergure. «Les condos, les petites maisons, les jumelés et les maisons en rangée performent encore très bien. Mais ce n’est plus comme avant où on pouvait avoir 50 visites et une quinzaine d’offres. Maintenant, on a cinq ou six visites et une ou deux offres», enchaîne Alexandre Desrochers.
Prix abordable
Les produits affichés dans une gamme de prix abordables continuent de bien se vendre, ajoute Julie Bessette, courtière immobilière chez Proprio Direct. «L’acheteur n’a pas tant de choix, mais il se bat moins. C’est là que ça peut être plus avantageux qu’avant. Un acheteur peut être seul et offrir le prix affiché, plutôt que de se battre et d’être obligé de donner 50 000$, 60 000$ ou 100 000$ de plus», mentionne-t-elle.
Actuellement, un condo abordable est affiché à environ 300 000$, tandis qu’une résidence unifamiliale abordable est à vendre à environ 450 000$, indique Michel Benoit, courtier immobilier chez Proprio Direct. En 2019, le prix médian était plutôt de 275 000$.
«Les propriétés ont pris beaucoup de valeur, mais le fait qu’on les vend peu ou pas en surenchère fait qu’il n’y a plus de surprise incroyable par rapport au prix demandé versus le prix vendu», poursuit M. Benoit.
Équilibre
Si de plus en plus de maisons sont à vendre à Saint-Jean-sur-Richelieu, l’offre demeure bien en deçà du point d’équilibre. En 2019, le marché commençait déjà à être effervescent et à ce moment, il y en avait plus ou moins 400 à vendre.
La faible offre actuelle fait en sorte que le marché demeure encore largement à l’avantage des vendeurs. L’équilibre se situe lorsque le nombre de mois d’inventaire est entre huit et dix. À la fin du deuxième trimestre, il oscillait entre 1,2 et 1,8 mois selon la gamme de prix pour les résidences unifamiliales à Saint-Jean-sur-Richelieu.
Les courtiers sentent qu’ils commencent à inscrire davantage de maisons. «L’inventaire est toutefois encore très bas. Ça aide à maintenir les prix pour les vendeurs. On sent que les gens qui voient le marché changer et qui avaient l’intention de vendre dans les deux prochaines années se décident à vendre», enchaîne Michel Benoit.
Même si l’inventaire augmentera, les courtiers sont d’avis que le marché demeurera à l’avantage des vendeurs encore pour plusieurs mois.