Il y a vingt-cinq ans aujourd’hui les citoyens du comté de Saint-Jean votaient Oui dans une proportion de 56,14%, au référendum du 30 octobre 1995. Un taux de participation exceptionnel de 94,65% avait été enregistré.
La question était la suivante: «Acceptez-vous que le Québec devienne souverain, après avoir offert formellement au Canada un nouveau partenariat économique et politique, dans le cadre du projet de loi sur l’avenir du Québec, et de l’entente signée le 12 juin 1995, oui ou non?»
Dans le comté d’Iberville, les électeurs s’étaient aussi prononcés pour le Oui, dans une proportion de 56,28%. Le taux de participation s’était élevé à 93,90%.
Si les partisans du Oui s’étaient réjouis des résultats dans la région, ils avaient pleuré à l’annonce de la victoire du Non qui l’avait remporté dans une proportion de 50,58% au Québec. Le Haut-Richelieu s’était prononcé pour le Oui tout comme la majorité des circonscriptions francophones et des régions à l’extérieur de Montréal. L’écart entre le Oui et le Non n’avait été que de 54 288 voix dans toute la province.
À l’époque, Jacques Parizeau était premier ministre du Québec. Lucien Bouchard, chef du Bloc québécois, était intervenu en sauveur pour le camp souverainiste. Mario Dumont de l’Action démocratique du Québec était aussi de la coalition du Oui. Le camp du Non avait à sa tête Daniel Johnson avec à ses côtés Lucienne Robillard et Jean Charest alors chef du Parti progressiste conservateur.
Dans le Haut-Richelieu, le bloquiste Claude Bachand était député du comté fédéral de Saint-Jean et le péquiste Roger Paquin du comté provincial. Richard Le Hir du Parti québécois était député d’Iberville.
Victoire morale
Le soir du référendum, les députés indépendantistes Bachand et Paquin avaient parlé de victoire morale et réconforté les militants en leur lançant l’invitation à se revoir bientôt. Ils avaient essayé de les consoler en faisant valoir tout le chemin parcouru par l’option souverainiste depuis le premier référendum de 1980.
Pour les jeunes qui n’avaient pas vécu la précédente défaite, celle du 30 octobre 2015 avait été très difficile à encaisser. Les vieux nationalistes, endurcis aux batailles et aux échecs, y avaient vu une triste répétition du premier référendum.
Dans le comté de Saint-Jean, le camp du Oui s’était réuni à la Cage aux sports. Les sympathisants avaient gardé espoir une bonne partie de la soirée, mais vers 21h45, la consternation puis les larmes étaient apparues sur les visages. À 22h20, la défaite avait été confirmée.
Dernière chance
Dans le camp du Non, les partisans de Saint-Jean réunis à la Légion canadienne avaient fêté tout en oubliant la défaite dans le comté.
Judith Dorais, la présidente du comité du Non, avait déclaré: «Je pense qu’il y a dans ce vote, l’expression du changement. C’est peut-être une dernière chance donnée aux Canadiens, à ceux qui nous ont tendu la main. L’image ressemble à celle d’un couple qui avant de se séparer, s’accorde une dernière chance.»
Iberville
Dans le comté d’Iberville, les souverainistes s’étaient retrouvés à l’érablière Au Sous-Bois, à Mont-Saint-Grégoire. Le député Le Hir avait émis l’opinion que le résultat venait de faire la preuve que le Canada était ingouvernable.
Dans le camp du Non réuni non loin, à l’érablière La Goudrelle, l’ancien député Clément Couture, président du comité, était d’avis que de grands changements allaient devoir survenir. «Ottawa va devoir considérer les demandes du Québec et des provinces», avait-il aussi commenté ajoutant que le Parti conservateur allait être le chien de garde des revendications québécoises.