Chaque jour dans les circonscriptions provinciales de Saint-Jean et Iberville, 3000 élèves arrivent à l’école avec le ventre vide. Environ 1600 jeunes, répartis dans cinq écoles, ont la chance de bénéficier des services du Club des petits déjeuners. Or, l’organisme, qui ne suffit plus à répondre à la demande faute d’argent, estime qu’il devrait nourrir 1400 autres élèves puisque sept écoles de la région sont inscrites sur une liste d’attente.
Les plus récentes données recueillies par l’organisme dans chacune des circonscriptions provinciales du territoire révèlent que des élèves de quatre écoles du comté de Saint-Jean et une du comté d’Iberville profitent du programme du Club. Environ 1600 jeunes reçoivent ainsi un petit déjeuner sain tous les matins.
Toujours pour ces deux territoires, sept écoles sont inscrites sur une liste d’attente afin de permettre à leurs élèves de profiter du programme. Ainsi, quelque 1400 élèves supplémentaires pourraient s’ajouter au nombre. Au total, ce sont donc 3000 jeunes du Haut-Richelieu qui pourraient profiter d’une aide alimentaire avant de se présenter à leur pupitre chaque matin.
Le nom de ces écoles du territoire ne peut être divulgué afin de préserver la confidentialité et ainsi éviter la stigmatisation et la discrimination.
Pression
À l’échelle provinciale, le nombre d’enfants rejoints annuellement par le Club des petits déjeuners est de près de 80 000. Il était à environ 40 000 en 2020. La hausse est de 95%. L’inflation et la hausse du coût des aliments ont exacerbé la pression.
« Les établissements d’enseignement du territoire qui sont sur la liste d’attente sont admissibles au programme, puisqu’elles sont situées dans des milieux considérés moins favorisés. Nous ne pouvons toutefois pas pour l’instant leur accorder du soutien parce que nous n’avons pas les moyens financiers », mentionne Virginie Aubé Pelletier, du Club des petits déjeuners.
Au Québec, 70 écoles situées en zone de vulnérabilité sont inscrites sur la liste d’attente pour adhérer au programme. Cette liste s’allonge. La tendance s’accélère depuis le début de l’année scolaire, souligne Mme Aubé Pelletier.
La Montérégie est la deuxième région au Québec, après Montréal, où les besoins sont les plus importants. Près de 28 600 enfants pourraient potentiellement en profiter. Pour l’ensemble de la province, le Club des petits déjeuners est sollicité pour rejoindre pas moins de 180 000 élèves dans plus de 660 établissements d’enseignement.
Demande d’aide
L’organisme demande au gouvernement une aide financière de l’ordre de 73,5 M$ sur cinq ans. Il s’agit de l’équivalent d’une quarantaine de dollars par élève par année.
« Notre souhait est de pouvoir soutenir les enfants, tout particulièrement ceux qui fréquentent une école en milieu défavorisé. Depuis des mois, nous faisons l’impossible pour répondre à la demande actuelle qui ne cesse de croître. Toutefois, les besoins sont bien plus grands que les moyens actuellement disponibles. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement du Québec de prévoir dans son prochain budget le soutien financier nécessaire pour y faire face », dit Tommy Kulczyk, président et chef de la direction du Club des petits déjeuners.
L’organisme s’assure de s’approvisionner auprès de fournisseurs régionaux pour minimiser les coûts de transport. « Les enfants profitent de déjeuners équilibrés, avec une protéine et un fruit. Ce n’est pas simplement un muffin. Mais au-delà de nourrir les enfants qui ne déjeunent pas le matin, nous souhaitons les informer sur l’importance pour leur santé de faire de bons choix alimentaires », mentionne Virginie Aubé Pelletier.
Bouffée d’air
Le gouvernement a annoncé un investissement de 5 M$ de dollars lors de sa mise à jour économique en novembre. Grâce à cette bouffée d’air, le Club des petits déjeuners pourra continuer de soutenir quelque 79 000 enfants tous les matins à travers la province et faire face à la forte croissance des demandes vécue au cours des deux derniers mois.
Une analyse permettra d’évaluer le nombre écoles supplémentaires, actuellement sur la liste d’attente, qu’il sera possible de rejoindre grâce à ce nouvel investissement.
« L’annonce du gouvernement est une marque de confiance et comme un signal encourageant, puisque cela nous permettra de maintenir nos activités auprès des enfants, dans un contexte où les besoins sont criants et en croissance constante », souligne Tommy Kulczyk.