Plus de 1555 déversements d’eaux usées dans le Richelieu en un an 

Marianne Lafleur
mlafleur@canadafrancais.com

Plus de 1555 déversements d’eaux usées dans le Richelieu en un an 
Saint-Jean-sur-Richelieu a effectué 1555 déversements d'eaux usées pendant la dernière année. Il s'agit du nombre le plus élevé depuis 2017. (Photo : (Photo Le Canada Français - Laurianne Gervais-Courchesne))

Saint-Jean-sur-Richelieu enregistre un résultat élevé d’intensité de déversement d’eaux usées. Elle se situe au 17e rang parmi les 723 villes du Québec, selon le palmarès récemment publié par Fondation Rivières pour l’année 2022, qui classe les municipalités de la pire à la meilleure. « Ça ne va pas en s’améliorant à Saint-Jean-sur-Richelieu. L’indice d’intensité a une tendance à la hausse », affirme Sophie Lachance, responsable des communications à Fondation Rivières.

La Ville a effectué 1555 déversements d’eaux usées sans traitements pendant la dernière année. Il s’agit du nombre le plus élevé depuis 2017. Elle obtient ainsi la cote de 33.35 quant au degré d’intensité. « À Saint-Jean-sur-Richelieu, sur le territoire de la Montérégie, on voit que depuis 2017, l’indice d’intensité générale et l’indice d’intensité par habitant ont toujours été très élevés », affirme Mme Lachance.

L’indice d’intensité des déversements prend en considération le nombre de déversements dans l’année, le nombre d’ouvrages, la taille des ouvrages et la durée des déversements. La Fondation Rivières s’appuie sur les données du ministère de l’Environnement.

Chaque station d’épuration d’eau peut contenir une capacité maximale de traitement. Quand il y a trop d’eau, en raison de la pluie, le débit peut excéder ce que le réseau est capable de prendre. L’excédent se retrouve donc dans le fleuve, les lacs ou les rivières.

« Une chose qui est positive à Saint-Jean, c’est qu’elle mesure bien la durée des déversements. Ce n’est pas toutes les villes qui le font bien », explique Mme Lachance.

Selon la fondation, encore trop de municipalités n’ont pas mis à niveau leurs ouvrages avec un enregistreur électronique de débordement tel que prescrit par le Règlement sur les ouvrages municipaux d’assainissement des eaux usées, en vigueur depuis 2014.

La Montérégie pointée du doigt

La Montérégie fait piètre figure en étant la région qui présente l’intensité de déversements la plus élevée depuis 2017, malgré une légère amélioration. Il s’agit d’une intensité six fois plus importante que Montréal en 2022.

L’intensité tend à augmenter notamment au bassin de Saint-Jean-sur-Richelieu, à La Prairie, Saint-Hyacinthe, Saint-Bruno-de-Montarville et Châteauguay. 

« Une cinquantaine de villes en Montérégie n’ont pas d’enregistreur. C’est énorme. En plus d’aller mal, ça va être difficile de régler adéquatement le problème si on n’a pas un portrait représentatif et global de la situation et qu’on connaît mal les durées réelles des déversements », exprime Mme Lachance.

Causes des déversements

Le fait qu’il y ait beaucoup de banlieues en Montérégie peut expliquer le résultat élevé de la région. « Et donc on peut supposer qu’il y a un aménagement du territoire avec beaucoup de surfaces minéralisées telles que de grands stationnements, du béton et des surfaces asphaltées. Ce qui fait que l’eau de pluie n’est pas absorbée par une surface végétalisée et se retrouve plus facilement dans les réseaux d’égout », relate Sophie Lachance.

Un autre facteur pouvant expliquer la situation serait le développement immobilier important de la région. « Ce qu’on voit, c’est que ces nouveaux secteurs pourraient ajouter une pression supplémentaire sur ces réseaux déjà existants », explique Mme Lachance.

La Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu attribue l’augmentation des déversements d’eaux aux fortes précipitations connues en 2022. « Les pluviomètres de la Ville ont enregistré 896 mm de pluie en 2022, contre 598 mm en 2021 et 764 mm en 2020. Il y a également eu plus de neige en 2022, soit 527 mm, contre 242 en 2021 et 398 en 2020 », précise par courriel Marie-Josée Parent, conseillère en stratégies numériques et relations médias pour la Ville.

Impacts des déversements

Les déversements d’eaux usées nuisent à l’environnement et à la santé publique. Ils mettent en péril la santé des espèces aquatiques en les exposant à des microbes et en les privant d’oxygène. En compromettant la qualité de l’eau, les déversements limitent aussi les activités récréatives telles que la baignade étant donné le risque d’exposition à la bactérie E. coli.

Mme Parent assure que la Ville a des objectifs spécifiques pour tous les chantiers. « Chaque projet est une opportunité de moderniser nos infrastructures, afin de favoriser la gestion de nos eaux pluviales et rendre notre réseau plus résilient. Au cours des trois prochaines années, la Ville entend investir 38 M$ pour la séparation de ses réseaux. »

Pour réduire les déversements, les réseaux séparés (eau pluviale et eau sanitaire) sont plus efficaces que les réseaux combinés, assure la Fondation Rivières.

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