Invisible et inodore, le radon tue sournoisement près de 1000 Québécois chaque année en s’infiltrant dans les maisons par les fissures. Il est la première cause de cancer du poumon chez les non-fumeurs. Dans la région de Saint-Jean-sur-Richelieu, entre 6% et 14% des résidences testées exposeraient leurs habitants à des problèmes respiratoires, selon l’Association pulmonaire du Québec (APQ).
Le radon est un gaz radioactif produit par la décomposition de l’uranium qui est naturellement présent dans la croûte terrestre. Il se trouve dans le sol, partout à la surface de la Terre. La quantité de radon qui émane du sol peut varier de façon importante d’un endroit à l’autre. Le radon peut aussi se trouver dans les eaux souterraines.
L’APQ cumule depuis une quinzaine d’années les résultats des mesures de radon effectuées par des dizaines de milliers de Québécois. L’organisme a compilé quelque 30 000 données, classées en fonction des codes postaux. Il est ainsi possible de consulter les données dans un secteur à partir du site poumonquebec.ca.
La plus récente compilation révèle que parmi les demeures québécoises à l’intérieur desquelles des mesures ont été effectuées, 18% d’entre elles dépassent la directive nationale sur le radon, soit 200 becquerels (Bq) par mètre cube d’air (m3), exposant ainsi les habitants à des risques de développer un cancer du poumon. Le becquerel est l’unité de mesure de la radioactivité.
Des maisons avec des concentrations de radon élevées existent dans toutes les régions du Canada.
Saint-Jean-sur-Richelieu
Dans le secteur de Saint-Jean-sur-Richelieu où les codes postaux commencent par J3B, 173 demeures ont mesuré le taux de radon à l’intérieur. Parmi elles, 14% dépassent la directive nationale sur le radon. La concentration moyenne est de 93 Bq/m3. La concentration minimale enregistrée est de 15 Bq/m3, tandis que la concentration maximale notée est de 529 Bq/m3.
Toujours à Saint-Jean-sur-Richelieu, mais dans les secteurs où le code postal s’amorce avec J2X, 96 demeures ont pris des mesures du radon. La directive nationale est dépassée dans 6% des cas. La concentration moyenne est de 73 Bq/m3, avec une concentration maximale enregistrée de 485 Bq/m3.
Dans les secteurs de Saint-Jean-sur-Richelieu, Napierville, Bedford et Lacolle ayant un code postal débutant par J0J, 219 demeures ont mesuré le radon. Environ 12% des maisons dépassent la limite. La concentration moyenne est de 95 Bq/m3. La concentration maximale enregistrée est de pas moins de 858 Bq/m3.
Selon l’APQ, 19% des foyers en Montérégie sont exposés au radon. C’est en Gaspésie où le pourcentage de résidences touchées par le radon est le plus élevé, soit environ 60%.
« En lisant les chiffres, on a l’impression que les pourcentages des résidences qui dépassent le seuil n’est pas si élevé. Tous les maisons et bâtiments sont à risque d’avoir du radon à l’intérieur, peu importe l’année de construction ou sa situation. La seule façon de savoir s’il y a du radon est de mesurer le taux au moyen d’un détecteur », indique Erin Curry, directrice régionale de l’Association canadienne des scientifiques et des technologues en radon, une organisation qui représente les professionnels et les laboratoires spécialisés en mesure du radon certifiés par Santé Canada.
Quoi faire?
Certaines mesures peuvent être prises pour réduire le radon présent dans l’air d’une résidence. Le gaz arrive très souvent par le sous-sol, souligne Mme Curry. L’augmentation de la ventilation réduirait le radon de 25 à 50%, selon le gouvernement du Canada.
Le colmatage des fissures permettrait aussi une réduction de 13%. L’installation d’un système de dépressurisation pour expulser le gaz à l’extérieur de la résidence est également efficace, moyennant quelque milliers de dollars.
Il est possible de commander une trousse de détection du radon directement sur le site poumonquebec.ca ou sur takeactiononradon.ca. Les coûts varient entre 60$ et 300$, selon le modèle.
