Des bénévoles prêts à aider les plaisanciers en détresse

Valérie Legault vlegault@canadafrancais.com

Des bénévoles prêts à aider les plaisanciers en détresse
Micheline Gravel, commandante de l'unité de la Garde côtière auxiliaire du Haut-Richelieu. (Photo : (Photo Le Canada Français - Jessyca Viens-Gaboriau))

Les plaisanciers sont entre bonnes mains sur la rivière Richelieu. De mai à octobre, les bénévoles de la Garde côtière auxiliaire répondent à des appels de détresse de toutes sortes pour remorquer des bateaux échoués ou en panne d’essence. Le Canada Français a passé un après-midi avec trois d’entre eux pour mieux connaître leur rôle.

Vendredi 28 juillet, le ciel est nuageux, mais l’air est chargé d’humidité. La photographe Jessyca Viens Gaboriau et moi ne regrettons pas de passer un après-midi sur l’eau pour fuir la chaleur.

La rivière est étonnamment calme en cette fin de première semaine des vacances de la construction. Les risques d’orages ont sans doute refroidi les ardeurs de plusieurs plaisanciers qui préfèrent ne pas s’exposer au danger. Jusqu’en fin d’après-midi, nous aurons eu la chance de faire une patrouille sans tonnerre ni éclairs.

Rendez-vous

Micheline Gravel, la commandante de l’unité 33 du Haut-Richelieu, ainsi que ses coéquipiers Éric Le Marc et Guy Duquet, nous donnent rendez-vous chez Marine Daniel Masson et Fils, à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix. La marina située au coeur du village accepte d’offrir gracieusement à la Garde côtière auxiliaire un quai pour la saison.

Ses bénévoles ne reçoivent aucune rémunération et paient eux-mêmes leur uniforme. Les dons qu’ils reçoivent pour leurs missions de recherche et de sauvetage sont entièrement consacrés au carburant, à l’entretien de l’embarcation et de l’équipement à bord.

De l’équipement, il y en a beaucoup pour patrouiller les 44 kilomètres de rivière entre Saint-Jean-sur-Richelieu et la frontière! Avant de larguer les amarres, les bénévoles vérifient que tout est en ordre. Les jumelles sont à leur place et le câble de remorquage aussi. La pompe à eau, très utile pour vider la coque d’un bateau endommagé, est prête à l’usage.

Accessoires

Le bateau comprend aussi de puissants projecteurs, car il n’est pas rare que la Garde côtière soit appelée d’urgence en pleine nuit. Un mégaphone, une trousse d’outils, une autre de premiers soins, une trévire pour hisser quelqu’un à partir de l’eau et un défibrillateur complètent le tableau. Heureusement, les bénévoles n’ont encore jamais eu à se servir de l’appareil de réanimation.

On peut maintenant démarrer les moteurs. Direction: Noyan. C’est Guy Duquet qui est à la barre, c’est-à-dire aux commandes de l’embarcation. Le bateau de 22 pieds de la Garde côtière auxiliaire est très maniable à haute vitesse. Il l’est beaucoup moins au ralenti.

Il faut donc faire preuve de vigilance pour se faufiler dans le canal qui mène à la rivière. L’ancien contremaître du Service des travaux publics de Saint-Jean-sur-Richelieu n’est bénévole de la Garde côtière auxiliaire que depuis l’été dernier, mais il manœuvre déjà avec aisance entre les autres bateaux.

On aperçoit aux quais des embarcations de toutes sortes: des yachts les plus luxueux aux quillards élancés assez équipés pour prendre l’océan d’assaut. La mode est aussi aux pontons. Ces bateaux à deux coques sont tellement polyvalents qu’ils ont la cote tant auprès des familles que des retraités, que ce soit pour les sports nautiques, la promenade ou la pêche.

Plein gaz

Une fois éloignés des berges, nous pouvons enfin prendre notre vitesse de croisière. «J’accélère!», crie M. Duquet par-dessus le bruit des deux moteurs de 90 forces. Gare à ceux qui ne réagissent pas à la consigne. Le bateau prend son élan avec tant de puissance qu’il faut bien s’accrocher si on ne veut pas perdre l’équilibre.

C’est le calme plat sur la rivière Richelieu. Un couple de navigateurs vogue tranquillement au fil de l’eau sur son voilier. Éric Le Marec en profite pour les saluer et s’enquérir si tout va bien. «Enfin, il y a du vent!», nous lance le capitaine avec le sourire. Plus loin, on voit une nuée d’enfants du Centre de plein air L’Estacade s’amuser dans l’eau, en dériveur et en rabaska.

«Il y a des règles de courtoisie à respecter avec les voiliers, explique M. Le Marec. Par exemple, il faut faire attention avec les vagues, car elles brisent le vent.» L’ex-officier aux affaires publiques du Collège royal militaire de Saint-Jean sait de quoi il parle, puisqu’il est lui-même propriétaire d’un catamaran.

Renforcement

Naviguer sans but précis, très peu pour lui. Le nouveau retraité aime quand il y a de l’action. Avec la Garde côtière auxiliaire, il fait œuvre utile en rendant service aux plaisanciers victimes d’une avarie. Ce spécialiste des communications prend au sérieux son rôle de prévention sur l’eau. «J’aime beaucoup faire du renforcement positif auprès des gens, dit-il. Je félicite personnellement ceux qui portent leur veste de flottaison individuelle. Ça leur montre que la Garde côtière auxiliaire est là pour eux et que nous ne tenons pas de rôle répressif.»

Le niveau d’eau étant très haut cette année, rares sont les bateaux qui heurtent le pied de leur moteur contre une roche. Les pannes de moteur ou d’essence demeurent monnaie courante.

Il y a même quelques échouages. Guy Duquet et Éric Le Marec ont dû porter secours à des plaisanciers américains coincés sur la crête de l’île du Sang. À moins de bien connaître la rivière, il n’est pas étonnant de connaître ce genre d’avarie. L’eau est si haute que seuls quelques roseaux émergent de l’eau.

Aigle en action

En nous y dirigeant, nous passons sous le pont Jean-Jacques-Bertrand qui relie Lacolle et Noyan par la route 202. Nous assistons à un spectacle saisissant à la hauteur du pont ferroviaire, quelques mètres en amont. Un balbuzard pêcheur s’empare d’un poisson juste devant nous, à la surface de l’eau. Le majestueux prédateur reprend son vol et se dirige illico au sommet de la structure métallique pour nourrir ses aiglons dans un immense nid fait de grosses branches.

De tout l’après-midi, la Garde côtière n’aura jamais eu besoin de nous envoyer en mission. Les bénévoles ne reçoivent pas les appels directement. C’est un opérateur maritime qui lance l’avis à partir du centre de coordination de sauvetage de la Garde côtière canadienne, à Québec.

«Nous réalisons de 18 à 30 missions par saison, explique la commandante Micheline Gravel. Cette année, nous en avons fait neuf jusqu’à maintenant.» L’une d’entre elles consistait à aller remorquer un bateau en panne au sud de la frontière américaine. «Heureusement que les douaniers nous ont laissés passer!», s’exclame Guy Duquet.

Initiative

Son niveau d’adrénaline grimpe d’un cran quand un appel résonne sur les ondes. L’action, il adore. Il lui est même déjà arrivé de prendre les devants, comme pendant un feu d’artifice sur la bande du canal de Chambly, l’été dernier. Une adolescente s’était élancée entièrement habillée dans l’eau de la rivière, du côté du Vieux-Iberville.

M. Duquet, qui pilotait le bateau de la Garde côtière auxiliaire, a tout entendu. En moins de deux, il a ordonné à Éric Le Marec de sortir une bouée pour repêcher la jeune téméraire. Elle s’est vite aperçue que de nager dans le courant avec ses vêtements n’était pas une bonne idée!

Recrutement

La Garde côtière auxiliaire est toujours en mode recrutement. Elle compte actuellement dix-huit membres formés et qualifiés, ainsi que sept membres en attente de formation ou non patrouilleurs. L’organisation exige que chaque bénévole suive, avant de monter à bord de l’une de ses embarcations, une formation rigoureuse axée sur la sécurité et la navigation. L’Escadrille canadienne de plaisance en offre chaque année à Saint-Jean-sur-Richelieu.

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