Pénurie de main-d’oeuvre sans précédent à l’Hôpital

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Par Valerie Legault
Pénurie de main-d’oeuvre sans précédent à l’Hôpital
L'exode d'infirmières, d'infirmières auxiliaires et de préposés aux bénéficiaires vers les agences de main-d'œuvre indépendantes est la principale cause du manque d'effectifs à l'Hôpital du Haut-Richelieu. (Photo : Le Canada Français - Jessyca Viens-Gaboriau)

Quarante lits fermés à l’hôpital pour l’été

Une pénurie de main-d’œuvre sans précédent frappe l’Hôpital du Haut-Richelieu. Les unités de médecine et de chirurgie sont les plus touchées avec un manque d’effectifs de 48%. Les conséquences touchent directement la population. Quarante lits d’hospitalisation sont fermés pour l’été.

Le manque d’effectifs est criant chez les préposés, les infirmières et les infirmières auxiliaires. Cette situation critique inquiète grandement le président-directeur général du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Centre, Richard Deschamps. «J’en suis extrêmement préoccupé en tant que PDG, car le problème menace l’accès aux services», dit-il.

Son organisation aurait pu prendre la décision de fermer moins de lits, mais il en allait de la sécurité des patients. Le personnel est fatigué après 15 mois de pandémie. «On veut que les gens prennent des vacances. Ils n’en ont pas eu l’été dernier. Je pense que la population comprend ça. Nous avons un plan de reprise en septembre», précise-t-il.

L’exode du personnel vers les agences de main-d’œuvre indépendantes est la principale cause du manque d’effectifs. Les heures de travail y sont plus favorables pour la conciliation familiale. «Nous sommes ouverts 24 heures par jour. On ne peut pas être aussi accommodant», fait valoir M. Deschamps.

Richard Deschamps, président-directeur général du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Centre.

Abandons
D’autres employés à bout de souffle à cause de la pandémie ont décidé de quitter le navire de la santé et des services sociaux pour de bon. Le gestionnaire fait remarquer que le phénomène ne touche pas uniquement le Haut-Richelieu. Le problème est généralisé à l’échelle de la province.

Au même moment, l’Hôpital du Haut-Richelieu doit composer avec un bassin croissant de population. Le CISSS de la Montérégie-Centre vient de lancer l’appel d’offres pour la construction d’une nouvelle unité de court séjour de 27 lits. Celle-ci sera aménagée près de l’ancienne urgence et de la rue Pierre-Caisse. «Si elle ouvrait aujourd’hui, je ne pourrais pas l’opérer», avoue Richard Deschamps.

Centre mère-enfant
La pénurie de main-d’œuvre ne compromet pas la mise en service du futur centre mère-enfant, prévue à l’hiver 2023. Le personnel de la maternité sera transféré dans ce nouveau département au troisième étage de l’agrandissement de l’hôpital.

Le PDG est conscient que le centre mère-enfant est attendu depuis longtemps. Il justifie le retard de livraison par la pandémie de COVID-19. «Je me donne l’obligation morale de le réaliser», affirme-t-il.

Le CISSS de la Montérégie-Centre a l’intention de se servir du département libéré de la maternité pour augmenter le nombre de lits d’hospitalisation. Le déficit de personnel entrave ses plans, ce qui ajoute aux préoccupations du président-directeur général. Il va pourtant falloir développer une offre plus large qu’actuellement, prévient-il.

Court séjour
Le «court séjour», c’est le nouveau mot-clé dans la gestion des lits. Ce concept a connu beaucoup de succès à l’Hôpital Charles-Le Moyne, affirme M. Deschamps. C’est maintenant au tour de l’Hôpital du Haut-Richelieu d’en faire l’essai cet été avec 20 lits dans l’unité du 5e Nord.

«L’hospitalisation dure entre deux et cinq jours avec un accès direct en radiologie et aux laboratoires, explique le PDG. Ce nouveau modèle d’intervention permet une concentration des ressources avec la collaboration des médecins.»

Solutions
Richard Deschamps et le député de Saint-Jean, Louis Lemieux, ont rencontré plusieurs gens d’affaires pour leur exposer les défis de la pénurie de main-d’œuvre en santé dans le Haut-Richelieu. «Si on s’en remet seulement au CISSS de la Montérégie-Centre, on n’y arrivera pas, prévient le gestionnaire. Ça prend un effort de communauté pour donner le goût aux gens de venir s’installer ici.»

Toutes les idées sont sur la table pour lancer une opération de grande séduction. Il y a 15 ans, le milieu s’était mobilisé de façon semblable pour attirer des médecins de famille dans la région. La Fondation Santé s’est naturellement imposée comme un catalyseur. Elle est d’ailleurs en train de planifier une série d’actions qui pourraient être mises en place bientôt.

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renelle charron
renelle charron
2 années

Eh nous y voila. Les sejours post opératoires seront au minimum et ainsi les «consommateurs» devront engagés des infirmières privées pour les semaines après car beaucoup de personnes n ont pas accès aux services du clsc étant couvert au privé.

Lucie
Lucie
2 années

Je suis de celle qui abandonne. La gestion est nulle et je suis épuisée de combler car manque de personnel. Les conditions de travail sont exigentes. On parle qu’à l’automne tout va s’améliorer mais c’est faux et le personnel ne croit plus en ses gestionnaires. Dommage car j’adore mon métier mais les conditions sont excécrables