L’AMA maintient sa décision de blanchir les nageurs chinois à l’aube des JO de Tokyo

The Associated Press
L’AMA maintient sa décision de blanchir les nageurs chinois à l’aube des JO de Tokyo

GENÈVE, Suisse — L’Agence mondiale antidopage (AMA) a déclaré après avoir analysé un documentaire et de nombreux articles de journaux qu’elle maintient sa décision d’avoir blanchi 23 nageurs chinois qui ont participé aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021, malgré le fait qu’ils aient testé positif à une médication cardiaque proscrite.

L’AMA a répondu aux questions des médias au cours d’une conférence de presse lundi, et a admis qu’il pouvait subsister des doutes après la diffusion par la chaîne allemande ‘ARD’ dimanche d’un documentaire portant sur cette histoire. 

Dans un autre communiqué transmis un peu plus tôt après la publication de nombreux articles sur le sujet, notamment dans le New York Times, l’AMA avait mentionné qu’elle était d’accord avec les autorités chinoises et déterminé que les échantillons fournis par les nageurs avaient été contaminés.

Cette contamination se serait produite dans la cuisine d’un hôtel ayant accueilli des athlètes chinois à Tokyo, plus précisément d’un contenant d’épices.

Les autorités antidopage chinoises ont déterminé que les résultats des tests effectués en janvier 2021 étaient «des résultats d’analyse anormaux», mais ont blanchi les nageurs sans aucune sanction. L’AMA a accepté ces conclusions et indiqué qu’il était impossible d’envoyer des enquêteurs indépendants en raison de la pandémie de COVID-19 cette année-là.

«Nous ne disposions d’aucune façon de discréditer la thèse de la contamination», a déclaré Ross Wenzel, l’enquêteur de l’AMA au cours d’une téléconférence, en ajoutant qu’aucune pression politique pour abandonner l’affaire n’avait été faite auprès de l’agence.

Wenzel a détaillé de la façon dont le dossier s’est joué de janvier à juin 2021, soit quelques semaines seulement avant les Jeux de Tokyo et à l’approche des Jeux de Pékin, qui se sont mis en branle en février 2022.

Les nageurs chinois ont ensuite remporté trois médailles d’or à Tokyo. Les États-Unis, deux fois, et la Grande-Bretagne ont terminé deuxième de ces épreuves.

«Après l’analyse du documentaire par l’AMA, l’agence maintient fermement les résultats de son enquête scientifique et sa décision juridique concernant l’affaire», a déclaré l’AMA dans un communiqué dimanche.

L’agence a précisé que la substance interdite qui avait été retrouvée dans les échantillons était le trimétazidine (TMZ), un médicament utilisé afin de prévenir les angines de poitrine, mais aussi pour les cas de vertiges ou de baisses de l’acuité visuelle. Elle a ajouté qu’elle n’avait aucune preuve lui permettant de contester les conclusions de l’agence antidopage chinoise, estimant qu’il s’agissait d’une contamination de l’environnement des athlètes.

La médication au centre de cette affaire avait aussi mené à la suspension de la patineuse artistique russe Kamila Valieva aux Jeux olympiques d’hiver de Pékin, en 2022. L’AMA avait alors rapidement réagi pour suspendre Valieva quand son résultat positif a été obtenu.

Le nageur étoile chinois Yang Sun a subi un test positif au TMZ et a été suspendu trois mois en 2014. Ce cas avait aussi été passé sous silence par les autorités chinoise set internationales de natation, entraînant de vives critiques quand il a remporté des épreuves aux Mondiaux, l’année suivante. Sun a plus tard été suspendu pour avoir contrevenu aux règles antidopage, une affaire très médiatisée à laquelle l’agence a assuré un suivi.

Rejetant du revers de la main les accusations de «mollesse à l’endroit des athlètes chinois» faites le week-end dernier, le président de l’AMA, Witold Banka, a rappelé aux reporters que l’agence avait «vigoureusement cherché à obtenir justice» dans le dossier Sun, dont la suspension de quatre ans expirera le mois prochain.

L’AMA a mentionné que sa position dans le plus récent cas chinois avait également été adoptée par World Aquatics, qui chapeaute la discipline sur la planète. 

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de Chine, Wenbin Wang, a indiqué lundi que les informations diffusées dans les médias étaient «de la désinformation et une déformation des faits», et a réaffirmé la décision de l’AMA.  

Wang a indiqué que l’enquête chinoise avait démontré que les résultats positifs étaient une conséquence de contamination alimentaire que les nageurs impliqués n’avaient pas commis de faute ou fait preuve de négligence. Les règles antidopage des sports olympiques exigent toutefois une suspension provisoire, à laquelle ont échappé les nageurs chinois, en cas de tests positifs au TMZ.

«Je veux réitérer que le gouvernement chinois maintient une position stricte de tolérance zéro envers le dopage, suit rigoureusement le Code de l’AMA, s’assure de préserver la santé mentale et physique des athlètes et le fair-play des compétitions sportives, en plus de contribuer positivement aux efforts mondiaux dans la lutte antidopage.»

La Chine a donné quelque 2 millions $ US de plus que ce qui est attendu des nations membres de l’AMA au cours des dernières années.

Les 30 nageurs de la délégation chinoise à Tokyo ont remporté six médailles aux JO en tout, dont les trois médailles d’or mentionnées plus haut. 

Plusieurs des athlètes visés nagent toujours sur la scène internationale et devraient être des Jeux de Paris cet été.

Ce dossier souligne ce que plusieurs voient comme un défaut du système antidopage actuel, c’est-à-dire que les organisations nationales antidopage constituent la première ligne de défense pour piéger les tricheurs et que ces organismes ont des niveaux de motivations variables de jouer ce rôle.

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