Hommage à l’édition 93: des réjouissances pour les joueurs, une plaie pour les fans

Alexis Bélanger-Champagne, La Presse Canadienne
Hommage à l’édition 93: des réjouissances pour les joueurs, une plaie pour les fans

MONTRÉAL — Le Canadien a rendu hommage à l’édition 1993 de l’équipe, dernière championne de la coupe Stanley, jeudi soir dans le cadre d’un gala-bénéfice au Centre Bell. Si les joueurs étaient heureux de se retrouver, l’ancien défenseur Éric Desjardins a admis que cela était peut-être moins réjouissant pour les partisans.

«C’est sûr que pour nous, de nous retrouver, c’est fantastique, mais pour les amateurs du Canadien et les amateurs à travers le pays, 30 ans sans coupe Stanley, ce n’est pas agréable, a reconnu Desjardins jeudi soir. Aujourd’hui, je suis un ancien, mais aussi un partisan. J’ai hâte de revoir la coupe à Montréal ou au Canada.»

Plus présent dans le paysage montréalais que Desjardins au cours des 20 dernières années, le capitaine de l’équipe en 1993, Guy Carbonneau, a souligné qu’il a été questionné sur la disette à chaque cinq ans depuis 2003, quand elle durait depuis à peine 10 ans.

«Au début, c’était un velours d’être le dernier capitaine à avoir gagné. Mais là, je trouve ça long», a-t-il admis.

Après les années noires au tournant des années 2000, le Canadien a connu quelques bons parcours en séries durant les années 2010. Il a ensuite atteint la grande finale pour une première fois depuis 1993 durant la saison écourtée par la pandémie de COVID-19, en 2021.

C’est maintenant toute une génération d’amateurs québécois qui n’a pas connu les célébrations d’une coupe Stanley sur la rue Sainte-Catherine.

«Je n’ai pas eu la chance de la gagner ailleurs, mais je crois qu’il n’y a pas de meilleure place pour la gagner en tant que Québécois, a affirmé Desjardins, auteur d’un tour du chapeau dans le deuxième match de la finale face aux Kings de Los Angeles. D’avoir eu cette chance-là, c’était un rêve. 

«J’ai encore souvenir du défilé, de gagner et soulever la coupe sur la glace. J’ai oublié beaucoup de choses en 17 ans de carrière, mais ça, je ne l’oublierai jamais», a-t-il ajouté.

Des liens forts

Mené par un Patrick Roy impérial, le Canadien du printemps 1993 a déjoué les pronostics. Après avoir renversé les Nordiques de Québec, il a balayé les Sabres de Buffalo, puis il a rapidement vaincu les Islanders de New York et les Kings de Wayne Gretzky.

Il a perdu seulement quatre matchs durant son parcours. Et il a triomphé 10 fois d’affilée quand les rencontres ont nécessité une prolongation.

«Chaque fois que nous arrivions en surtemps, j’étais content et confiant. Je savais que nous allions gagner, a insisté le défenseur Patrice Brisebois. C’est facile à dire aujourd’hui parce que nous connaissons le résultat, mais c’était la sensation que je ressentais. Patrick était le meilleur gardien et il était dans la tête des autres équipes. Je ne savais pas qui allait marquer, mais je savais que c’était quelqu’un dans notre vestiaire.»

Seulement trois joueurs étaient âgés de plus de 30 ans, dont uniquement Rob Ramage parmi les défenseurs. À l’attaque, Vincent Damphousse et Kirk Muller étaient dans la fleur de l’âge et Carbonneau menait le groupe de soutien. En défense, des joueurs comme Desjardins, Brisebois, Mathieu Schneider, Jean-Jacques Daigneault et Lyle Odelein se sont épanouis sous les conseils de l’entraîneur des défenseurs Jacques Laperrière.

«Tout le monde avait un rôle, des responsabilités et faisait le travail qui lui était demandé», a souligné Desjardins.

Carbonneau a gagné une autre coupe Stanley avant la fin de sa carrière, en 1999 avec les Stars de Dallas. Il était aussi avec le Canadien lors du triomphe de 1986.

Il admet garder des liens particulièrement spéciaux avec les joueurs avec qui il a remporté les grands honneurs.

«J’ai des amis à travers la ligue qui vont rester des amis, mais ceux avec qui vous gagnez, c’est spécial, a-t-il reconnu. Vous passez à travers beaucoup de choses. Ce n’est pas que la saison est normale, mais en séries, quand vous arrivez à la fin, la majorité des joueurs sont blessés. Vous voyez à travers quoi chacun passe.»

C’est ce qui a rendu les retrouvailles du groupe particulièrement agréable. Les joueurs s’étaient réunis pour un souper mercredi, en plus de participer au gala-bénéfice de jeudi, qui se voulait aussi un hommage au Docteur David Mulder, qui a pris sa retraite après une association de 60 ans avec l’organisation du Canadien. 

«Il y en a que ça devait faire 20 ans que je ne les avais pas vus, mais c’est comme si nous venions de finir un entraînement la veille et que nous retrouvions la gang, a raconté Desjardins. Les personnages restent les mêmes, sauf qu’il y a plus de blanc dans les cheveux, nous sommes plus vieux! La plupart ont des enfants ou des petits-enfants. C’est drôle de voir la dynamique. Les comiques restent les comiques, les plus sérieux sont encore les plus sérieux.

«Quand vous retrouvez la ‘gang’ avec qui vous avez gagné, le lien est là et il est fort. Le respect que vous aviez est toujours présent», a-t-il conclu.

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