2023 a été l’année de Shohei Ohtani, mais les Blue Jays ont pris un pas de recul

Frédéric Daigle, La Presse Canadienne
2023 a été l’année de Shohei Ohtani, mais les Blue Jays ont pris un pas de recul

MONTRÉAL — L’année 2023 au Baseball majeur a été l’année Shohei Ohtani, sur le terrain comme à l’extérieur.

Si le Japonais a d’abord remporté son deuxième titre de joueur par excellence de la Ligue américaine en trois saisons grâce à de spectaculaires performances comme frappeur et lanceur avec les Angels de Los Angeles, toute l’attention était toutefois tournée vers son contrat, qui venait à échéance à la fin de la dernière Série mondiale. 

Son nouveau pacte promettait d’être faramineux, mais voilà qu’une deuxième sérieuse blessure au coude en cinq ans le tiendra à l’écart du monticule en 2024. Allait-elle aussi réduire sa valeur marchande? Que nenni!

Ohtani, après plusieurs spéculations, a finalement décidé de demeurer en Californie avec les Dodgers, qui lui ont offert un pont d’or de 700 millions $ US sur 10 ans, dont la majeure partie ne lui sera versée qu’après la dernière année de ce pacte.

Comme si la signature d’Ohtani n’était pas suffisante, les Dodgers en ont ajouté une autre juste avant Noël. Ils ont remporté le derby Yoshinubu Yamamoto, jeune lanceur prodige du Japon, en lui octroyant un pacte de 325 millions $ sur 12 ans.

Les Dodgers ont donc consentis plus d’un milliard à deux joueurs: on se rapproche lentement de la prédiction des Cowboys Fringants qui annonçaient dans «La Tête à Papineau» qu’un joueur de baseball venait de signer pour un milliard…

Les Yankees frappent un grand coup

Si tout le monde attendait fébrilement la signature d’Ohtani, ce sont les Yankees de New York qui ont frappé le premier coup de circuit aux assises d’hiver en mettant la main sur le jeune cogneur de puissance Juan Soto, dans une méga transaction avec les Padres de San Diego.

Afin d’obtenir Soto et le voltigeur gagnant d’un Gant d’Or Trent Grisham, les Yankees ont cédé trois jeunes lanceurs prometteurs ainsi que le receveur Kyle Higashioka.

Âgé de 25 ans, Soto a le potentiel de devenir l’un des meilleurs joueurs de sa génération, mais il en est déjà à sa troisième formation en six saisons. 

Les Blue Jays stagnent

Les Jays ont connu une saison en deçà des attentes. C’est comme troisième équipe repêchée qu’ils ont réussi à se qualifier pour les séries éliminatoires, lors du tout dernier week-end de la saison. Leur périple éliminatoire dans l’Américaine n’a toutefois duré que deux matchs: les Torontois ont été éliminés par le Québécois Édouard Julien et les Twins du Minnesota.

Si Bo Bichette a offert des performances constantes, Vladimir Guerrero fils a connu une saison décevante, ne frappant que pour ,264/,345/,444, 26 CC, 94 PP,  sa pire production à tous les niveaux — si on exclut sa première saison en MLB. 

Au monticule, les Jays ont pu compter sur de solides saisons de Kevin Gausman, troisième au scrutin du Cy-Young dans l’Américaine, et Chris Bassitt. Yusei Kikuchi a aussi bien rebondi après une saison 2022 difficile. Par contre, Alek Manoah a pris un sérieux pas de recul, étant même cédé deux fois au niveau AAA. Son avenir avec le club serait d’ailleurs remis en question.

Leur automne n’a guère été plus glorieux.

L’équipe de la Ville Reine a d’ailleurs mordu la poussière dans tous les dossiers de transaction et de joueurs autonomes. Liée à tous les gros noms — Ohtani, Yamamoto, Cody Bellinger, entre autres —, elle se retrouve au moment d’écrire ces lignes avec la même formation que l’an dernier, Matt Chapman en moins. Le troisième-but est pour l’instant joueur autonome. Bref, les Jays ont grandement besoin de renforts en vue de 2024.

Éclosion de Julien…

Julien est arrivé par la grande porte chez les Twins du Minnesota. Le deuxième-but québécois, après avoir connu du succès à tous les niveaux dans les ligues mineures et avoir fait écarquiller les yeux de tout le baseball l’an dernier, dans la Ligue d’automne de l’Arizona, n’a pas manqué son arrivée avec le grand club.

Rappelé en mai, il n’est plus redescendu au niveau AAA de la saison, maintenant des moyennes offensives de ,263/,381/,458 avec 16 doubles, autant de circuits, 37 PP et 60 PC en 109 rencontres. Ces statistiques lui ont valu de se tailler une place au sein de la formation éliminatoire des Twins — il a été utilisé dans leurs six matchs — et de terminer septième au scrutin de la recrue par excellence dans l’Américaine.

Les rumeurs font état d’une cure minceur du côté de la masse salariale au Minnesota. Si c’est le cas, Julien sera le premier à en bénéficier.

… et un pas de recul pour Toro, Leblanc et Lopez

La saison a été plus difficile pour les trois autres Québécois frappant aux portes des Majeures.

Charles Leblanc, qui croyait bien avoir fait sa niche avec les Marlins de Miami après une première percée intéressante avec l’équipe de la Floride, a plutôt été libéré de la formation des 40 joueurs du club et a passé la saison au niveau AAA. 

Ses statistiques y ont été moins bonnes qu’en 2022, avant son rappel par les Marlins. Il a signé un contrat des ligues mineures avec les Angels en novembre dernier et espère obtenir une invitation au camp des Majeures.

De son côté, Abraham Toro continue d’être un joueur de «AAAA». Il a passé la saison au niveau AAA dans l’organisation des Brewers de Milwaukee, où il a présenté des statistiques très intéressantes (,291/,374/,471, 8 CC, 36 2B, 58 PP). Mais ces chiffres ne lui ont valu que neuf petits matchs dans les Majeures, où il a bien fait, avec huit coups sûrs en 18 présences, dont deux circuits et neuf points produits. Ça ne l’empêchera pas de se joindre à une cinquième organisation en cinq ans: il a été échangé en novembre aux Athletics d’Oakland, en retour d’un joueur des ligues mineures.

Quant à Otto Lopez, il semble victime de la congestion à l’avant-champ chez les Jays et, il faut l’écrire, de statistiques peu reluisantes au niveau AAA cette saison (,258/,313/,343, 2 CC, 35 PP, ses pires chiffres dans les ligues mineures en carrière). Rappelé seulement pour un match en 2023 (auquel il n’a pas participé), il semble arrivé à la croisée des chemins au sein de l’organisation torontoise.

Au revoir les A’s, bonjour l’expansion?

Les propriétaires d’équipe du Baseball majeur ont voté à l’unanimité en faveur du déménagement des Athletics d’Oakland vers Las Vegas après la dernière Série mondiale. Dire qu’il reste encore quelques boucles à boucler tient toutefois du pléonasme.

On ne sait toujours pas où vont jouer les A’s à Las Vegas, même si l’équipe prévoit y construire un nouveau stade sur la Strip. Le bail de location du vétuste Colisée d’Oakland vient à échéance après la saison 2024, mais l’ouverture d’un éventuel nouveau domicile dans le Nevada ne se ferait pas avant 2027, ce qui laisse un certain flou artistique sur cette relocalisation, la première dans la MLB depuis le départ des Expos de Montréal vers Washington.

Cette relocalisation des A’s et l’annonce du projet de construction d’un nouveau stade à Tampa Bay pourraient paver la voie à une expansion dans le Baseball majeur.

Malheureusement pour les partisans montréalais, il appert que la métropole québécoise ne sera pas dans le coup. Le Groupe Baseball Montréal n’aurait pas d’intérêt pour une équipe d’expansion et la volonté politique d’investir dans la construction d’un nouveau stade au centre-ville n’y est pas. De plus, il semble qu’on n’ait pas de «plan baseball» dans les cartons pour les importants travaux de réfection qui doivent avoir lieu au Stade olympique.

Au moment d’écrire ces lignes, les villes de Nashville (Tennessee) et de Salt Lake City (Utah) semblent avoir le haut du pavé sur Charlotte (Caroline du Nord) et Portland (Oregon).

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