Une rue sans horreur à Laval pour une Halloween dédiée aux enfants autistes

Katrine Desautels, La Presse Canadienne
Une rue sans horreur à Laval pour une Halloween dédiée aux enfants autistes

MONTRÉAL — Les monstres, les décorations de scène de crime et les fantômes seront absents d’une rue à Laval mardi soir, qui sera dédiée pour l’Halloween aux enfants vivant avec un trouble du spectre autistique.

Le Lavallois Pierre Anthian a mis sur pied cette initiative avec la collaboration de la Fédération québécoise de l’autisme.

M. Anthian est sensible à cette cause comme sa fille est autiste. Il a eu l’idée du projet en discutant avec des amis qui connaissent les mêmes défis. «Je suis juste un citoyen qui connaît des familles qui ne passent pas l’Halloween à cause de ça donc je voulais réserver une rue pour eux», a-t-il dit en entrevue.

Il a été voir ses voisins de la rue des Prés, à Laval, et leur a parlé de son projet d’une Halloween plus inclusive. Sans difficulté pour les convaincre, ce tronçon de rue qui comporte une cinquantaine de maisons ne sera pas décoré et les gens qui répondent aux portes ne seront pas costumés.

Toutes les lumières extérieures des maisons participantes seront recouvertes d’un filtre bleu qui est la couleur de l’autisme. 

Les familles pourront ainsi facilement reconnaître les maisons qui participent à l’activité. «Quand ils voient la petite lumière bleue, ils savent que ce n’est pas un monstre derrière la porte qui va les faire sursauter», a expliqué le père de famille. 

Bien qu’il ne se dit pas un expert, M. Anthian sait que pour les personnes vivant avec un trouble du spectre de l’autisme, les lumières clignotantes, les cris et les enfants qui courent dans tous les sens sont perturbants pour eux. 

De plus, les personnages qu’ils n’ont pas l’habitude de voir, par exemple un petit diablotin ou un dinosaure, peuvent les effrayer. 

L’initiative vise également les familles plus défavorisées qui n’ont pas les moyens de payer des costumes à leur enfant. «Les gens aux portes ne donnent pas des bonbons si les enfants ne sont pas costumés. Donc, il y a une certaine forme d’exclusion, bien involontaire, de la part des gens», estime M. Anthian.  

Mais tout comme les enfants vivant avec l’autisme, ces jeunes devraient pouvoir vivre cette soirée et récolter des friandises, selon M. Anthian. «On veut tout de même qu’ils vivent une expérience sociale, qu’ils vivent cette socialisation (et) tout le côté récréatif de cette belle fête dont ils étaient plus ou moins exclus», a-t-il déclaré. 

Exclure ces enfants fait en sorte que le lendemain de l’Halloween, ils ne peuvent pas partager les mêmes histoires à l’école, a ajouté le Lavallois. 

Il s’agit d’une première édition de «La Rue Bleue», mais M. Anthian espère que le projet fera écho dans d’autres régions. Il souhaite que chaque ville au Québec possède sa rue adaptée pour une Halloween plus inclusive.  

«C’est expérimental un peu. Je me suis dit: on ouvre cette rue et on regarde la réception que ça aura. On a eu des citoyens assez généreux qui ont accepté de ne pas décorer et de ne pas se costumer, mais d’offrir plein de bonbons et des sourires et aucun jugement», se réjouit-il. 

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