Une journée pour s’affranchir des diktats de la beauté

Marie-Ève Martel, La Presse Canadienne
Une journée pour s’affranchir des diktats de la beauté

MONTRÉAL — La Journée sans maquillage, qui a cours depuis plusieurs années, aura lieu ce mardi. Tête pensante derrière l’événement, le Collectif ÉquiLibre invite les personnes qui se maquillent à réfléchir à leurs motivations à le faire.

«On ne dit pas aux gens d’arrêter de se maquiller, qu’ils le fassent par plaisir ou parce qu’ils ressentent une pression sociale de le faire, mais plutôt de prendre un pas de recul pour réaliser la place que notre apparence occupe dans notre vie et dans la société», explique la chargée de projet et nutritionniste Andrée-Ann Dufour Bouchard.

C’est quand le fait de devoir se maquiller devient une obligation, voire une charge mentale, que le tout peut être problématique. 

«La société fait en sorte qu’une grande partie de la valeur d’une personne repose sur le pilier de son apparence, et on parle constamment de minceur, de jeunesse, de dents blanches, énumère Mme Dufour Bouchard. Ce ne sont pas des standards qui sont réalistes pour tout le monde, mais ça amène une pression de s’y conformer.

«On reconnaît que cette pression est forte, mais sans culpabiliser, on veut amener une prise de conscience pour faire les petits pas pour [s’en] libérer, parce qu’on ne peut pas y échapper complètement», poursuit la chargée de projet.

Les réseaux sociaux, où quiconque peut projeter une image filtrée, retouchée et améliorée de soi, contribuent à cette pression, relève ÉquiLibre, qui axe sa campagne annuelle sur les standards inatteignables engendrés par les outils numériques.

Les hommes aussi

Et même si les diktats de beauté touchent davantage les femmes, les hommes n’y sont plus autant imperméables.

«Avant, les hommes adhéraient moins aux modèles de beauté, reconnaît Mme Dufour Bouchard. Évidemment, dans notre sondage, ce sont encore les femmes qui tentent le plus d’y répondre, mais on observe que les hommes sont de plus en plus nombreux aussi à le faire, alors on ne peut plus dire qu’ils sont exclus de cette discussion.»

Selon une enquête réalisée par la firme Léger pour le compte d’ÉquiLibre auprès de plus de 1800 Québécois, 8 % des hommes ressentent fréquemment la pression de se conformer aux standards de beauté, comparativement à 21 % des femmes.

En outre, 37 % des femmes se disent incapables de quitter leur résidence si leur apparence n’est pas soignée; une proportion qui atteint 24 % chez les hommes, donc près d’un homme sur quatre.

Cela s’explique entre autres par les réseaux sociaux, mais aussi par l’industrie des produits cosmétiques, qui tente d’élargir sa clientèle et d’augmenter ses profits, souligne Mme Dufour Bouchard. «C’est cette industrie-là qui profite de la pression et qui a un avantage à ce qu’elle perdure», dit-elle.

La chargée de projet invite les Québécois et les Québécoises à réfléchir à l’impact que les standards de beauté ont sur leur vie quotidienne et collective.

«Une fois qu’on réalise qu’ils prennent trop de place dans notre vie, on peut essayer de s’en détacher tranquillement, dit-elle. On peut aussi réfléchir au fait que même si on se maquille pour le plaisir, on encourage, sans s’en rendre compte, cette norme collective qui peut devenir source de pression pour d’autres.»

Mme Dufour Bouchard invite les citoyens à percevoir leur corps de manière fonctionnelle plutôt que de le considérer pour son esthétique.

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Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.

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