Un projet de parc d’éoliennes en Nouvelle-Écosse menacerait des oiseaux migrateurs

Michael Tutton, La Presse Canadienne
Un projet de parc d’éoliennes en Nouvelle-Écosse menacerait des oiseaux migrateurs

HALIFAX — Le chercheur en environnement John Kearney reconnaît qu’un projet de parc de 13 éoliennes en Nouvelle-Écosse pourrait réduire les gaz à effet de serre, mais il estime que les risques sont trop grands pour les oiseaux migrateurs qui le survoleraient.

L’ancien consultant de l’industrie éolienne âgé de 74 ans a mis en place ces dernières années une surveillance acoustique dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Il a ainsi documenté plusieurs espèces, allant des mésanges à tête noire aux bécasseaux tachetés, pendant leurs vols migratoires d’automne.

M. Kearney assure qu’il est un fervent partisan de l’éolienne, mais aussi de la protection de la biodiversité — et dans ce cas-ci, ces deux objectifs entrent en conflit, selon lui. Il a soumis un mémoire au gouvernement de la province pour s’opposer au projet prévu sur une péninsule à l’ouest de Yarmouth. 

M. Kearney est titulaire d’un doctorat en anthropologie environnementale — qui implique les relations entre les humains et la nature. Il est arrivé à sa conclusion après avoir constaté que les cris d’oiseaux juste au sud du projet de parc éolien de Wedgeport étaient en moyenne de 538 par heure après le lever du soleil.

Il estime que cela est presque égal à l’intensité de l’île Brier, en Nouvelle-Écosse, située plus à l’ouest, qui a récemment été citée dans les Actes du «Nova Scotian Institute of Science» comme l’un des points chauds de la migration du nord-est de l’Amérique du Nord.

Les partisans de l’industrie rétorquent qu’il existe des preuves limitées pour montrer que l’emplacement côtier proposé menace les populations aviaires.

Dans un courriel, Daniel Eaton, directeur de projet chez Elementary Energy, de Vancouver, a noté que l’entreprise et ses partenaires, Stevens Wind et la Première Nation Sipekne’katik, répondaient à l’objectif du gouvernement de la Nouvelle-Écosse d’une réduction de 53 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2023.

Réduire les GES 

M. Eaton souligne qu’en 2025, la première année d’exploitation potentielle, le projet devrait compenser 112 750 tonnes d’émissions de carbone, ce qui équivaut à peu près à la production annuelle de 25 000 voitures à essence.

Pour ce qui est des oiseaux, la soumission de l’entreprise lors de l’examen environnemental soutient qu’une fois que les «mesures d’atténuation standard de l’industrie» sont en place, l’impact des turbines sur les oiseaux n’est «pas significatif».

Les promoteurs prévoient que le projet d’éoliennes causera environ 36 décès d’oiseaux par année, citant un modèle développé en 2016 par la «Scottish Natural Heritage», un organisme consultatif environnemental.

Mais M. Kearney critique ce modèle et se demande pourquoi des données théoriques sont utilisées alors que le promoteur pourrait être invité à étudier des éoliennes en fonctionnement à proximité du site, afin de mesurer les taux réels de mortalité le long de la côte venteuse et brumeuse de la Nouvelle-Écosse.

Et il revient à ses données acoustiques, affirmant qu’elles fournissent des preuves comparatives concluantes que le parc éolien proposé se trouverait au milieu d’un couloir de migration.

La Société d’ornithologie de la Nouvelle-Écosse s’est également opposée au projet. 

Mikaela Etchegary, porte-parole du ministère provincial de l’Environnement, a déclaré que le ministre, Tim Halman, «examinera les faits, la science et les commentaires du public et des Mi’kmaq», et qu’il rendra une décision d’ici le 4 mai.

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