Un policier témoigne de l’intervention ayant coûté la vie à la sergente Maureen Breau

Sidhartha Banerjee, La Presse Canadienne
Un policier témoigne de l’intervention ayant coûté la vie à la sergente Maureen Breau

MONTRÉAL — Les policiers impliqués dans l’intervention en mars dernier qui a entraîné la mort d’une sergente de la Sûreté du Québec (SQ) et de l’homme qui l’a tuée ont offert mercredi un témoignage émouvant sur le déroulement de ces événements mortels.

William Berrouard, un patrouilleur de la SQ, a témoigné lors de l’enquête de la coroner Géhane Kamel qu’il avait été surpris lorsqu’Isaac Brouillard Lessard l’a attaqué avec un couteau alors qu’il tentait de l’arrêter pour avoir proféré des menaces et violé sa probation.

Le 27 mars 2023, Brouillard Lessard a grièvement blessé M. Berrouard et poignardé mortellement la sergente Maureen Breau avant d’être tué par balle par la police dans son immeuble, à Louiseville, en Mauricie. 

Ému, M. Berrouard a témoigné de la rapidité à laquelle les événements se sont déroulés. Il venait de lire à Brouillard Lessard ses droits quand, en une fraction de seconde, il a été poignardé à la tête avec un couteau de cuisine.

«Je ne savais pas si j’étais en train de mourir», a-t-il affirmé, ajoutant ne pas connaître la gravité de sa blessure à ce moment-là. 

L’agent Berrouard s’est réfugié derrière un matelas dans le couloir et a entendu ses collègues ouvrir le feu, tuant Brouillard Lessard, 35 ans.

Un autre agent, Constant Perreault, a déclaré à l’enquête de la coroner qu’il se tenait près de la porte de l’appartement avec M. Berrouard lorsqu’il a remarqué que Brouillard Lessard cherchait quelque chose derrière la porte. Son instinct était de battre en retraite immédiatement.

«Tous les jours que je rentre travailler, je me dis: ‘‘pourquoi je me suis tassé de là’’?», a-t-il dit, soulignant que s’il n’avait pas bougé, il serait peut-être mort aujourd’hui.

M. Perreault a témoigné avoir entendu M. Berrouard crier. Alors qu’il se réfugiait dans une cage d’escalier, Mme Breau, qui se trouvait également dans l’escalier, s’est dirigée vers le tumulte et a été poignardée. M. Perreault et sa collègue Frédérique Poitras ont alors ouvert le feu, tuant Brouillard Lessard.

M. Perreault a dit penser tous les jours s’il avait pu faire quelque chose d’autre. 

M. Berrouard n’a pas vu la sergente Breau, 42 ans, se faire poignarder, mais il l’a suivie pendant que Mme Poitras l’aidait à sortir. Alors que Mme Breau s’effondrait sur le trottoir, l’agent Berrouard se souvient avoir essayé de l’aider tout en soignant ses propres blessures.

«J’ai pris le cou de Maureen, j’ai crié: ‘‘Reste avec nous autres! Reste avec nous autres!’’»

M. Berrouard a témoigné que lui et trois collègues — dont M. Perreault — avaient visité l’appartement trois jours plus tôt après que les parents de Brouillard Lessard eurent signalé que leur fils souffrait de psychose et que sa santé mentale se détériorait.

Il a déclaré que ce jour-là, ils avaient estimé que Brouillard Lessard était coopératif et ne représentait pas une menace imminente, ce qui signifie qu’il n’y avait aucune raison de le détenir.

Le jour des décès, il fut décidé que l’agent Berrouard établirait le premier contact avec Brouillard Lessard. Il a convenu avec le coroner que sa rencontre avec le suspect trois jours plus tôt lui avait probablement donné un faux sentiment de confiance avant la tentative d’arrestation du 27 mars.

L’enquête a déjà permis d’apprendre que Brouillard Lessard avait été déclaré non criminellement responsable pour cause de maladie mentale à cinq reprises pour des infractions en 2014 et 2018. Il avait également passé un an dans un hôpital psychiatrique de Montréal et avait été suivi par la Commission d’examen des troubles mentaux depuis 2014.

Il était également soumis à des conditions depuis avril 2022 après avoir obtenu une absolution inconditionnelle et une probation pour une agression violente contre un concierge d’appartement.

Le mois dernier, les inspecteurs de la CNESST ont déclaré à l’enquête que les agents avaient mal planifié et mal évalué les risques avant de tenter d’arrêter Brouillard Lessard. 

Cependant, les trois agents ont mentionné mercredi qu’il y avait eu un échange d’informations au préalable. M. Perreault a indiqué qu’ils avaient un plan d’intervention avec les informations dont ils disposaient.

Mme Poitras a déclaré que les policiers n’avaient pas dégainé leurs armes avant la tentative d’arrestation. Elle a relaté que les quatre policiers n’avaient jamais pensé qu’un couteau allait être utilisé au cours de l’arrestation. 

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