Un ministre déplore que des sans-abris tournent le dos à un refuge en N.-É.

Keith Doucette, La Presse Canadienne
Un ministre déplore que des sans-abris tournent le dos à un refuge en N.-É.

HALIFAX — Un ministre de la Nouvelle-Écosse a exprimé jeudi sa frustration quant au fait que certaines personnes sans logement refusent des places dans un refuge d’urgence récemment ouvert à Halifax.

Le ministre des Services communautaires, Trevor Boudreau, a déclaré que le refuge du Forum d’Halifax — ayant couté 3 millions $ — est plus sécuritaire et chaud que des campements, comme celui qui se trouve devant l’hôtel de ville d’Halifax.

«Les gens disent qu’ils ne veulent pas y aller et c’est frustrant, a déclaré Boudreau aux journalistes après une réunion du cabinet. Nous offrons un espace avec des places disponibles en ce moment. J’exhorte fortement ceux qui se trouvent dans les campements à saisir cette opportunité.»

Le ministre a déclaré que mardi, 32 des 50 lits étaient occupés dans le refuge. Des lits de camp et des rideaux jaunes entre les lits sont aménagés dans un aréna d’Halifax.

Certaines personnes sans logement à qui on a proposé des places dans le refuge ont déclaré que celui-ci n’offrait pas le même niveau de sécurité, de confort ou de soutien que le campement de tentes sur la place publique – connue sous le nom de Grand Parade – à côté de l’hôtel de ville.

Un bénévole du campement a déclaré que 25 à 30 personnes se sont vu offrir une place dans le refuge du Forum d’Halifax et qu’une seule personne a accepté.

M. Boudreau a pris connaissance des plaintes et a déclaré que son ministère cherchait continuellement à offrir d’autres options, telles que des espaces inutilisés dans un hôtel ou un motel, qui peuvent offrir plus d’intimité et de confort.

«Les refuges ne sont pas éclatants, ils ne sont pas conçus pour l’être, mais ils sont un endroit où les gens peuvent vivre dans un environnement chaleureux, a-t-il déclaré. C’est l’un des outils que nous utilisons pour soutenir les gens.»

Pendant ce temps, un certain nombre de résidents de la communauté de Whitney Pier au Cap-Breton ont exprimé leurs objections au projet du gouvernement visant à installer 30 abris en bois pour les personnes sans logement sur un terrain appartenant à la province qui était autrefois le stationnement de l’ancienne aciérie de Sydney.

Lors d’une réunion communautaire mardi, les habitants ont dit craindre que les refuges n’entraînent une augmentation de la consommation de drogue et de la violence dans le quartier. Une autre réunion est prévue le 5 février, au cours de laquelle les gestionnaires du site et les responsables du ministère des Services communautaires devraient fournir davantage d’informations aux résidents sur le projet.

Le ministre Boudreau a indiqué que le site de Whitney Pier répondait à certaines exigences, comme l’accès à l’eau et à l’électricité, imposées par le fabricant des abris en bois. Il a ajouté qu’il était urgent de lancer le projet en raison du temps froid.

Le ministre a également affirmé aux journalistes que les plans pour ouvrir un autre site d’abri en bois, près du Forum d’Halifax, ont été abandonnés parce que le terrain proposé était trop petit pour répondre à toutes les exigences du fabricant.

«Cela a été une semaine un peu frustrante», a déclaré M. Boudreau.

Les partis d’opposition de la province ont accueilli avec peu de sympathie les émotions du ministre.

«Ils auraient pu agir sur la question [de l’itinérance] au cours de l’été, au moment où les gens sonnaient l’alarme, a déclaré le chef libéral Zach Churchill. Nous sommes en plein hiver et ils se précipitent.»

La cheffe du NPD, Claudia Chender, de son côté, a laissé entendre que le mécontentement de M. Boudreau «n’est rien en comparaison de la frustration des personnes logées de manière précaire».

«Un refuge reste un logement précaire, a-t-elle ajouté. Ce dont nous avons besoin dans cette province, c’est d’une augmentation massive du nombre de logements hors marché véritablement abordables.»

Plus de 1100 personnes de la région d’Halifax s’étaient identifiées comme étant activement sans-logis en date du 23 janvier; les autorités de la région de Sydney estiment ce nombre à environ 400 personnes.

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