Trudeau se prépare à «gérer» un retour de Trump à la Maison-Blanche

Michel Saba, La Presse Canadienne
Trudeau se prépare à «gérer» un retour de Trump à la Maison-Blanche

MONTRÉAL — Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé mardi qu’il réactive une «Équipe Canada» alors que son cabinet consacrait la troisième et dernière journée de sa retraite d’hiver à discuter de l’élection présidentielle américaine et à préparer un éventuel retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.

«M. Trump représente une certaine incertitude. On ne sait pas exactement ce qu’il va amener. Mais, comme on a su le faire il y a sept ans maintenant, on a su bien gérer M. Trump», a lancé le premier ministre lors d’une conférence de presse à Montréal.

Il a cité les attaques de l’ancien président républicain contre la gestion de l’offre, les industries de l’acier et de l’aluminium ainsi que l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Le premier ministre Trudeau a reconnu qu’«aucun» président américain n’est «facile» pour un premier ministre canadien. «C’est toujours une relation complexe où les intérêts des Américains prennent beaucoup de place dans la discussion», a-t-il déclaré.

M. Trudeau s’est vanté d’avoir déjà eu à composer avec trois présidents américains depuis qu’il est au pouvoir, soit Barack Obama, Donald Trump et Joe Biden.

«J’ai su démontrer que nous avons la capacité de s’entendre, de travailler, de défendre les intérêts des Canadiens et nos valeurs en même temps, tout en créant la croissance économique qui bénéficie à tout le monde», a-t-il déclaré.

La nouvelle «Équipe Canada» aura pour tâche de convaincre les Américains de l’importance stratégique de leur relation avec le Canada.

«Les relations canado-américaines sont fondamentales pour la prospérité et le bien-être des Canadiens, a insisté M. Trudeau. Le Canada profite énormément d’une relation stable avec les États-Unis.»

L’équipe sera pilotée par le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, et la ministre du Commerce international, Mary Ng. Ils auront pour tâche de réunir des dirigeants, ainsi que des experts provinciaux et territoriaux du monde du travail, des affaires et du monde universitaire.

«Nos chaînes d’approvisionnement sont profondément intégrées. (…) Nous effectuons des échanges commerciaux d’une valeur de plus de 1000 milliards de dollars», a insisté la ministre Ng lors d’une mêlée de presse.

Appelé à expliquer en quoi l’équipe fera quoi que ce soit de différent du travail que font au quotidien les représentations diplomatiques du Canada aux États-Unis, le ministre Champagne a résumé en ces termes: «on redouble d’efforts».

M. Champagne a réitéré, comme la veille, que l’économie canadienne est davantage intégrée que lors de l’élection qui a porté Donald Trump au pouvoir, ce qui est un argument de taille. Il a cité les secteurs de la biofabrication, des véhicules électriques, minéraux critiques et des semi-conducteurs.

Discussions avec un panel

Mardi, les ministres se sont entretenus avec un panel réunissant notamment l’ambassadrice canadienne aux États-Unis, Kirsten Hillman, l’ancien représentant permanent du Canada aux Nations unies à New York, Marc-André Blanchard, et le président de l’Association des fabricants de pièces automobiles, Flavio Volpe.

À sa sortie de la rencontre, M. Volpe a noté que face à l’approche protectionniste de Donald Trump, il est utile de mentionner que c’est «sa base» qui subirait les conséquences d’éventuels tarifs douaniers.

Selon lui, le Canada est mieux préparé qu’auparavant et a appris l’importance de garder des données et des contacts très à jour.

«Dans le secteur automobile, nous savons exactement où se trouvent les 126 usines de pièces automobiles appartenant à des Canadiens aux États-Unis, nous connaissons leurs représentants au Congrès et nous avons parlé aux sénateurs», a-t-il noté.

L’ambassadrice Hillman a dit avoir tiré des leçons de la renégociation de l’ALENA, notamment d’être «bien organisé, (…) bien discipliné».

«Il faut que nous parlions comme société canadienne, c’est-à-dire les compagnies, le fédéral, le provincial, les maires, nos chercheurs, nos citoyens, nos agriculteurs», a-t-elle déclaré.

Laura Dawson, une experte des relations canado-américaines et actuelle directrice générale de la Future Borders Coalition, a affirmé que le Canada doit être préparé, quel que soit le vainqueur, car MM. Biden et Trump ont tous deux des tendances protectionnistes.

«C’est un moment important pour vraiment faire le point sur cette relation et réinvestir dans cette relation, car pour le Canada et les États-Unis, elle revêt une importance existentielle tant pour l’économie que pour la sécurité», a-t-elle précisé.

Les ministres libéraux se préparent à retourner au parlement la semaine prochaine et se sont concentrés sur l’économie et l’abordabilité pendant les deux premiers jours de la retraite.

– Avec des informations de Mia Rabson

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