Steven Guilbeault presse à nouveau Québec d’agir pour protéger le caribou

Stéphane Blais, La Presse Canadienne
Steven Guilbeault presse à nouveau Québec d’agir pour protéger le caribou

MONTRÉAL — Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, presse à nouveau Québec de présenter son plan pour la protection de l’habitat du caribou, plusieurs années après la promesse d’une stratégie visant à sauver la population en déclin.

De passage à Montréal lundi matin, le ministre a de nouveau appelé le gouvernement du Québec à respecter l’entente signée entre les deux gouvernements en août 2022 pour protéger le caribou.

«Si le Québec n’agit pas, j’aurai l’obligation légale d’agir. Puis ce n’est pas ce que je préfère faire, ce n’est pas ce que je souhaite faire. Mais s’il n’y a aucun geste concret de la part du gouvernement du Québec, je n’aurai pas d’autre choix», a-t-il indiqué.

Steven Guilbeault pourrait recommander la prise d’un «décret de protection» du cervidé si Québec n’agit pas.

«Force est de constater que le gouvernement du Québec tarde à agir», mais «le temps n’est pas notre allié dans ce dossier, au contraire», a indiqué le ministre en rappelant qu’à l’été 2022, «le gouvernement du Québec s’est engagé à faire un certain nombre de choses, notamment à protéger 65 % de l’habitat critique du caribou au Québec».

Le projet de protection de l’habitat devait être présenté en juin 2023, mais le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, l’a repoussé à cause des incendies de forêt qui frappaient alors le territoire québécois. À l’époque, le gouvernement disait vouloir examiner les répercussions des incendies sur le caribou et sur l’exploitation forestière.

«La prochaine saison des feux de forêt arrive et on n’a toujours pas ce plan-là. Il va falloir qu’il se passe quelque chose bientôt», a indiqué Steven Guilbeault dans un échange avec les journalistes lundi.

Le ministre fédéral n’a toutefois pas mentionné de «date butoir».

La présentation de la stratégie de protection de l’habitat du caribou forestier a été repoussée à plusieurs reprises depuis 2019. À l’époque, le dossier était entre les mains du député d’Abitibi-Est, Pierre Dufour, alors ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs.

Déplacer des bêtes «ne réglerait rien»

Le ministre fédéral a également commenté l’information selon laquelle des caribous seront capturés entre le Nord-du-Québec et le Saguenay-Lac-Saint-Jean pour être transférés dans des enclos à Val-d’Or en Abitibi. Selon ce que La Presse rapportait lundi matin, cette initiative de Québec viserait à grossir les rangs de la harde de Val-d’Or, dont les neuf derniers individus sont gardés dans un enclos.

«Il n’y a pas eu de communication officielle entre le gouvernement du Québec et nous» sur ce sujet, a mentionné Steven Guilbeault en soulignant que de déplacer des bêtes «ne réglerait rien».

«Ce qu’on cherche à préserver, c’est le caribou, bien sûr, mais aussi son habitat» et «si le caribou ne se porte pas bien, c’est parce que l’écosystème ne se porte pas bien».

C’est donc «l’ensemble de l’écosystème qu’il faut protéger», a mentionné le ministre.

La population de caribous est en déclin au Québec depuis plusieurs années, en raison surtout de l’exploitation forestière.

Dans plusieurs régions du Québec, l’industrie a enlevé une grande partie de la vieille forêt et l’a remplacée par des arbres plus jeunes, privant ainsi le caribou de son habitat et de sa nourriture.

Également, les chemins forestiers favorisent le déplacement des prédateurs naturels du caribou comme l’ours et le loup.

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