Santé Canada interdira complètement l’utilisation de la strychnine dès septembre

Bob Weber, La Presse Canadienne
Santé Canada interdira complètement l’utilisation de la strychnine dès septembre

Santé Canada a annoncé son intention d’interdire complètement la strychnine après avoir mené des consultations publiques sur l’utilisation de ce puissant poison.

«Toutes les utilisations de la strychnine sont annulées», a déclaré mercredi Lynn Lee, de l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, lors d’une conférence téléphonique avec les groupes d’intervenants, suivie par La Presse Canadienne.

«Les risques environnementaux ne s’avèrent pas acceptables lorsqu’ils sont utilisés conformément aux conditions de licence actuelles.»

La décision, qui sera officiellement annoncée jeudi, est intervenue après un réexamen officiel d’une décision initialement publiée en 2022 qui aurait autorisé une certaine utilisation continue de la strychnine. Mme Lee a déclaré que son équipe avait changé d’avis après une période de commentaires de 90 jours qui a suivi.

«Cela résulte des nouvelles informations que nous avons reçues lors de la consultation», a-t-elle précisé lors de l’appel.

L’agence a déclaré une période d’élimination progressive de six mois. Cela signifie que toutes les utilisations de la strychnine seront illégales à partir du 7 septembre.

Les certifications de produits contenant ce poison seront annulées à partir de jeudi.

Une substance jugée cruelle

La strychnine est utilisée depuis des décennies pour lutter contre les animaux nuisibles, en particulier les prédateurs tels que les coyotes et les loups. Bien qu’efficace, beaucoup considèrent ce poison comme cruel.

La strychnine tue en provoquant des crampes musculaires qui finissent par étrangler l’animal. Un professeur vétérinaire l’a qualifiée de «l’une des pires façons de mourir».

Les détails sur les raisons pour lesquelles l’agence de réglementation, une branche de Santé Canada, est revenue sur sa décision antérieure n’ont pas été révélés lors de l’appel. De plus amples informations sont attendues jeudi.

Les groupes environnementaux soulignent depuis longtemps la menace que représentent les carcasses contenant de la strychnine pour toutes sortes d’animaux sauvages, et pas seulement pour les animaux qui sont ciblés.

Le gouvernement de l’Alberta utilise fréquemment ce poison pour protéger des hardes de caribous menacés contre les loups qui s’aventurent dans leur habitat.

Entre 2005 et 2018, le programme de strychnine de l’Alberta a tué 225 loups et 239 autres animaux, dont des renards, des coyotes, des lynx, des aigles et un grizzly. Ce nombre inclut seulement les carcasses qui ont été retrouvées. L’Alberta n’a pas utilisé de strychnine depuis 2020 et contrôle plutôt les loups grâce à des tirs d’hélicoptères.

«Nous examinerons la décision (de l’agence) et l’évaluation scientifique de l’agence avant de déterminer les prochaines étapes», a déclaré par courriel un porte-parole du ministère de l’Environnement de l’Alberta, Ryan Fournier.

Soulagement pour les groupes de protection des animaux

Des groupes de protection des animaux, dont Humane Canada, la Humane Society International et le Fonds international pour la protection des animaux, s’opposent à la strychnine.

La conférence téléphonique de mercredi a donc été un moment de victoire pour Sadie Parr, de We Howl, un groupe d’organisations dédiées aux animaux et à la conservation.

«C’est vraiment une merveilleuse nouvelle, s’est-elle réjouie. Les preuves sont tellement accablantes que je ne sais pas comment ils ont pu décider de continuer à utiliser (la strychnine).»

Cependant, l’agence a déclaré qu’elle continuerait à autoriser l’utilisation contrôlée du fluoroacétate de sodium, un autre prédacide (pesticide destiné à la gestion des prédateurs) communément appelé «composé 1080».

«Toutes les utilisations sont acceptables pour continuer la certification de ce produit», a affirmé Lynn Lee.

Elle a indiqué que l’agence exigerait des changements dans la façon dont le composé 1080 est employé pour mieux protéger les espèces non ciblées. Une révision des exigences en ce qui a trait à l’équipement de protection des utilisateurs sera également menée.

Mme Parr soutient que de nombreux groupes de protection des animaux s’opposent également à l’utilisation de cette substance toxique.

«Le travail se poursuit», a-t-elle lancé.

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