Pierre Poilievre s’oppose aux «inhibiteurs de puberté» pour les enfants transgenres

Stephanie Taylor, La Presse Canadienne
Pierre Poilievre s’oppose aux «inhibiteurs de puberté» pour les enfants transgenres

OTTAWA — Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a précisé mercredi qu’il était contre l’utilisation d’«inhibiteurs de puberté» chez les enfants. 

Justin Trudeau est immédiatement passé à l’attaque, affirmant que le chef conservateur voulait que le gouvernement supprime les droits des parents et des enfants. Le premier ministre a aussi ajouté que les enfants transgenres sont beaucoup plus susceptibles de tenter de se suicider, et que les gouvernements ne devraient pas proposer de leur supprimer ces options de traitement.

M. Trudeau a visé non seulement le chef conservateur, mais aussi la première ministre conservatrice de l’Alberta, Danielle Smith, qui a annoncé la semaine dernière l’intention de son gouvernement d’interdire les inhibiteurs de puberté et l’hormonothérapie pour les enfants transgenres de 15 ans et moins qui n’ont pas encore amorcé leurs traitements.

«Que M. Poilievre appuie ce genre d’ingérence dans les droits des parents et les droits des enfants, de faire des bons choix pour eux avec la communauté médicale, démontre leur agressivité idéologique», a soutenu M. Trudeau en réponse aux journalistes. «Notre gouvernement va toujours être là pour défendre les droits» des parents et des jeunes, a-t-il dit.

Les inhibiteurs hormonaux, ou «bloqueurs de puberté», sont utilisés pour empêcher l’organisme de produire les hormones sexuelles qui influencent le développement du corps masculin ou féminin.

L’Association médicale de l’Alberta a exprimé ses inquiétudes quant aux propositions de Mme Smith, affirmant que les jeunes transgenres et de diverses identités de genre qui n’ont pas accès à de tels traitements sont confrontés à un risque accru de dépression et de suicide.

Mme Smith propose également d’exiger le consentement des parents pour que les enfants de 15 ans et moins portent un nom ou un pronom différent à l’école. Les adolescents âgés de 16 et 17 ans pourraient effectuer de tels changements sans autorisation, mais les écoles devraient en informer leurs parents ou tuteurs.

Ces propositions ont déclenché des manifestations en Alberta et à Ottawa, et suscité des condamnations de politiciens libéraux, y compris du premier ministre, qui accuse Mme Smith de mettre de l’avant un programme anti-LGBTQ+.

L’annonce de Mme Smith la semaine dernière a également poussé les journalistes à demander à M. Poilievre sa position concernant les traitements médicaux d’affirmation de genre pour les jeunes.

Lorsqu’on lui a demandé précisément, mercredi matin, s’il s’opposait à l’utilisation d’inhibiteurs de puberté chez les jeunes de tous genres âgés de moins de 18 ans, il a répondu «oui».

«Nous devrions protéger les enfants et leur capacité à prendre des décisions d’adultes lorsqu’ils seront adultes», a déclaré le chef conservateur.

Droit des parents 

Dans ce dossier, M. Poilievre répète depuis plusieurs mois qu’il soutient le droit des parents d’élever leurs enfants comme ils l’entendent. Il exhortait par ailleurs le premier ministre Trudeau à ne pas se mêler des décisions des provinces pour ce qui concerne les écoles et les hôpitaux.

Mardi, il a accusé le premier ministre de s’en être pris à des familles «qui tentent de protéger leurs enfants». Il a estimé que M. Trudeau «finira par reculer là-dessus». 

«Je pense que nous devrions protéger le droit des parents à prendre leurs propres décisions concernant leurs enfants et je crois que ce devrait être aux adultes de prendre toutes les décisions qu’ils veulent concernant leur corps.»

Le ministre libéral Randy Boissonnault, un député ouvertement gai qui représente une circonscription d’Edmonton, en Alberta, s’est arrêté devant les journalistes avant la réunion hebdomadaire du caucus du parti, mercredi matin à Ottawa, pour se moquer de la position de M. Poilievre.

M. Boissonnault a soutenu que la décision d’utiliser des inhibiteurs de puberté devrait être basée sur une conversation entre un jeune et son médecin. «Je ne vois pas ‘MD’ après le nom de Pierre Poilievre ou de Danielle Smith, a-t-il dit. Alors, ce n’est pas de leurs affaires.»

Le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a eu sensiblement la même réaction, affirmant que les décisions en matière de soins de santé devraient impliquer une personne et son médecin. Des décisions «basées sur des preuves, basées sur la science, basées sur les meilleures pratiques et non pas sur l’opinion de Pierre Poilievre», a déclaré M. Singh. «On voit un Pierre Poilievre qui passe du temps à attaquer les communautés vulnérables.»

Depuis qu’il est devenu chef, M. Poilievre a tenté de concentrer les efforts des conservateurs sur les questions de coût de la vie et de criminalité, que le parti considère comme des messages gagnants au sein de l’électorat.

Certains de ses partisans l’ont cependant pressé d’aller plus loin dans le débat sur la manière dont les écoles traitent les questions de diversité de genre et d’orientation sexuelle parmi leurs élèves.

Lors du congrès politique de septembre dernier, à Québec, les militants ont adopté dans une proportion de 70 % une résolution qui demande à un éventuel gouvernement conservateur d’interdire «les interventions médicales ou chirurgicales» pour les enfants de diverses identités de genre et transgenres.

M. Poilievre n’a jamais précisé s’il envisageait d’inclure la proposition de sa base militante dans une future plateforme électorale conservatrice.

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NOTE DE LA RÉDACTION — Si vous songez au suicide ou si vous vous inquiétez pour un proche, un soutien est disponible 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Les résidants du Québec peuvent rejoindre le Centre de prévention du suicide au 1-866-APPELLE (1-866-277-3553).

Ailleurs au Canada, on peut obtenir un soutien en tout temps en envoyant un texto au 988, la ligne d’assistance nationale pour la prévention du suicide.

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