Pas d’indemnisation au Québec pour la famille d’un ouvrier guatémaltèque mort écrasé

Marisela Amador, La Presse Canadienne
Pas d’indemnisation au Québec pour la famille d’un ouvrier guatémaltèque mort écrasé

MONTRÉAL — La famille d’un ouvrier agricole guatémaltèque mort écrasé en essayant de remplacer un pneu crevé sur la voiture de son employeur se dit déçue que le Tribunal administratif du travail du Québec lui ait refusé une indemnisation.

María Teresa Lares Macario dit qu’elle ne s’est pas remise de la mort subite de son père, Ottoniel Lares Batzibal, décédé le 18 juillet 2021, coincé sous une voiture dans le garage des Cultures Fortin, une ferme de fruits et légumes à Saint-Patrice-de-Beaurivage, dans la région de Chaudière-Appalaches.

La jeune femme de 22 ans admet qu’il est difficile de s’en sortir. Son père lui manque de plus en plus chaque jour ; elle dit qu’il était un homme humble et travailleur qui aimait sa famille. 

La juge administrative Valérie Lizotte a déterminé que M. Lares Batzibal utilisait la voiture de son employeur en dehors des heures de travail et que son «intention bienveillante» de réparer une crevaison n’était pas liée à ses fonctions officielles.

«Après analyse, le Tribunal en vient à la conclusion que le décès du travailleur ne s’est pas produit à l’occasion de son travail. Par conséquent, la succession ne peut pas bénéficier des prestations en cas de décès prévues par la Loi», a écrit la juge Lizotte dans la décision rendue le 7 février. 

Michel Pilon, qui dirige une organisation qui défend les travailleurs étrangers et qui a été le représentant de la famille, a soutenu devant le tribunal que la mort de M. Lares Batzibal était liée au travail, car il agissait souvent comme chauffeur désigné pour d’autres ouvriers agricoles.

Mais l’entreprise a soutenu que la réparation d’un pneu crevé était une décision personnelle et en dehors des responsabilités professionnelles de M. Lares Batzibal.

L’entreprise Les Cultures Fortin Inc. n’était pas disponible dans l’immédiat pour commenter le dossier.

Mme Lares Macario dit que la décision est «injuste», car son père a travaillé pour cette ferme pendant 12 saisons et qu’il était le soutien de la famille.

Selon M. Pilon, si le Tribunal administratif du travail avait statué en faveur de la famille, ils auraient eu droit à 100 000 $. 

Mme Lares Macario et sa mère de 41 ans, Norma Macario Tucubal, tentent de vivre de la vente de textiles brodés dans leur village à la périphérie de la ville de Guatemala.

La famille a reçu une indemnité d’assurance-vie de 50 000 $, mais Mme Lares Macario explique que la majeure partie de cette somme a servi à payer les soins médicaux de sa sœur cadette, Rumalda Maricela Lares Macario, qui est tombée malade après la mort de son père et est décédée le 15 juillet 2022, à l’âge de 20 ans.

Cette dépêche a été produite avec l’aide financière des Bourses de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.

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