Ottawa aidera des membres de familles canadiennes pour quitter la bande de Gaza

Laura Osman, La Presse Canadienne
Ottawa aidera des membres de familles canadiennes pour quitter la bande de Gaza

OTTAWA — Le Conseil national des musulmans canadiens demande au gouvernement fédéral de supprimer le plafond du nombre de Palestiniens pouvant chercher refuge auprès des membres de leur famille élargie au Canada pour fuir la violence dans la bande de Gaza.

La politique d’intérêt public temporaire pour les membres de la famille élargie destinée aux habitants de Gaza devrait être lancée la semaine prochaine, soit des mois après que des Canadiens ont demandé l’aide du gouvernement pour sauver leurs proches alors que la guerre entre Israël et le Hamas se poursuit.

Le programme offrirait des visasà un maximum de 1000 Palestiniens, ce qui leur permettrait de se réfugier au Canada pendant trois ans, si leurs familles en sol canadien sont prêtes à les soutenir financièrement pendant cette période. 

Lorsque le ministre de l’Immigration, Marc Miller, a annoncé ce plan le mois dernier, il a déclaré qu’il n’était pas clair combien de personnes en bénéficieraient, mais qu’il s’agirait probablement de «plusieurs centaines».

Une semaine plus tard, le ministère a publié la politique écrite du programme.

Elle montre qu’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada fermera le programme aux nouvelles demandes après avoir reçu et commencé à traiter les 1000 premières demandes, ou après un an.

Le Conseil national des musulmans canadiens, un organisme indépendant de défense des droits des musulmans, affirme avoir déjà été en contact avec plus d’un millier de personnes qui ont demandé à leurs familles de quitter Gaza.

«Il ne devrait pas y avoir de plafond», a soutenu Uthman Quick, directeur des communications de l’organisation.

Le plafond «tient compte de la volatilité sur le terrain et de la difficulté pour le Canada et les pays partageant les mêmes idées de transférer des personnes de Gaza vers l’Égypte», a indiqué Matthew Krupovich, porte-parole du ministère de l’Immigration, dans une déclaration mardi. 

Le ministre Miller a affirmé le mois dernier qu’Ottawa n’a aucun contrôle sur qui peut traverser le poste-frontière étroitement contrôlé de Rafah entre la bande de Gaza et l’Égypte un jour donné. Même faire sortir les citoyens canadiens de la zone de guerre s’est avéré lent et difficile.

Une «bataille» pour obtenir des visas en vue

Yameena Ansari, avocate spécialisée en droit de l’immigration à Toronto, pense que le plafond représente une énorme sous-estimation du nombre de personnes qui ont besoin d’aide.

Mme Ansari a plaidé en faveur de cette politique dans le cadre d’un groupe ad hoc d’avocats spécialisés en droit de l’immigration appelé Gaza Family Reunification Project (Projet de réunification des familles de Gaza).

«Rien qu’entre les avocats de ce groupe, nous connaissons plus de 1000 candidats», a expliqué Mme Ansari, qui a qualifié cette limite d’«odieuse».

Gaza se trouve sous des bombardements quasi constants depuis que le Hamas a attaqué le sud d’Israël le 7 octobre, tuant environ 1200 personnes en Israël et en prenant 240 autres en otage.

Israël a presque immédiatement lancé une attaque de représailles sur le territoire contrôlé par le Hamas, qui a tué plus de 21 900 Palestiniens, selon les autorités locales.

Les deux tiers des victimes palestiniennes sont des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza. Les Canadiens ayant de la famille dans la région ont déclaré se sentir terrifiés pour leurs proches qui manquent d’endroits où se réfugier.

Mme Ansari s’attend à ce que le nombre de demandes se remplisse rapidement, créant ce qu’elle appelle une «bataille royale» pour un nombre restreint de visas.

«L’enjeu est le suivant, et je veux le dire très crûment : est-ce que votre famille va vivre ou va-t-elle mourir ?», a dit Mme Ansari.

Elle a raconté avoir reçu des appels tout au long des vacances de familles désespérées souhaitant se préparer au lancement du programme le 9 janvier, et espérant que leurs familles vivraient assez longtemps pour obtenir un visa.

Certaines de ces conversations ont été difficiles, a confié Mme Ansari. Elle a dû expliquer que tous les membres de la famille ne pourront pas partir. Les familles devront décider si elles souhaitent laisser certains de leurs proches derrière elles.

Du moins, si elles parviennent même à franchir la frontière.

«Ce morceau de papier pourrait n’avoir aucun sens. Vous ne pourrez peut-être pas quitter ce conflit», a affirmé Mme Ansari.

C’est pourquoi le Conseil national des musulmans canadiens a appelé à un cessez-le-feu pour mettre fin aux violences.

La plupart des habitants de Gaza ne veulent pas partir, a indiqué M. Quick, et ils veulent savoir que s’ils fuient au Canada pour se réfugier, ils ont le droit de rentrer chez eux une fois le conflit terminé.

— Avec des informations de l’Associated Press

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