Noël: l’Assemblée dénonce la Commission canadienne des droits de la personne

Patrice Bergeron, La Presse Canadienne
Noël: l’Assemblée dénonce la Commission canadienne des droits de la personne

QUÉBEC — L’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité mercredi une motion pour défendre… Noël. 

Les élus québécois ont ainsi condamné la position de la Commission canadienne des droits de la personne, qui juge que cette fête constitue une discrimination religieuse systémique. Son pendant québécois avait pourtant déjà exprimé une opinion sur l’effet discriminatoire de ces festivités.

«Honnêtement, on va continuer de fêter Noël, puis on ne s’excusera pas de fêter Noël au Québec», a affirmé le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, en mêlée de presse. 

Dans son «Document de réflexion sur l’intolérance religieuse», la Commission soutient que «la discrimination à l’égard des minorités religieuses au Canada est ancrée dans l’histoire du colonialisme au Canada. Cette histoire se manifeste aujourd’hui par une discrimination religieuse systémique. Un exemple évident est celui des jours fériés au Canada». 

Le ministre responsable de la Lutte au racisme, Christopher Skeete, a déposé une motion pour protester contre ces affirmations, conjointement avec l’opposition libérale, le Parti québécois ainsi que les deux députés indépendants, mais sans Québec solidaire.

Les 109 élus présents en Chambre après la période de questions ont toutefois voté pour la motion, sans abstention.

Le libellé «dénonce les propos de la Commission canadienne des droits de la personne».

La motion rejette «toute polarisation autour d’événements rassembleurs qui font partie du patrimoine québécois depuis plusieurs générations».

Elle invite enfin «tous les Québécois et toutes les Québécoises à s’unir en cette période de Noël qui approche».

Les élus ont souligné par des salves d’applaudissements ostentatoires l’adoption de la motion. 

Le leader parlementaire adjoint du gouvernement, Mathieu Lévesque, a ensuite demandé à ce qu’une copie de la motion soit transmise à la Commission canadienne des droits de la personne, au gouvernement fédéral, à la Chambre des communes et également… «au père Noël, au pôle Nord», a-t-il conclu.

«C’est une fête qui est partagée», a plaidé M. Jolin-Barrette ensuite en mêlée de presse. 

«Les gens viennent de partout au Québec, on est une terre qui est accueillante et je pense que c’est important de dire que ça fait partie de la culture québécoise et d’inviter tout le monde à fêter Noël s’il le souhaite», a-t-il poursuivi. 

«Honnêtement, de se faire dire par la Commission canadienne des droits que Noël est discriminatoire,  il y a des limites.»

Rappelons que la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec (CDPDJ) a déjà eu recours à un argumentaire similaire à celui de son équivalent fédéral, sur l’enjeu des accommodements raisonnables.

Elle statuait que «le calendrier civique s’apparente à des normes de fonctionnement communes d’apparence neutre pouvant tout de même avoir un effet discriminatoire sur un individu ou sur certaines catégories d’individus», peut-on lire dans le Guide virtuel sur le traitement d’une demande d’accommodement.

Le calendrier calqué sur les fêtes catholiques «aura potentiellement un effet préjudiciable sur les personnes appartenant à des groupes religieux minoritaires puisque l’observance de leurs propres fêtes religieuses n’y est pas prévue», conclut-on. 

«La CDPDJ ne s’associe pas aux propos de la Commission canadienne tels qu’ils ont été rapportés par les médias», a toutefois précisé mercredi dans un courriel la porte-parole, Geneviève Dorais-Beauregard.

«Ce passage du guide vise à expliquer que dans un contexte d’emploi, l’employeur pourrait devoir accommoder un employé pour qu’il puisse avoir congé lors d’une fête religieuse de sa propre religion. Nous y parlons d’un effet potentiellement discriminatoire, ce qui est différent de dire que le calendrier ou les fêtes sont discriminatoires. Nous avons qualifié l’effet potentiel dans un contexte d’accommodement. Nous n’avons pas qualifié la fête ou le calendrier.» 

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