Motion sur Gaza: un député de QS s’effondre en larmes; Legault défend sa position

Patrice Bergeron, La Presse Canadienne
Motion sur Gaza: un député de QS s’effondre en larmes; Legault défend sa position

QUÉBEC — Le député Haroun Bouazzi, de Québec solidaire (QS), s’est effondré en larmes jeudi, scandalisé par le refus du gouvernement caquiste de demander un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

En mêlée de presse, il a évoqué un «début de génocide» des Palestiniens.

Une motion demandant un cessez-le-feu avait été déposée par QS la veille et appuyée par les autres partis, sauf par la Coalition avenir Québec (CAQ), qui a refusé d’en débattre.

«Il faut être prudent pour qu’il n’y ait pas un message où on refuserait à Israël le droit de se défendre contre un groupe terroriste, c’est quand même grave, ce que le Hamas a fait à des enfants, entre autres», a justifié le premier ministre François Legault en se rendant à la période de questions.  

Dans un message sur la plateforme X, anciennement Twitter, M. Bouazzi avait accusé la CAQ de s’aligner sur le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou.

Appelé à s’expliquer en mêlée de presse, à savoir s’il associait la CAQ au gouvernement de droite israélien, le député de Maurice-Richard n’a pas voulu clarifier son message. Il a plutôt parlé de la mort des enfants palestiniens, puis a commencé à sangloter et a quitté précipitamment la salle des points de presse.

Une «honte»

«Ce gouvernement-là nous dit qu’il n’est pas capable d’appeler à un simple cessez-le-feu, c’est une honte, c’est ça que je vous dis, il n’y a rien d’autre à dire, a-t-il déclaré, juste avant de sortir de la salle. Ce sont des êtres humains.»

Auparavant, M. Bouazzi avait affirmé que des observateurs de l’ONU, des militants et des associations avaient évoqué un «début de génocide».

«C’est une émotion sincère, une indignation profonde, j’ai vu un grand amour du Québec» manifesté par M. Bouazzi, a commenté par la suite son collègue, le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois.   

«François Legault n’a pas été à la hauteur, a-t-il poursuivi. Je ne comprends pas la position de la CAQ.»

Un enjeu transpartisan

Le député péquiste Pascal Paradis, avocat de formation qui a oeuvré en droit humanitaire, s’est demandé aussi pourquoi le gouvernement n’était pas prêt à appuyer la motion, alors qu’il y a un «mouvement très fort pour la paix» au Québec. 

«C’est un enjeu qui devrait être transpartisan, a-t-il soutenu en mêlée de presse. Le droit international fait un devoir aux États comme le nôtre d’appeler les belligérants au respect du droit international.»

Selon lui, même une motion d’un Parlement d’un État fédéré comme le Québec a son importance dans ce conflit. 

«Ce qu’on dit, et ce qu’on fait, et ce qu’on ne fait pas, à l’Assemblée nationale, c’est là qu’on voit l’impact que ça a. Ça a un impact au plan international, ça a un impact ici parce qu’on s’adresse aux Québécoises et aux Québécois.»

Le libellé de la motion refusée se lisait ainsi: «Que l’Assemblée nationale demande un cessez-le-feu immédiat par toutes les parties dans le conflit en Israël et en Palestine; qu’elle appelle à nouveau au respect du droit international par toutes les parties.»

Un enjeu délicat

Ce conflit qui ne cesse de dégénérer depuis les massacres du Hamas en Israël le 7 octobre est un enjeu délicat pour les élus de l’Assemblée nationale.

Il y a deux semaines, QS et le PQ s’étaient abstenus de voter sur une motion sur le conflit déposée cette fois par le gouvernement. 

L’Assemblée condamnait «les actes terroristes perpétrés par le Hamas contre Israël et son peuple», déplorait que «l’escalade de la violence ait engendré le décès de nombreux civils» et offrait «ses plus sincères condoléances aux familles et aux proches des victimes».

La motion appelait également à «la libération immédiate et sans condition des populations civiles prises en otages par le Hamas» et «au respect du droit international par toutes les parties».

QS demandait alors à ce que la motion inclue notamment «la protection des civils palestiniens». Le PQ souhaitait pour sa part que la motion «rappelle que la riposte d’Israël doit respecter le droit international» et qu’elle «condamne les violations du droit international de part et d’autre».

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