Menacée, la députée caquiste Isabelle Lecours ferme son bureau

Thomas Laberge et Caroline Plante, La Presse Canadienne

QUÉBEC — La députée caquiste de Lotbinière-Frontenac, Isabelle Lecours, dit avoir été menacée et intimidée. Son bureau est fermé provisoirement. 

«Dans le cadre du dossier de Centre de la petite enfance (CPE) de Val-Alain, j’ai fait l’objet de menaces et d’intimidation», a-t-elle écrit vendredi sur Facebook. 

«Dans le but de protéger mon équipe, j’ai décidé de fermer temporairement le bureau de circonscription de Saint-Apollinaire et la Sûreté du Québec (SQ) a été contactée», a-t-elle ajouté. 

L’élue de la région de Chaudière-Appalaches n’a pas donné suite à la demande d’entrevue de La Presse Canadienne, tandis que la SQ n’a pas voulu confirmer ni infirmer la tenue d’une enquête.

La semaine dernière, les citoyens de Val-Alain ont appris que le ministère de la Famille annulait le projet de CPE de 29 places dans leur municipalité en raison d’un dépassement de coût.

Le ministère envisage plutôt de bonifier un projet de CPE à Saint-Apollinaire, à environ 30 kilomètres de Val-Alain, selon ce qu’a rapporté Radio-Canada le 19 février dernier.

Ce jour-là, le maire et préfet de la MRC de Lotbinière, Daniel Turcotte, a organisé un rassemblement citoyen pour dénoncer la décision du gouvernement Legault.

Manque de respect aux élus

Vendredi, sans commenter le cas d’Isabelle Lecours, le Parti libéral du Québec s’est inquiété pour tous ces élus qui vivent de «l’incivilité», du «harcèlement» et des «menaces».

Les députés libéraux Michelle Setlakwe et Enrico Ciccone ont demandé qu’une commission parlementaire se penche sur ce phénomène de plus en plus affligeant, surtout au niveau municipal.

Le dernier cas en date: la mairesse de Gatineau, France Belisle, a créé la surprise jeudi en annonçant son départ de la vie politique pour protéger sa santé physique et mentale.

«Les menaces envers les élus de tous les paliers de gouvernement et la toxicité véhiculée sur les médias sociaux doivent être dénoncées», a déclaré M. Ciccone par communiqué.

Dans les municipalités, on assiste à une véritable vague de départs, a renchéri Québec solidaire. Depuis 2021, ce sont près de 800 élus municipaux qui ont quitté leurs fonctions.

«À l’Assemblée nationale, on devrait être les premiers à agir pour freiner la hausse alarmante des démissions d’élus municipaux», a déclaré le député solidaire Étienne Grandmont.

«Je tends la main à mes vis-à-vis des autres partis pour qu’on s’assoie ensemble et qu’on trouve des solutions concrètes», a-t-il ajouté.

Pour le député péquiste Joël Arseneau, il est clair qu’une «prise de conscience» est «nécessaire».

«Nous appuyons l’idée d’une commission parlementaire (qui) s’inscrit dans une logique de prévention, de sensibilisation et d’action contre l’intimidation et la dégradation du respect aux élus», a-t-il affirmé.

La ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, a quant à elle évité de se prononcer, vendredi, sur la pertinence d’une commission parlementaire pour étudier d’urgence la question.

Elle a toutefois fait savoir que ses directions régionales allaient «communiquer rapidement avec l’ensemble des municipalités de leur territoire pour s’enquérir de leur situation».

Mme Laforest tient notamment à ce qu’elles rappellent aux villes qu’elles peuvent recevoir de l’accompagnement, par exemple «sur les rôles et les responsabilités des élus, la gestion des ressources humaines (…) ou l’éthique».

«Lorsque la situation l’exige, les directions régionales peuvent également réaliser un accompagnement plus soutenu», a-t-elle déclaré sur les réseaux sociaux. 

«J’attendrai rapidement les recommandations. (…) Nous poursuivons notre travail pour soutenir les élus comme il se doit», a ajouté la ministre.

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