L’Ouest veut un engagement du Canada sur l’exportation des ressources naturelles

Dylan Robertson, La Presse Canadienne
L’Ouest veut un engagement du Canada sur l’exportation des ressources naturelles

OTTAWA — L’Ouest canadien souhaite que le gouvernement fédéral s’engage plus nettement à augmenter les exportations des ressources naturelles vers l’Asie.

En novembre, la ministre fédérale des Affaires étrangères, Mélanie Joly, avait dévoilé une stratégie visant à renforcer les liens avec les pays de ce continent afin de contrer l’influence croissante de la Chine.

Selon la ministre du Commerce de l’Alberta, Rajan Sawhney, la stratégie fédérale représente un bon point de départ, mais elle nécessite un plus grand engagement pour y inclure l’exportation des carburants, comme du gaz naturel liquéfié vers l’est de l’Asie. Elle prévoit organiser un sommet avec d’autres dirigeants des provinces de l’Ouest afin de coordonner une offensive pour que la stratégie fédérale soit modifiée afin de mieux refléter les besoins de leur région.

«Certaines personnes à Ottawa comprennent ce que nous pouvons offrir au chapitre des ressources  énergétiques et ce que nous pourrons offrir dans l’avenir, dit-elle. Et il y a en d’autres qui repoussent cela.»

Des experts déplorent que l’Ouest canadien ait des liens commerciaux disproportionnés avec la Chine. 

Stephen Nagy, un professeur de l’Université internationale chrétienne de Tokyo, les liens entre l’Ouest canadien et la Chine sont tributaires des relations entre Ottawa et Pékin. Il ajoute que ces relations commerciales représentent «un gain net» pour le Canada.

«Au cours de la pandémie — au milieu des plus vives tensions entre le Canada et la Chine — le commerce entre l’Ouest canadien et la Chine s’est accru.»

Le Pr Nagy souligne que la stratégie fédérale est efficace pour recenser les façons par lesquelles le Canada peut améliorer ses liens économiques avec la Chine, tout en limitant les échanges impliquant les entreprises technologies et en promouvant les produits agricoles et les ressources naturelles.

Il déplore que le gouvernement fédéral ne semble pas parler d’une seule voix sur ce sujet. Certains ministres souhaitent ouvertement des liens commerciaux plus étroits tandis que d’autres veulent s’en dégager. Il craint que cette dissonance soit encore plus marquée à cause des allégations d’ingérence du gouvernement chinois dans les élections canadiennes.

«Cela aura des répercussions sur les exportateurs de l’Ouest canadien», lance le Pr Nagy.

Mac Ross, le directeur des politiques commerciales à Pulse Canada, fait valoir que le secteur des légumineuses doit relever d’importants défis en Asie, même si le Canada est le plus important exportateur mondial.

«C’est vraiment une occasion importante pour le milieu agricole de l’Ouest canadien de se placer comme chef de file des fournisseurs agroalimentaires de la région, souligne-t-il. Mais parallèlement, c’est une région où le protectionnisme et les tendances anarchiques sont en hausse.»

Par exemple, l’Inde et Pakistan ont adopté soudainement des droits de douane et des politiques de fumigation qui causent des maux de tête aux exportateurs. Le Népal et le Sri Lanka ont interdit l’importation de certains produits afin de tenter de stabiliser la circulation monétaire intérieure.

«Le point commun de toutes ces mesures, c’est que le Canada n’a vu aucun signal d’alarme à leur sujet. Le problème n’est apparu que lorsque des livraisons ont été refusées dans les ports», mentionne M. Ross.

Meredith Lilly, une professeure d’économie à l’Université de Carleton, dénonce le manque de précision de la stratégie fédérale. Elle aimerait notamment savoir comment le Service des délégués commerciaux sera renforcé pour mieux appuyer les entreprises à s’étendre en Asie.

«C’est très clair que les autorités n’ont pas encore mis au point un plan pour la mise en œuvre», dit la Pre Lilly, une ancienne conseillère de l’ancien premier ministre Stephen Harper.

Elle ajoute que l’absence d’un plan concret donne aux provinces l’occasion d’exercer de la pression sur le gouvernement fédéral pour mettre l’importance sur certains sujets. Toutefois, elle les met en garde contre des demandes contradictoires qui pourraient retarder l’implication du Canada en Asie. Elle rappelle que des querelles intérieures sur le bois d’œuvre avaient nui aux réactions du gouvernement fédéral lors de la crise commerciale avec les États-Unis.

La Pre Lilly aimerait aussi que le gouvernement fédéral réévalue certaines de ses politiques environnementales, comme le règlement à l’étude sur les émissions causées par les fertilisants et la taxe sur le carbone. Ces mesures pourraient rendre les produits canadiens plus chers sur les marchés mondiaux.

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