L’organisme de traitements en toxicomanie Portage célèbre ses 50 ans d’existence

Élo Gauthier Lamothe, La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Portage a soufflé mardi ses 50 bougies, marquant des décennies de soutien à plus de 40 000 personnes aux prises avec des problèmes de toxicomanie depuis sa création.

L’organisme québécois à but non lucratif, qui compte 13 centres de réadaptation répartis à travers le Québec, l’Ontario et le Nouveau-Brunswick, a toujours su innover en matière de traitement des dépendances, a indiqué en entrevue Seychelle Harding, directrice des communications et du marketing.

«Les gens disent souvent que la partie facile, c’est la thérapie, parce qu’on est bien encadrés. Après, quand on retourne dans le monde, avec les mauvaises influences, c’est là que c’est difficile», précise-t-elle.

Portage lancera d’ailleurs, d’ici un ou deux mois, sa première application mobile de soutien aux personnes qui terminent leur programme de réadaptation. Basée sur les pratiques de soutien et de réinsertion sociale de l’organisme, l’application permettra d’offrir un complément au programme Postcure, qui assure un suivi des résidents pendant deux ans après la fin de leur traitement.

«Tous les jours, ils auront du travail à faire. Il peut y avoir des pensées positives, mais aussi des petits exercices à remplir, etc. (…) Rendus en 2023, il fallait l’offrir, surtout pour les adolescents qui font tout sur leur téléphone. Je pense que ça va simplifier la vie de nos résidents», explique Mme Harding.

Outre la modernisation de ses services, Portage a aussi récemment adapté son programme d’aide aux adolescents de 14 à 21 ans. Une thérapie durant en moyenne 6 mois, un jeune peut désormais rester dans un des centres pour une période de 3 à 6 mois, selon le travail à faire et la famille qui l’accompagne.

 «Tous nos programmes adolescents ont des écoles sur place. On travaille avec des commissions scolaires locales et les jeunes continuent à s’instruire chaque jour. Certains rattrapent leur retard et retournent ensuite aux études, et on a même eu plusieurs jeunes qui ont terminé leur secondaire 5 avec nous», raconte la directrice.

Des programmes adaptés

Les services de thérapie sont offerts selon le type de clientèle, que ce soient des adultes, des femmes enceintes ou avec de jeunes enfants, des individus souffrant de problèmes de santé mentale ou des personnes autochtones.

«On a un programme unique où les mères viennent en traitement avec leurs enfants, jusqu’à ce que ceux-ci aient 5 ans, ainsi qu’une garderie et des éducatrices spécialisées sur place, souligne Seychelle Harding. (…) On a aussi un programme pour personnes qui ont des problèmes de santé mentale, principalement la schizophrénie, où on les aide à maîtriser leurs symptômes de santé mentale et leur toxicomanie en même temps».

Basés sur l’approche de la communauté thérapeutique, les programmes sont entièrement gratuits et permettent aux résidents de cheminer avec des personnes qui ont un parcours similaire au leur.

«C’est vraiment l’entraide entre les pairs. Les nouveaux qui arrivent sont soutenus par d’autres résidents dans des phases plus avancées de leur traitement. Tout ça est chapeauté par des intervenants, un personnel infirmier et des professionnels», ajoute-t-elle.

Afin de poursuivre sa mission, Portage a inauguré l’été dernier un nouveau pavillon pour les femmes souffrant de toxicomanie sur son site du lac Écho, dans les Laurentides.

L’organisme a aussi organisé, en septembre dernier, une conférence scientifique inspirée par l’objectif d’éliminer les obstacles au traitement des dépendances affectant les femmes et leurs jeunes enfants. Le Symposium international sur les femmes et la dépendance, tenu au Nouveau-Brunswick, a été diffusé dans plus de 10 pays, dont l’Angleterre, la France et la Suède.

En marge de son 50e anniversaire, Portage a déployé la campagne nationale de sensibilisation «ToxicoMalpris», qui illustre la facilité avec laquelle la dépendance peut isoler une personne. La première phase a été diffusée de manière entièrement numérique pour mieux rejoindre les jeunes, et différents affichages se retrouveront dans les rues de Montréal au cours de l’été 2023.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.

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