L’Ontario abaisse à 40 ans l’âge du dépistage régulier du cancer du sein

Allison Jones, La Presse Canadienne
L’Ontario abaisse à 40 ans l’âge du dépistage régulier du cancer du sein

TORONTO — L’Ontario abaisse de 50 à 40 ans l’âge du dépistage régulier du cancer du sein financé par l’État, ce qui, selon la ministre de la Santé, Sylvia Jones, facilitera la détection précoce de la maladie.

Mme Jones a indiqué lundi qu’avec cette expansion 130 000 mammographies supplémentaires seront réalisées dans la province chaque année.

«Près de 12 000 Ontariennes et Ontariens reçoivent un diagnostic de cancer du sein chaque année», a déclaré la ministre lors d’une conférence de presse.

«Nous savons qu’une détection précoce grâce à un dépistage régulier par mammographie peut sauver des vies, en détectant le cancer du sein avant qu’il n’ait la chance de se propager. Avec cette expansion historique, davantage de mammographies seront réalisées chaque année, garantissant que le cancer du sein est détecté et traité plus tôt», a-t-elle ajouté.

Cette décision fait suite à un projet de recommandation du groupe de travail sur les services préventifs des États-Unis, publié en début d’année, selon lequel les dépistages dans ce pays devraient commencer à 40 ans au lieu de 50 ans, car les données disponibles suggèrent que cette mesure aurait un effet bénéfique modéré sur la réduction du nombre de décès.

Ce changement en Ontario signifie qu’à partir de l’automne 2024, les femmes admissibles, trans, bispirituelles et les personnes non binaires âgées de 40 à 74 ans pourront se présenter elles-mêmes à une mammographie tous les deux ans.

Les personnes âgées de 30 à 69 ans peuvent déjà passer régulièrement des mammographies et des IRM des seins si elles sont considérées comme présentant un risque élevé, comme celles qui ont des antécédents familiaux de cancer du sein ou celles qui sont porteuses de certains gènes connus pour augmenter le risque de cancer du sein.

Le ministère affirme que d’ici l’automne prochain, les établissements offrant le dépistage du cancer du sein embaucheront du nouveau personnel et travailleront avec le gouvernement pour développer un système de rapport public afin que les patientes puissent connaître les temps d’attente à l’échelle de la province.

«Près de 12 000 femmes reçoivent un diagnostic de cancer du sein chaque année, et nous savons qu’une détection précoce et un accès accru aux soins sauvent des vies», a déclaré Mme Jones dans un communiqué.

«C’est pourquoi notre gouvernement prend aujourd’hui cette mesure importante pour élargir le Programme ontarien de dépistage du cancer du sein afin de connecter un million de femmes supplémentaires aux services dont elles ont besoin pour garantir un accès rapide au traitement et sauver des vies.»

Sherry Wilcox, à qui on a diagnostiqué un cancer du sein dans la quarantaine, a déclaré que ce changement était important.

«Je suis très reconnaissante qu’avec cette annonce, d’autres femmes n’aient pas à endurer la douleur d’un diagnostic ultérieur comme moi», a-t-elle écrit dans une citation tirée du communiqué de presse de la ministre Jones.

«La recherche montre que la détection précoce du cancer du sein entraîne une thérapie moins agressive et une réduction des taux de mortalité – cette annonce sauvera des vies.»

Le Dr Martin Yaffe, codirecteur du programme d’imagerie de l’Institut ontarien de recherche sur le cancer, a déclaré qu’il a été démontré que le dépistage réduit la mortalité jusqu’à 44%.

«Si les cancers sont détectés plus tôt, les femmes peuvent souvent être épargnées par les aspects les plus durs du traitement», a-t-il déclaré en entrevue.

«Elles pourraient donc subir une tumorectomie – ou une chirurgie mammaire conservatrice, comme on l’appelle – plutôt qu’une mastectomie. Elles pourraient peut-être éviter la chimiothérapie, qui est une expérience désagréable, et elles pourraient également éviter d’avoir… une intervention chirurgicale à l’aisselle pour enlever les ganglions lymphatiques», a-t-il ajouté.

Cela est également bénéfique pour le système de santé dans son ensemble, a poursuivi le médecin.

«Certains de mes collègues à Ottawa et moi-même avons récemment publié un article sur le coût du traitement du cancer du sein et avons montré très clairement que si on le traite à un stade précoce, cela coûte beaucoup moins cher, parfois 20 à 30 fois moins cher que lorsque vous traitez des cancers avancés, plus avancés», a déclaré le Dr Yaffe.

Cependant, il a déclaré que le programme serait encore plus bénéfique si le dépistage était proposé aux femmes de ce groupe d’âge chaque année, plutôt qu’une fois tous les deux ans. Les cancers préménopausiques ont tendance à se développer plus rapidement et à être plus agressifs, a déclaré le Dr Yaffe, ce qui signifie que les dépistages effectués tous les deux ans pourraient encore manquer des cas.

Dense Breasts Canada, un groupe à but non lucratif qui sensibilise au dépistage optimal du cancer du sein, a déclaré que la nouvelle est particulièrement bienvenue pour les femmes noires, asiatiques et hispaniques, dont l’incidence du cancer du sein apparaît plus tôt et atteint un pic à la fin de la quarantaine.

«Se faire dépister avant 50 ans permet à des milliers de femmes de voir leur cancer détecté plus tôt, alors qu’il est plus facile à traiter», a écrit la directrice générale Jennie Dale dans un communiqué.

«Des vies dépendent d’un dépistage précoce», a-t-elle soutenu.

Un porte-parole de Mme Jones a indiqué que Santé Ontario s’efforçait de déterminer le nombre d’employés qui devront être embauchés et qu’il n’était donc pas en mesure de dire à ce stade quel montant de financement serait consacré à l’expansion du dépistage. 

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