Les jeunes filles tardent à retrouver leur mode de vie actif

Ugo Giguère, La Presse Canadienne

MONTRÉAL — On le sait, la pandémie de COVID-19 a bouleversé une foule d’aspects de la société et certains de ces effets continuent de se faire sentir malgré le quotidien qui a repris son cours. De nouvelles données dévoilées par Statistique Canada révèlent que les jeunes filles tardent à reprendre la pratique d’activités physiques. 

Dans le rapport intitulé «Répercussions durables de la pandémie de COVID-19 sur l’activité physique et le temps passé devant un écran chez les jeunes canadiens», on apprend que tout juste avant le début de la crise sanitaire, entre janvier et mars 2020, 47,1 % des filles de 12 à 17 ans suivaient les recommandations de pratiquer une heure d’activité modérée à vigoureuse par jour. Ce taux atteignait 54,3 % chez les garçons du même âge.

Puis, avec l’imposition des restrictions sanitaires, ces taux ont chuté de manière importante entre septembre et décembre 2020. À peine 34,8 % des filles et 39,5 % des garçons avaient alors maintenu leur niveau d’activité physique à une heure par jour.

Or, si leurs camarades masculins ont depuis retrouvé leurs bonnes habitudes, les jeunes filles tardent à rattraper le temps perdu. Pour la période de janvier 2021 à février 2022, plus de la moitié des garçons (52,2 %) disaient bouger au moins 60 minutes quotidiennement contre à peine 35 % des filles.

Le même phénomène s’observe aussi dans la durée moyenne de l’activité physique quotidienne. Au début de 2020, on atteignait 81,8 minutes pour les garçons et 68,1 minutes pour les filles. Ces chiffres ont ensuite chuté avec l’apparition des mesures visant à freiner la propagation du virus du SRAS CoV-2, mais ont depuis remonté chez les garçons. Dans le cas des adolescentes, on observe encore un manque à gagner avec une durée moyenne d’effort de 55,5 minutes par jour au cours de la période de janvier 2021 à février 2022.

Toutes ces données analysées dans le rapport sont tirées de l’«Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes». Des cohortes différentes de centaines de jeunes ont été interrogées à chacune des périodes mentionnées afin de connaître leurs habitudes en matière d’activité physique.

Pour le professeur adjoint à la faculté de médecine de l’Université d’Ottawa, Jean-Philippe Chaput, ces constats ne sont pas étonnants puisque les experts savaient bien avant la pandémie que le groupe le plus à risque de ne pas bouger suffisamment est celui des adolescentes. Plus précisément encore, les jeunes filles de milieux socioéconomiques défavorisés sont encore moins actives.

Sans détenir d’explication claire, le professeur Chaput évoque une liste de priorités bien garnie à l’adolescence, où l’activité physique est reléguée bien loin. «Il y a tellement de choses qui nous intéressent comme être avec nos amis, être sur les réseaux sociaux», décrit celui qui se spécialise dans la recherche sur les saines habitudes de vie chez les jeunes.

Il ajoute que cette période remplie de bouleversements marque aussi une quête d’autonomie, où l’emprise des parents n’est plus la même sur leurs enfants. Malgré tout, l’expert soutient que l’exemple parental demeure un outil essentiel pour faire bouger les jeunes.

Spirale positive

L’enquête de Statistique Canada démontre que bon nombre de jeunes ont transposé leur temps actif vers du temps d’écran. Un tel comportement peut entraîner une spirale négative, explique Jean-Philippe Chaput. Plus de temps d’écran mène à un sommeil moins efficace et donc à une baisse du niveau d’énergie. En conséquence, on est moins disposé à bouger, on mange moins bien, on passe encore plus de temps devant les écrans, on dort moins bien, etc.

Or, on peut renverser cette tendance et créer une spirale positive. Le professeur Chaput rappelle également que «bouger est la meilleure pilule pour la santé globale, pour la santé mentale, la santé physique, la qualité de vie».

Il recommande comme point de départ de simplement passer un peu plus de temps à l’extérieur. «Juste le fait d’être dehors, ça augmente le nombre de pas dans une journée. Ça, c’est du mouvement, et c’est ce qu’il faut viser», résume-t-il.

Peu importe le moyen choisi, l’important demeure de bouger. Pas besoin d’intégrer des sports organisés, la marche, le yoga, la danse sont d’excellents moyens simples et ludiques de se mettre en mouvement.

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

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