OTTAWA — Deux scientifiques d’un laboratoire de haute sécurité ont perdu leur emploi après que des analyses ont révélé qu’ils n’avaient pas réussi à protéger les actifs et les informations sensibles et ont minimisé leur collaboration avec les agences gouvernementales chinoises, selon des documents récemment publiés.
Les scientifiques, Xiangguo Qiu et son mari, Keding Cheng, ont été déchus de leurs habilitations de sécurité en raison de questions concernant leur loyauté envers le Canada et le potentiel de coercition ou d’exploitation par une entité étrangère, indiquent les documents.
Plus de 600 pages ont été rendues publiques mercredi à la suite d’un examen spécial des dossiers par tous les partis.
Les partis d’opposition espéraient que les documents feraient la lumière sur les raisons pour lesquelles Mme Qiu et M. Cheng ont été escortés hors du Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg en juillet 2019, puis licenciés en janvier 2021.
Ils voulaient également voir des documents liés au transfert, supervisé par Mme Qiu, des virus mortels Ebola et Henipah à l’Institut chinois de virologie de Wuhan en mars 2019.
Trois anciens juges de haut rang ont eu le dernier mot sur la divulgation publique des documents récemment dévoilés, qui sont partiellement expurgés.
Les dossiers montrent que le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) a estimé que Mme Qiu avait menti à plusieurs reprises sur l’étendue de son travail avec les institutions du gouvernement chinois et avait refusé d’admettre son implication dans divers programmes chinois, même lorsque des preuves lui étaient présentées.
Le SCRS a conclu que, bien qu’on lui ait donné toutes les occasions, lors de ses entretiens, de décrire son association avec des entités chinoises, «Mme Qiu a continué à nier catégoriquement, à feindre l’ignorance ou à dire des mensonges purs et simples.»
Un rapport de l’Agence de la santé publique du Canada de novembre 2020 sur Mme Qiu indique que les enquêteurs «ont évalué les informations défavorables et sont d’accord avec l’évaluation du SCRS».
Les enquêteurs ont conclu que la loyauté de Mme Qiu «reste très préoccupante» en raison de ses contacts directs avec des entités liées à un État étranger.
Un rapport de l’Agence de santé publique sur les activités de M. Cheng indique qu’il a autorisé des visiteurs soumis à des restrictions à travailler sans escorte dans les laboratoires et qu’à au moins deux reprises, il n’a pas empêché le retrait non autorisé de matériel de laboratoire.
Le rapport indique également que M. Cheng n’a pas été franc au sujet de ses activités et de ses collaborations avec des personnes appartenant à des agences gouvernementales «d’un autre pays, à savoir des membres de la République populaire de Chine».
«Les actions du Dr Cheng reflètent celles d’un individu qui est négligent avec les informations et les biens sous sa garde et qui n’est pas franc et véridique lorsqu’il est interrogé sur ces communications.»
Dans une déclaration, le chef conservateur Pierre Poilievre a accusé le gouvernement libéral de permettre au gouvernement chinois et à ses entités d’infiltrer le laboratoire de plus haut niveau du Canada.
«Il s’agit d’un échec massif en matière de sécurité nationale de la part de Justin Trudeau et de son gouvernement libéral, qu’il s’est battu bec et ongles pour dissimuler.»
Le ministre de la Santé, Mark Holland, a reconnu que les documents révélaient un «respect laxiste des protocoles de sécurité».
Mais M. Holland a insisté sur le fait qu’à aucun moment les secrets nationaux ou les informations menaçant la sécurité du Canada n’ont quitté le laboratoire.
«Je pense qu’il y a eu une mauvaise compréhension de la menace d’ingérence étrangère, a-t-il déclaré aux journalistes. Je crois qu’un effort sérieux a été fait pour adhérer à ces politiques, mais pas avec la rigueur requise.»