Legault demandera à Trudeau les pleins pouvoirs en immigration

Patrice Bergeron, La Presse Canadienne
Legault demandera à Trudeau les pleins pouvoirs en immigration

QUÉBEC — Le premier ministre François Legault demandera à son homologue fédéral Justin Trudeau, vendredi, le rapatriement au Québec de tous les pouvoirs en immigration et évaluera ses options en cas de refus.

C’est ce qu’il a laissé savoir jeudi en réponse à une question du chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon.

L’immigration est une compétence partagée entre Ottawa et Québec et le dossier est devenu une pomme de discorde entre les deux gouvernements.  

Les deux premiers ministres se rencontrent vendredi à Montréal pour discuter de la situation que M. Legault juge inquiétante en immigration: il réclame la diminution du nombre d’immigrants temporaires et de demandeurs d’asile. 

Au 31 décembre, le Québec accueillait un total de 528 000 résidents non permanents. De ce nombre, il y avait 367 383 titulaires de permis avec les membres de leurs familles, ainsi que 160 651 demandeurs d’asile – ce qui représente 55,6 % du total des demandeurs d’asile au pays et ce qui met beaucoup de pression sur la prestation des services. 

«Oui, ça va faire partie des points, c’est moi qui a demandé la rencontre avec M. Trudeau, puis ça va faire partie de mes demandes, donc, de rapatrier tous les pouvoirs en matière d’immigration», a déclaré M. Legault à la période de questions. 

«Coup de théâtre ce matin», a écrit par la suite le chef péquiste dans le réseau X en avouant avoir été dérouté. 

«Ça fait maintenant trois ans et demi que je suis chef du PQ, ça fait trois ans et demi que je demande constamment au premier ministre de tenir sa promesse et de demander formellement l’obtention d’Ottawa des pleins pouvoirs en immigration. Je ne m’attendais pas à ça, mais en réponse à ma énième question sur cet enjeu, le premier ministre a finalement répondu par l’affirmative.»

M. Legault songe déjà à un plan B en cas de refus du fédéral de lui transférer tous les pouvoirs en immigration.

«On va évaluer nos options, a-t-il évoqué. Il y a des options qui se présentent, on est déjà en train de les évaluer.»

La revendication des pleins pouvoirs en immigration pour le Québec fait partie du programme nationaliste de la Coalition avenir Québec (CAQ) depuis 2015, mais jamais le parti n’a réussi à obtenir gain de cause.  

Le plan caquiste de revendications au fédéral comportait 18 revendications, du rapport d’impôt unique confié au Québec au rapatriement des budgets fédéraux en culture au Québec, en passant par l’abolition ou la réforme du Sénat, mais le PQ aime à rappeler qu’il y a eu bien peu de gains.

Le gouvernement Legault affirme que la capacité d’accueil du Québec est dépassée et qu’on n’arrive plus à fournir les services publics aux nouveaux arrivants, que ce soit en matière de francisation ou de scolarisation, aide sociale, aide juridique, services de santé, en plus de la crise du logement.

Québec soutient donc qu’«on s’approche d’une crise» et réclame notamment 1 milliard $ au fédéral pour les dépenses engagées dans l’accueil des demandeurs d’asile depuis 2021. Ottawa n’a avalisé que 155 millions $ de la facture et le lieutenant québécois du gouvernement Trudeau, Pablo Rodriguez, a invité Québec à en discuter autour de la table de négociations – de là cette rencontre au sommet Legault-Trudeau. 

En vertu d’un accord Canada-Québec signé en 1991, le Québec contrôle le volume d’entrée de ses futurs résidents permanents, les immigrants économiques, ainsi que leur intégration et francisation. L’immigration économique a représenté 66 % de l’immigration permanente en 2022.

Le fédéral s’occupe des réfugiés, de la réunification familiale et des enjeux liés à la citoyenneté.

Le Québec peut recevoir un pourcentage du total des immigrants arrivant au Canada qui équivaut à la proportion de sa population au sein de la fédération. À l’heure actuelle, le poids démographique du Québec est d’environ 22,3 % de la population canadienne.

M. Trudeau avait déjà dit que le Québec avait la «pleine capacité» d’accueillir 112 000 immigrants par an, donc un peu plus de 22 % de la cible de 500 000 immigrants permanents que son gouvernement veut accueillir par an d’ici à 2025. 

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