Le transport aérien régional est menacé par la fin d’un programme, selon le PQ

Mathieu Paquette, La Presse Canadienne
Le transport aérien régional est menacé par la fin d’un programme, selon le PQ

MONTRÉAL — L’offre de service de transport aérien pourrait être menacée dans certaines régions éloignées du Québec en raison de la fin d’un programme gouvernemental qui venait en aide aux transporteurs québécois, dénonce le Parti québécois.

«Le seul programme gouvernemental qui permettait la desserte régionale, c’est celui qu’on vient d’abandonner. Donc, évidemment que ça va entraîner des coupures de service, l’abandon de certaines liaisons, avec des impacts majeurs pour le développement socio-économique et même pour la santé des gens de ces régions-là», a déploré en entrevue le député péquiste des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau.

Dans son budget 2023-2024, présenté en mars, le gouvernement a octroyé 10 millions $ pour prolonger le Programme d’aide pour le maintien des services aériens régionaux essentiels, qui avait d’abord été mis en place pour aider les transporteurs à survivre à la baisse draconienne de l’achalandage pendant la pandémie de COVID-19.

Ce programme visait à leur offrir de l’aide financière pour éponger leur déficit d’exploitation, afin qu’ils puissent maintenir une offre de service adéquate dans des régions comme le Nord-du-Québec, le Nunavik, la Baie-James, la Basse-Côte-Nord, l’île d’Anticosti et les Îles-de-la-Madeleine, qui sont mal desservies par les grands joueurs de l’industrie aérienne.

Il a été reconduit le printemps dernier, puisque le gouvernement reconnaissait que «les effets de la pandémie sur l’achalandage des services aériens régionaux perdurent» et que les transporteurs aériens sont confrontés à de nouveaux défis, comme la hausse du prix du carburant.

Cependant, ce programme a pris fin le 30 septembre dernier et aucune nouvelle somme concernant son prolongement n’a été annoncée dans la mise à jour économique présentée cette semaine à Québec.

En réponse aux questions de La Presse Canadienne, le cabinet de la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, a rappelé que le programme visait à «pallier les effets de la pandémie auprès des transporteurs aériens».

«Deux ans plus tard, la quasi-totalité des transporteurs a retrouvé ou dépassé leur achalandage pré-pandémique», a-t-on fait valoir.

Or, M. Arseneau est d’avis que ce programme est toujours essentiel et que son abandon va nuire aux régions éloignées si le nombre de vols qui se rendent jusque chez elles diminue.

 «Chaque jour, on parle de citoyens qui vont se faire soigner à Québec. Il y a des professionnels de la santé — des médecins spécialistes, des infirmières, des préposés aux bénéficiaires — qui doivent voyager sur une base régulière, parce qu’on est extrêmement dépendants de la main-d’œuvre indépendante, donc il y a des effets immédiats», a prévenu l’élu madelinot.

Déjà des réductions annoncées

En réaction à la fin du programme d’aide, le transporteur québécois Pascan Aviation a transmis une lettre à ses employés cette semaine dans laquelle il a annoncé qu’il réduira le nombre de ses vols réguliers dès le début décembre, en plus de supprimer certaines liaisons régionales qui ne sont pas «financièrement viables».

«Cette annonce du gouvernement survient en plus durant la période de l’année la moins achalandée alors que le niveau de nos réservations sera, comme à chaque année, en baisse importante. Cela nous contraint malheureusement à réviser nos opérations pour assurer la pérennité de nos activités dans ce nouvel environnement», a indiqué l’entreprise.

Le tout entraînera des «mises à pied temporaires ou permanentes» que l’entreprise aurait souhaité éviter, mais qui sont «essentielles dans le contexte actuel». Le nombre exact de licenciements n’est pas encore connu, mais les premiers employés touchés seront mis au courant dans les prochains jours.

Selon M. Arseneau, la stratégie du gouvernement Legault de miser sur la hausse de l’achalandage pour soutenir le transport aérien régional — notamment en offrant des billets à 500 $ — n’a pas porté ses fruits.

«C’est incompréhensible que le gouvernement constate que son Programme d’accès aérien aux régions ne fonctionne pas, et qu’en même temps, on mette fin à celui qui fonctionne pour maintenir les services. C’est littéralement jeter l’industrie complètement à terre», a-t-il estimé.

Il réclame donc que le Comité permanent sur le transport aérien régional, qui a été mis en place en février à l’Assemblée nationale, se réunisse d’urgence afin de trouver des solutions structurantes pour aider à protéger les liaisons aériennes avec les régions éloignées du Québec.

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