Le soutien à l’Ukraine ne déclinera pas, assure Ottawa, en réponse à un sondage

Émilie Bergeron, La Presse Canadienne
Le soutien à l’Ukraine ne déclinera pas, assure Ottawa, en réponse à un sondage

OTTAWA — Des ministres fédéraux ont tour à tour réaffirmé mardi l’appui du Canada à l’Ukraine, alors que les résultats d’un sondage pointent vers une montée, au sein de la population, du sentiment que le gouvernement en fait trop.

«Je pense que les Ukrainiens savent qu’ils peuvent compter sur le Canada et les Canadiens savent très bien que les Ukrainiens se battent pour leur liberté, mais également la nôtre», a déclaré la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, en se rendant à une réunion du cabinet.

À son avis, l’appui à l’aide envoyée par le Canada n’est pas «en chute libre», a-t-elle dit en reprenant l’expression employée par un journaliste au cours de la mêlée de presse.

«Je pense que les Canadiens, aussi, savent très bien que le Canada sera toujours là, autant qu’il le faudra», a dit Mme Joly.

Son collègue Marc Miller a renchéri que «les Canadiens s’attendent à ce (qu’Ottawa) garde une main ferme là dessus». «Le soutien de notre gouvernement ne faiblira pas», a-t-il ajouté.

En matinée, l’Institut Angus Reid signalait que, selon un récent coup de sonde, 25 % des Canadiens sont d’avis que le Canada offre un trop grand soutien à l’Ukraine, qui fait face, depuis environ deux ans, à l’invasion russe.

Selon la maison de sondage, la proportion s’élevait plutôt à 13 % en mai 2022 et à 17 % en février 2023.

Un peu plus de 1600 Canadiens membres du forum Angus Reid ont été sondés en ligne à la fin janvier. Si l’échantillon avait été probabiliste, la marge d’erreur aurait été de plus ou moins 2 %, 19 fois sur 20, a-t-on soutenu.

Le sondage attribue largement la baisse d’appui dans la population canadienne aux électeurs conservateurs. Selon les résultats publiés, 43 % des répondants qui estiment que le Canada en fait trop sont des électeurs conservateurs, contre 10 % pour les sympathisants libéraux et 12 % pour ceux du Nouveau Parti démocratique.

Le leader en Chambre des libéraux, Steven MacKinnon, croit qu’il y a un lien à faire entre ces résultats et la décision des troupes de Pierre Poilievre de s’opposer à un projet de loi sur l’accord de libre-échange avec l’Ukraine.

«Quand M. Poilievre montre un leadership défaillant face à un tel impératif moral, vous pouvez évidemment vous attendre à ce que ceux qui le suivent commenceront à faiblir aussi», a-t-il lancé en mêlée de presse.

Les conservateurs disent en avoir contre libellé de l’entente que le projet de loi vise à moderniser et qui stipule que les deux pays vont «promouvoir la tarification du carbone». Ils ont affirmé qu’ils ne rejetaient toutefois pas l’idée de modernisation de cet accord.

Après s’être fait remarquer en novembre pour leur opposition lors du vote en deuxième lecture, les conservateurs ont maintenu leur position mardi au cours de la mise aux voix en troisième lecture.

Ils n’ont toutefois pas été assez nombreux pour bloquer l’adoption, en Chambre, du projet de loi. Selon le décompte déclaré aux Communes, 214 députés ont voté pour et 116 contre. La pièce législative doit prendre le chemin du Sénat pour la suite de son parcours législatif.

Le Congrès des Canadiens ukrainiens a salué l’issue du vote, mais, dans une pointe à l’adresse des conservateurs, a déploré que l’adoption ne se soit pas faite unanimement.

«(Le Congrès) va continuer de travailler pour s’assurer que le courageux peuple ukrainien reçoive le soutien dont ils ont besoin et qu’ils méritent. (…) Nous appelons tous les Canadiens et tous les partis politiques à faire de même», a-t-on réagi.

En avant-midi, M. Poilievre a, comme les libéraux, réaffirmé que son caucus croit «qu’il faut soutenir l’Ukraine».

«Il ne faut pas mesurer nos résultats, ni pour les ports fédéraux, ni pour le logement, ni pour le support de l’Ukraine en termes d’argent, mais en termes de résultats», a-t-il dit durant un point de presse à Montréal.

Il a affirmé que le premier ministre Justin Trudeau est un «gros parleur, petit faiseur» puisque, selon lui, des mesures d’appuis au peuple ukrainien annoncées depuis longtemps se font toujours attendre.

Le chef conservateur a plaidé en faveur de l’exportation de gaz naturel canadien vers l’Europe afin de réduire la dépendance énergétique envers la Russie. Il a ajouté que des missiles en voie d’être détruits au Canada devraient être envoyés à l’Ukraine.

– Avec des informations de Pierre Saint-Arnaud, à Montréal

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