Le plan fédéral pour réduire les émissions de GES rate ses cibles, conclut un audit

Mia Rabson, La Presse Canadienne
Le plan fédéral pour réduire les émissions de GES rate ses cibles, conclut un audit

OTTAWA — Le plan détaillé du Canada pour atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 n’atteint pas ses cibles, conclut le commissaire fédéral à l’environnement.

Jerry DeMarco a étudié en profondeur le plan fédéral de réduction des émissions, dans le cadre d’une série d’audits déposés mardi à la Chambre des communes.

Le «Plan de réduction des émissions pour 2030», publié par le gouvernement libéral en 2022, constitue une exigence en vertu de la nouvelle Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité, adoptée l’année précédente.

Ce plan fédéral est censé établir une feuille de route permettant au Canada d’atteindre ses cibles de réduction des émissions, y compris le prochain grand objectif, en 2030.

C’est «mieux que les plans précédents», mais cela reste insuffisant à plusieurs égards, a déclaré M. DeMarco. Des politiques essentielles ont été retardées, on ne sait pas exactement comment celles qui ont été mises en place fonctionneront et il manque au Canada plusieurs millions de tonnes pour atteindre son objectif, a-t-il statué. 

«La nécessité de renverser la tendance des émissions de gaz à effet de serre au Canada est devenue encore plus pressante, a affirmé M. DeMarco. Ce n’est pas la première fois que je tire la sonnette d’alarme, et je continuerai de le faire jusqu’à ce que le Canada inverse la tendance.»

En 2021, le gouvernement s’était engagé à réduire d’ici 2030 les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 40 à 45 % par rapport au niveau de 2005. Pour atteindre cet objectif, le Canada devrait réduire ses émissions actuelles d’environ un tiers avant la fin de 2030.

Or, M. DeMarco a constaté que les mesures du Plan de réduction des émissions ne réduiront les niveaux actuels que d’environ un quart en 2030.

Il a également noté que le gouvernement fédéral avait fixé ses objectifs avec des attentes trop optimistes quant à la rapidité avec laquelle certaines de ses politiques majeures seraient mises en œuvre, et sans tenir compte de l’impact que le changement climatique aurait entre-temps.

Par exemple, M. DeMarco souligne que la modélisation du gouvernement supposait qu’il n’y aurait pas de nouvelles centrales électriques au gaz naturel sans technologie de captage et de stockage du carbone après 2023, car des réglementations sur l’«électricité propre» seraient alors en place pour les interdire.

«Cependant, en août 2023, le règlement provisoire venait à peine d’être publié», souligne le commissaire à l’environnement et au développement durable.

Plus de 80 mesures sont répertoriées dans le plan fédéral, mais le commissaire DeMarco constate que moins de la moitié comportaient une date limite de mise en œuvre — et quatre seulement avaient fixé un objectif spécifique de réduction des émissions.

Même si certains secteurs réussissent à réduire leurs émissions, comme la production d’électricité grâce à la fermeture des centrales électriques au charbon, ces progrès sont anéantis par l’augmentation des émissions liées à la hausse de la production de pétrole et de gaz, ainsi qu’au transport.

Les émissions globales sont environ 14 % plus élevées en 2021 qu’elles ne l’étaient en 1990, mais les émissions provenant de la production pétrolière et gazière ont augmenté de 89 % au cours de cette période.

«S’ils ne maîtrisent pas la quantité totale, il n’y a aucun moyen d’atteindre leur objectif, qui est une quantité totale», a déclaré M. DeMarco.

Même si tous les pays du G7, y compris le Canada, ont affiché une baisse de leurs émissions depuis 2005, qui est l’année de référence pour l’objectif de 2030, le Canada reste le moins performant de la liste.

Les émissions au Canada ont diminué d’environ 8 % par rapport à 2005, tandis que la réduction au Royaume-Uni est d’environ 40 %, de 30 % en Italie, de plus de 20 % en France et en Allemagne, et d’environ 15 % au Japon et aux États-Unis.

Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, a déclaré qu’il sait qu’il y a encore un écart entre l’objectif et les politiques nécessaires pour y parvenir.

M. Guilbeault a indiqué que le gouvernement travaille à mettre à jour et à améliorer sa modélisation afin qu’il puisse être plus transparent sur la façon dont il atteindra l’objectif de 2030.

Il a également dit que le prochain rapport d’étape du gouvernement, attendu avant la fin de l’année, «contiendra de bonnes nouvelles à annoncer aux Canadiens», sans toutefois donner plus de détails.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires