Le PDG d’Hydro-Québec Michael Sabia défend son plan à l’Assemblée nationale

Caroline Plante, La Presse Canadienne
Le PDG d’Hydro-Québec Michael Sabia défend son plan à l’Assemblée nationale

QUÉBEC — Le président-directeur général d’Hydro-Québec, Michael Sabia, a défendu pendant cinq heures son Plan d’action 2035 de plusieurs milliards de dollars devant des députés de l’Assemblée nationale, jeudi.

M. Sabia a parlé d’objectifs «ambitieux», nécessaires dans le contexte de la transition énergétique. «Ce n’est pas le temps pour des demi-mesures», a-t-il déclaré en guise d’introduction.

Il a indiqué que le plan d’Hydro-Québec reposait sur deux grands piliers: la transition énergétique et économique, et le service à la clientèle, qui doit être sérieusement amélioré, selon lui.

«Hydro-Québec est avant tout une entreprise de services. Cependant, cartes sur table, notre niveau de services n’est tout simplement pas à la hauteur. Donc, qu’est-ce qu’on va faire? On va reconstruire notre service», a-t-il dit. 

Le grand patron d’Hydro s’est engagé à rendre le réseau plus résilient, à réduire le nombre de pannes de 35 % d’ici sept à 10 ans et à mieux communiquer avec les clients advenant celles-ci.

Conscient de «la pression qui pèse sur les citoyens», M. Sabia a également assuré qu’il n’y aurait pas de hausses des tarifs résidentiels au-delà de 3 % jusqu’en 2035, du moins, «c’est notre supposition de planification», a-t-il dit. 

La loi prévoit pour l’instant que les tarifs résidentiels seront examinés par la Régie de l’énergie en 2025, mais le premier ministre François Legault s’est engagé à la fin octobre à ce que «jamais» ils ne dépassent le plafond de 3 %.

Par contre, il est «fort probable» que les tarifs pour les entreprises augmentent de manière plus significative, selon Michael Sabia.

En matière d’efficacité énergétique, le PDG d’Hydro a en outre promis un «accompagnement plus personnel», avec des «experts dédiés» et des «offres financières bonifiées», afin d’inciter les Québécois à «mieux consommer» l’électricité.

«Il n’y aura pas de bâton», a renchéri le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon.

Pour l’heure, chacun des 200 000 ménages qui participent au programme de tarification dynamique d’Hydro-Québec économise environ 150 $ par année. C’est seulement «3,12 $ par semaine», a souligné le député caquiste de Beauce-Sud, Samuel Poulin. 

«Nous allons bonifier l’ampleur des incitatifs financiers», lui a répondu le vice-président exécutif — Planification énergétique et expérience client, Dave Rhéaume.

«C’est moins cher d’inciter quelqu’un à modifier son comportement, puis lui donner les outils, que de bâtir une infrastructure», a-t-il ajouté, en appelant également la jeune génération à voir l’électricité comme une ressource «précieuse».

Défis

Il n’empêche qu’Hydro-Québec prévoit que la consommation du Québec doublera d’ici 2050, et que d’ici 2035, ce sont entre 8000 et 9000 mégawatts de puissance additionnels qui seront requis.

Michael Sabia a réitéré qu’il voulait diversifier la production (centrales hydroélectriques, éolien, etc.), et qu’il n’excluait pas l’aménagement de nouveaux barrages. 

«Avec un plan ambitieux viendra des défis», a-t-il prévenu. Par exemple, environ 35 000 travailleurs de la construction par année devront être mobilisés pour la réalisation des nouvelles infrastructures.

M. Sabia a suggéré que l’on décloisonne des métiers et que l’on accélère la formation.

«On a annoncé (…) des formations courtes de six mois en construction pour former 5000 personnes, a souligné M. Legault en mêlée de presse, jeudi. On a déjà reçu plus de 30 000 demandes. Ça veut dire qu’on va pouvoir continuer et c’est excellent pour les Québécois.»

M. Sabia a également vanté l’approche «novatrice» d’Hydro-Québec, fondée sur le principe de «réconciliation économique» avec les Premières Nations, qui pourront prendre des «participations financières dans nos projets».

Il a cependant refusé de répondre au député Haroun Bouazzi, de Québec solidaire, qui lui demandait s’il reconnaissait que les Premières Nations étaient victimes de «racisme systémique».

Le Plan d’action 2035 doit servir de «base de discussion», selon le patron d’Hydro, qui entend mener une série de rencontres au cours des prochains mois avec différents acteurs, afin de «raffiner les pistes de solutions proposées».  

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