Le pasteur sympathisant du blocus de Coutts en Alberta écope de 60 jours de prison

Bill Graveland, La Presse Canadienne
Le pasteur sympathisant du blocus de Coutts en Alberta écope de 60 jours de prison

LETHBRIDGE, Alb. — Un pasteur de Calgary a été condamné lundi à 60 jours de prison pour son rôle dans les manifestations contre les mesures sanitaires liées à la COVID-19. Celles-ci avaient mené au blocage, pendant plus de deux semaines, du principal passage frontalier canado-américain en Alberta.

Le juge a tout de même accordé au pasteur Artur Pawlowski un crédit de 60 jours pour le temps qu’il avait déjà purgé en détention préventive.

Le juge Gordon Krinke a déclaré que M. Pawlowski n’était pas impliqué dans la planification du soi-disant «convoi de la liberté» et n’avait pas joué un rôle majeur dans le blocus de la frontière.

«La probation ne servirait à rien puisque l’accusé ne croit pas avoir fait quelque chose de mal. Il n’a aucun remords pour le préjudice qu’il a causé», a déclaré le juge Krinke, de la Cour provinciale de l’Alberta, dans sa décision.

En mai, M. Pawlowski, âgé de 50 ans, a été reconnu coupable de méfait et de violation d’une ordonnance de remise en liberté pour son rôle dans le blocus du poste frontalier de Coutts, en Alberta, au début de 2022. 

La Couronne avait demandé une peine de huit à dix mois, tandis que les avocats de la défense estimaient que le temps déjà purgé était suffisant.  

«Une période d’incarcération est nécessaire pour atteindre les objectifs de dénonciation et de dissuasion», a tranché le juge.

Plus de 200 partisans s’étaient donné rendez-vous lundi devant le palais de justice de Lethbridge, certains scandant «Hold the line» (tiens bon).

Au cours du procès, les procureurs ont déclaré que le discours passionné de M. Pawlowski aux camionneurs avait attisé leur mécontentement et les avait convaincus de rester plus longtemps.

«Cette affaire ne concerne pas la liberté de religion ni la liberté d’expression. Il s’agit d’une affaire pénale simple», a déclaré le procureur de la Couronne, Steven Johnston.

«Toutes les manifestations doivent se dérouler dans le respect de l’État de droit. En tant que personne, vous ne pouvez pas choisir les lois que vous suivez», a-t-il ajouté, affirmant que M. Pawlowski avait montré peu de remords et avait fait preuve de mépris pour l’État de droit.

«Dans ce cas, l’accusé se présente devant le tribunal sans aucun remords. Le manque de remords, le manque d’introspection est important dans cette affaire, car il court probablement un risque élevé de récidiver», a fait valoir l’avocat.

«Cet accusé a pris des mesures extraordinaires pour tenter de faire en sorte que cette affaire soit traitée d’une manière différente de toutes les autres affaires du système de justice pénale, y compris en faisant appel à la première ministre», a-t-il poursuivi.

Un appel téléphonique diffusé en mars par les néo-démocrates albertains permettait d’entendre la première ministre Danielle Smith proposer à M. Pawlowski d’enquêter pour lui, lui confiant que son cas était source de dissensions internes au sein de son gouvernement et ajoutant que les accusations portées contre lui étaient empreintes d’un parti pris politique.

Sarah Miller, l’avocate de M. Pawlowski, a déclaré que son client avait «déjà purgé une peine importante».

«M. Pawlowski accepte sa responsabilité. La Couronne cherche à ce que M. Pawlowski se mette à genoux, à l’emprisonner jusqu’à ce qu’il abandonne ses convictions et à le maintenir en détention pour une période indéterminée», a-t-elle plaidé.

«J’espère que mes oppresseurs écoutent parce que ce n’est pas fini. Ce n’est que le début», a pour sa part déclaré M. Pawlowski.

«Depuis 18 mois, ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour me forcer à dire que je suis coupable, que je suis désolé. Ils me forçaient à m’excuser, mais je n’ai rien à m’excuser», a-t-il ajouté, exhortant ses partisans à soutenir son parti Solidarity Movement of Alberta lors des prochaines élections provinciales et qualifiant les procureurs de la Couronne et les politiciens de «traîtres politiques».

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