Le milieu du cinéma rend hommage à Daniel Langlois décédé en Dominique

La Presse Canadienne
Le milieu du cinéma rend hommage à Daniel Langlois décédé en Dominique

MONTRÉAL — Plusieurs personnalités et organisations ont continué lundi à rendre hommage à l’entrepreneur Daniel Langlois qui a été retrouvé mort avec sa conjointe en Dominique, vendredi. Le couple était propriétaire d’un hôtel écoresponsable sur l’île des Caraïbes située entre la Guadeloupe et la Martinique. 

La nouvelle, qui avait été rapportée par le média dominicain Dominica News Oline, a été confirmée par la Fondation Daniel Langlois.

«Daniel Langlois et sa conjointe Dominique Marchand sont décédés dans des circonstances tragiques le 1er décembre 2023 sur l’île de la Dominique, près de leur complexe hôtelier Coulibri Ridge», peut-on lire à la fin de la biographie de l’homme mise à jour lundi sur le site web de la fondation.

M. Langlois, né à Jonquière, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, en 1957, a marqué l’industrie culturelle. Il a fondé le logiciel d’animation et de modélisation 3D Softimage. L’entrepreneur a été le président-directeur général de la société, de 1986 à 1998, qui a notamment contribué à la réalisation d’effets spéciaux dans les films «Le Parc jurassique» et «Le Seigneur des anneaux». 

Softimage a été fusionnée avec Microsoft, puis vendue à Avid, avant d’appartenir à Autodesk en 2008. 

Dans un communiqué de presse, Coulibri Ridge et la Fondation Daniel Langlois ont déclaré que les détails de la mort du couple seraient élucidés dans les semaines et les mois à venir «alors que les autorités policières et le système judiciaire dominicains procèdent à l’enquête».

Le communiqué souligne aussi la contribution du couple pour aider à la reconstruction de l’île de la Dominique après la dévastation causée par l’ouragan Maria en 2017.

De nombreux médias ont rapporté que deux corps, qui seraient ceux du couple, ont été retrouvés dans une voiture incendiée après que leur disparition a été signalée.

Le ministre de la Sécurité nationale de la Dominique, Rayburn Blackmoore, a déclaré lors d’une allocution à la Dominica Broadcasting Corporation lundi que la police avait reçu un appel concernant un «potentiel homicide volontaire» vers 7 heures vendredi matin. 

Quatre «personnes d’intérêt» ont été placées en garde à vue, a indiqué M. Blackmoore, dont un ressortissant de la Dominique et trois étrangers. 

M. Blackmoore a mentionné qu’il avait pris contact avec les autorités canadiennes pour leur faire part des regrets de la Dominique et leur «donner l’assurance de la détermination de la Dominique à élucider ce crime».

Un «grand innovateur»

Sur les réseaux sociaux, le milieu du cinéma a rendu hommage à ce «grand innovateur», comme l’a souligné l’Office national du film (ONF) du Canada sur la plateforme X, lundi. 

M. Langlois a travaillé au début des années 1980 à l’ONF, qu’il considérait comme sa deuxième école. «Ses contributions au milieu du cinéma sont inestimables», a déclaré l’agence fédérale.

«L’esprit innovant de M. Langlois a révolutionné l’industrie des effets spéciaux et le cinéma. Son héritage marquera à jamais le monde de l’art et de la technologie», a pour sa part témoigné Téléfilm Canada, également sur le réseau X.

L’homme titulaire d’un baccalauréat en design de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) s’est impliqué dans la création de la première animation stéréoscopique (dans laquelle on perçoit du relief) par ordinateur en format IMAX, qui a été présentée à l’Expo 86 à Vancouver. 

Il a aussi participé à la réalisation du court métrage d’animation «Tony de Peltrie», diffusé en 1985, qui a été bien accueilli par la critique.

M. Langlois a également fondé le complexe cinématographique Excentris en 1999, qui était situé à Montréal. En 2002, il a inauguré le club privé le 357C, qui se trouvait dans un bâtiment patrimonial dans le Vieux-Montréal. 

L’entrepreneur a aussi été président de DigiScreen, Media Principia et Digimart, ainsi que président du conseil de Pixman Corporation.

La Cinémathèque québécoise s’est attristée de perdre un de ses grands mécènes, qui lui «avait légué la riche collection de sa fondation pour l’art, la science et la technologie — notre acquisition la plus importante de 2011». 

«Grâce à son immense générosité, nos collections ont été bonifiées de plus de 2500 films 16mm, bandes maîtresses et copies vidéo de tous formats; 6800 livres, monographies, essais et catalogues; quelques appareils, artefacts; sans oublier d’important fonds tels que ceux de Steina et Woody Vasulka et la collection de Sonia Landy Sheridan», a énuméré la Cinémathèque sur Facebook. 

«Nous perdons un allié. Le monde perd un visionnaire», a ajouté l’organisation.

La contribution de M. Langlois au Festival du nouveau cinéma (FNC) a aussi été mise en relief par son directeur général, Nicolas Girard Deltruc. 

«Sans son apport, notre organisme ne serait pas celui qu’il est devenu aujourd’hui. Son engagement toujours désintéressé financièrement, a joué un rôle majeur et de premier ordre dans le développement de notre secteur culturel», a affirmé M. Girard Deltruc sur Facebook, dimanche. 

Il a décrit l’entrepreneur comme «un homme intègre, généreux, visionnaire et d’une grande discrétion». 

«L’héritage qu’il nous laisse reflète son esprit novateur», a de son côté déclaré la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, sur X dimanche. 

De nombreuses distinctions

L’homme qui est derrière la Fondation Daniel Langlois, créée en 1997, a ouvert l’année dernière l’hôtel de luxe autosuffisant Coulibri Ridge, en Dominique, sur lequel il travaillait depuis plusieurs années avec sa conjointe, Dominique Marchand. 

M. Langlois a reçu de nombreux prix et distinctions tout au long de sa carrière. Il a été nommé chevalier de l’Ordre national du Québec en 1999, et officier de l’Ordre du Canada en 2000.

L’homme d’affaires a aussi été nommé Personnalité arts-affaires par la Ville de Montréal en 2002, et honoré comme Grand Montréalais par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain en 2004. Signe de sa place importante dans l’espace public, il a été nommé Personnalité de l’année au gala Excellence La Presse de 1995.

Il a reçu des doctorats honorifiques de l’Université de Sherbrooke, de l’Université McGill, de l’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia, de la Faculté des arts de l’UQAM et de l’Université d’Ottawa.

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