Le Maine remet en question l’innocuité des tests d’agent Orange à la base de Gagetown

Hina Alam, La Presse Canadienne
Le Maine remet en question l’innocuité des tests d’agent Orange à la base de Gagetown

FREDERICTON — La législature du Maine a demandé une nouvelle enquête sur l’utilisation d’herbicides, y compris l’«agent Orange», dans les années 1960 sur une base militaire du sud du Nouveau-Brunswick, qualifiant d’imparfaite l’étude canadienne qui n’a trouvé aucun risque pour la santé humaine.

Les liens potentiels entre les problèmes de santé et l’utilisation de l’agent Orange à la base de Gagetown doivent être réévalués, indique un rapport publié en janvier par la Commission d’étude sur les produits chimiques nocifs de Gagetown, composée de 10 membres.

Le rapport indique qu’une nouvelle enquête aiderait les anciens combattants américains à accéder aux soins médicaux s’ils ont travaillé à Gagetown où, en 1966 et 1967, l’armée américaine a testé des défoliants.

Des herbicides tels que l’agent Orange ont été largement utilisés dans les années 1960 par l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam pour détruire les cultures des viêt-cong et des Nord-Vietnamiens. 

Le rapport de la commission du Maine indique que les données et l’analyse de l’étude canadienne sont «incorrectes, biaisées et fondées, dans certains cas, sur des données incomplètes et sur une mauvaise conception de l’étude – parfois exacerbées par la rapidité avec laquelle ces rapports devaient être réalisés et publiés».

«En outre, les rapports et leurs données sous-jacentes ne sont pas largement disponibles et accessibles, ce qui compromet leur crédibilité scientifique et leur utilité», lit-on dans le rapport. 

De plus, «les rapports d’études ont été publiés il y a plus de 15 ans et de nouvelles connaissances importantes sur ces produits chimiques, les méthodes scientifiques et la santé des personnes liées à la base Gagetown ont depuis vu le jour et se sont développées».

Le département des Anciens Combattants des États-Unis a reconnu depuis que certains cancers étaient associés à l’exposition à des herbicides tels que l’agent Orange. Le Centre international de recherche sur le cancer, qui fait partie de l’Organisation mondiale de la santé, a classé l’un des produits chimiques contenus dans l’agent Orange comme «connu pour être cancérigène pour l’humain».

Le gouvernement canadien avait ouvert une enquête en 2005 sur les effets de l’utilisation de l’agent Orange à Gagetown entre 1966 et 1967. Kened Sadiku, porte-parole du ministère de la Défense nationale, affirme que l’étude, publiée en 2006, a révélé que les niveaux d’herbicides utilisés à la base ne présentaient aucun risque pour la santé humaine.

«Les résultats de cette étude ont conclu que, mis à part les deux essais effectués en 1966 et 1967, tous les herbicides utilisés à la base de Gagetown étaient réglementés et utilisés conformément à tous les règlements fédéraux et provinciaux et aux politiques scientifiques de l’époque», a indiqué M. Sadiku dans une déclaration écrite.

«Compte tenu du caractère exhaustif de ce rapport, aucune enquête complémentaire n’est prévue pour le moment.»

Cependant, en guise de compensation pour l’exposition possible à des «herbicides américains non homologués» à la base de Gagetown, le gouvernement du Canada a versé aux personnes admissibles une somme de 20 000 $.

Une enquête de suivi a été menée en 2018 pour le compte des Forces armées canadiennes, près d’un ancien site d’élimination des déchets de la base de Gagetown. Le site, d’environ la taille de 182 terrains de football, avait été identifié comme zone d’intérêt par un militaire à la retraite.

«Ces résultats concordent avec ceux des enquêtes précédentes et confirment que ce secteur n’est pas un ancien site d’enfouissement de barils et qu’aucun baril d’agent Orange n’a été trouvé à ce jour à la base de Gagetown», a conclu cette enquête de suivi.

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