Le gouvernement offrira des «marqueurs X» pour les cartes de la RAMQ et de la SAAQ

Morgan Lowrie, La Presse Canadienne
Le gouvernement offrira des «marqueurs X» pour les cartes de la RAMQ et de la SAAQ

MONTRÉAL, France — Les personnes québécoises qui ne s’identifient ni comme homme ni comme femme pourront bientôt opter finalement pour un marqueur de genre «X» sur leur carte d’assurance maladie et leur permis de conduire.

La Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) et la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) affirment qu’elles ont été informées de la décision du gouvernement d’ajouter une troisième option de genre à ces deux cartes d’identité gouvernementales.

La Régie de l’assurance maladie dit avoir pris connaissance de la décision de la ministre de la Famille, Suzanne Roy, lundi matin et prévoyait amorcer immédiatement les démarches pour mettre en œuvre ce changement.

Dans un courriel, la RAMQ précise qu’elle accueille favorablement cette décision, qui permettra de répondre aux besoins exprimés par une partie de sa clientèle. Le porte-parole indique que la RAMQ travaillera dès maintenant à établir un calendrier précis en collaboration avec ses différents partenaires pour mettre en œuvre cette décision ministérielle.

La RAMQ et la SAAQ affirment que les personnes qui avaient demandé un marqueur non binaire sur leur carte seront contactées sous peu pour discuter des prochaines étapes du processus.

Le Québec autorise déjà un marqueur de genre non binaire sur les certificats de naissance et de décès, mais contrairement à d’autres provinces, il n’avait pas offert jusqu’ici cette option sur les cartes d’assurance maladie ou les permis de conduire.

La ministre responsable de la Condition féminine, Martine Biron, qui est aussi responsable de la lutte contre l’homophobie et la transphobie, avait expliqué l’an dernier qu’un comité interministériel étudiait cette question des marqueurs de genre, mais elle n’avait pas précisé à quel moment le marqueur X pourrait être offert.

Entretemps, sa collègue ministre de la Famille, Suzanne Roy, a annoncé en décembre la composition d’un «comité de sages» pour étudier toute la question de l’identité de genre.

Une nouvelle «attendue depuis longtemps»

Celeste Trianon, militante pour les droits des transgenres, à Montréal, qualifie l’ajout d’une option de genre X de «merveilleuse nouvelle, attendue depuis longtemps».

Lors d’un entretien téléphonique, Mme Trianon a déclaré qu’il était essentiel que les gens aient des cartes d’identité qui les représentent fidèlement.

«C’est ce qu’ils sont aux yeux de l’État, et permettre davantage de discrimination à cette fin serait vraiment préjudiciable», a-t-elle déclaré. «Et c’est exactement le cas en ce moment en ce qui concerne l’absence de marqueurs X sur les cartes d’identité.»

Mme Trianon a souligné que cette décision était particulièrement importante à une époque où les personnes transgenres sont confrontées à «de plus en plus» de discrimination.

«C’est une bonne nouvelle, a-t-elle déclaré. Ça aide vraiment beaucoup de gens à se sentir plus à l’aise et plus en sécurité dans la société, et à y participer pleinement en fin de compte.»

Ce changement de politique survient après des années d’efforts de la part de militants, notamment d’une personne non binaire de Montréal, Alexe Frédéric Migneault, qui avait mené une grève de la faim de 12 jours devant les bureaux de la RAMQ à Québec en novembre dernier.

Mme Trianon a souligné qu’une décision de la Cour supérieure du Québec a ordonné en 2021 au gouvernement de modifier le Code civil pour permettre aux personnes transgenres et non binaires de changer adéquatement leur sexe et leur identification de genre sur les documents civils, tels que les certificats de naissance.

La porte-parole de Québec solidaire pour les enjeux des communautés LGBTQ+, Manon Massé, a «poussé un soupir de soulagement», lundi, devant le recul du gouvernement dans ce dossier. 

«Ça peut paraître banal pour vous, mais pour les personnes non-binaires, avoir une mention X au lieu du F ou du M sur ses pièces d’identité, c’est enfin pouvoir être reconnues, respectées et validées dans son identité et son expression de genre», a-t-elle écrit sur les médias sociaux.

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