Le CTC demandera des comptes aux politiciens prétendant défendre la classe ouvrière

Stephanie Taylor, La Presse Canadienne
Le CTC demandera des comptes aux politiciens prétendant défendre la classe ouvrière

OTTAWA — La plus grande organisation syndicale du Canada exhorte les syndicats à demander des comptes aux politiciens lorsqu’ils prétendent défendre la classe ouvrière du pays.

Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada (CTC), ne cite pas de noms dans une note qu’elle a envoyée vendredi aux 50 affiliés du groupe, qui comprennent certains des plus grands syndicats du pays, dont l’Alliance de la Fonction publique du Canada et le Syndicat canadien de la fonction publique. 

Mais cela survient alors que le chef conservateur Pierre Poilievre parcourt le pays, présentant son parti comme le bon choix pour la classe ouvrière – des références que certains cherchent à discréditer.

«Plus que jamais, les politiciens prétendent soutenir les travailleurs et parlent positivement des travailleurs et de leurs syndicats, peut-on lire dans la note de Mme Bruske. À l’approche des prochaines élections, nous devons faire comprendre clairement aux hommes politiques de tous bords: si vous voulez nos votes, vous devez respecter et renforcer nos droits. Pas par de belles paroles, mais par des actions concrètes.»

Les dirigeants syndicaux feront pression pour faire avancer une loi qui aide les travailleurs à adhérer ou à créer des syndicats lorsqu’ils se réuniront la semaine prochaine à Ottawa pour élaborer une stratégie électorale, ajoute-t-elle.

«Nous nous efforcerons d’inciter tout politicien qui prétend soutenir les travailleurs à soutenir des mesures qui amènent des négociations de travail plus équilibrées et des lois du travail plus équitables dans toutes les juridictions de notre pays, a-t-elle écrit. Les dirigeants politiques doivent apporter une réponse claire à une question simple : ‘Êtes-vous d’accord que les lois du travail devraient aider davantage de travailleurs à adhérer ou à former un syndicat?’»

Les libéraux étant minoritaires au Parlement, les prochaines élections fédérales peuvent techniquement avoir lieu à tout moment, mais au plus tard en octobre 2025.

Parmi les mesures que Mme Bruske souhaite voir: amener les travailleurs à la table de prise de décision, réparer l’assurance-emploi, renforcer le Régime de pensions du Canada et mettre à jour le Code canadien du travail.

Les propres recherches du Congrès du travail du Canada suggèrent que le soutien aux syndicats à travers le pays reste fort, note-t-elle.

«Nous pouvons tirer parti de ce soutien pour inciter tous les politiciens à aligner leurs propositions politiques sur les intérêts supérieurs des travailleurs.»

M. Poilievre se concentre sur la critique du bilan du premier ministre Justin Trudeau en matière d’abordabilité, tout en accordant une attention particulière aux Canadiens de la classe ouvrière qui se sentent pressés par le coût de la vie post-COVID.

Les sondages d’opinion publique suggèrent systématiquement qu’il parvient à les atteindre, malgré les liens profonds du mouvement syndical avec le NPD – ainsi que le fait que Pierre Poilievre a toujours soutenu les lois de retour au travail au Parlement.

Plus tôt cette année, les conservateurs ont fait voler en éclats leur réputation en votant massivement en faveur d’une interdiction, pour les lieux de travail sous réglementation fédérale, d’avoir recours à des travailleurs de remplacement lors de grèves ou de lock-out – une loi soutenue par le Congrès.

Au cours de sa campagne à la direction en 2022, M. Poilievre a critiqué le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, pour avoir découragé les employeurs d’augmenter les salaires de peur d’alimenter l’inflation.

Et dans un discours prononcé le mois dernier devant le Greater Vancouver Board of Trade, il s’est vanté de donner la priorité aux visites des sections locales syndicales et des travailleurs dans les ateliers plutôt qu’aux allocutions d’entreprise.

La cour des conservateurs envers les travailleurs n’est pas passée inaperçue auprès du NPD fédéral.

Le parti qui s’est longtemps identifié comme un ami du mouvement syndical se retrouve à la traîne des conservateurs dans les circonscriptions de longue date de la Colombie-Britannique et du nord de l’Ontario.

Il ne faut pas croire M. Poilievre lorsqu’il parle d’aider les travailleurs et leurs familles, a déclaré le chef du NPD, Jagmeet Singh, à la foule, cette semaine, lors du Sommet annuel sur le progrès.

Le chef conservateur n’a jamais non plus visité un piquet de grève, a affirmé récemment la secrétaire principale de M. Singh, la vétérane du NPD Anne McGrath.

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