Le CIUSSS du Centre-Sud mobilisé pour «Agir tôt» auprès des enfants

Ugo Giguère, La Presse Canadienne
Le CIUSSS du Centre-Sud mobilisé pour «Agir tôt» auprès des enfants

MONTRÉAL — «Agir tôt» auprès des enfants, c’est le leitmotiv du ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, mais c’est aussi un programme qui transforme les pratiques du réseau de la santé. Le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal est devenu le premier établissement à déployer la nouvelle trajectoire diagnostique de proximité pour les enfants ayant des besoins particuliers.

Après avoir pris le temps de mettre en place son nouveau corridor de services au cours de la dernière année, puis d’éprouver sa formule dans le cadre d’un projet pilote l’été dernier, le CIUSSS a officiellement adopté cette trajectoire depuis septembre. Elle s’adresse particulièrement aux enfants chez qui l’on suspecte un problème neurodéveloppemental.

Tous les autres CISSS et CIUSSS du Québec vont devoir emboîter le pas en développant une offre de services semblable sur leur territoire. Il s’agit d’une exigence du ministère de la Santé et des Services sociaux qui s’inscrit dans le cadre du programme Agir tôt, que chérit particulièrement le ministre Carmant.

«Je suis allé en politique pour ça!», rappelle celui qui pratiquait comme neuropédiatre avant d’être élu député de Taillon. Avant même de siéger à l’Assemblée nationale, Lionel Carmant militait pour que l’on intervienne auprès des enfants avant de s’intéresser à leur diagnostic. Dans le réseau, «les gens ne pensaient pas que c’était possible», se souvient-il.

«Le réseau voyait ça comme un changement de paradigme trop grand, mais on l’a fait un morceau à la fois», explique le ministre. Le gouvernement a d’abord veillé à l’ajout de ressources supplémentaires dans le réseau. Puis, on a développé la plateforme d’évaluation en ligne pour signaler les cas d’enfants ayant des besoins particuliers. Maintenant, on s’applique à établir des trajectoires diagnostiques.

«(Le CIUSSS) Centre-Sud, c’est un de nos leaders. Ils sont les premiers à le faire de manière aussi efficace et je les félicite pour ça», mentionne le ministre en entrevue à La Presse Canadienne.

Une équipe par enfant

Pour résumer le concept, un professionnel repère ce qu’il perçoit comme un possible trouble de développement chez un enfant de 0 à 7 ans. Il peut s’agir, par exemple, d’une infirmière lors d’un rendez-vous de vaccination, d’une éducatrice ou d’un médecin de famille. Ce professionnel inscrit ensuite l’enfant sur la plateforme Agir tôt.

Par le passé, un tel dossier aurait été transmis à un centre tertiaire spécialisé en pédiatrie, comme le CHU Sainte-Justine, l’Hôpital pour enfants de Montréal ou encore les centres universitaires de Laval ou de Sherbrooke. L’enfant et sa famille auraient dû patienter plusieurs mois, voire un an ou deux, avant de rencontrer une série de spécialistes, puis d’obtenir un diagnostic pour finalement recevoir des services dans sa région. Il était alors souvent très tard ou trop tard.

Afin de réduire les délais, de gagner en efficacité et surtout de mieux servir les enfants, la requête doit être prise en charge par son établissement local. Des interventions sont alors rapidement déployées pour répondre aux besoins immédiats du jeune usager. Il sera vu par le spécialiste répondant au principal besoin identifié.

Ce professionnel deviendra l’intervenant pivot auprès de l’enfant et une équipe multidisciplinaire viendra l’appuyer. Chaque équipe comptant de trois à six professionnels est modulée selon les besoins de l’enfant. Si le problème persiste et qu’on juge nécessaire d’obtenir un véritable diagnostic, c’est cette même équipe multidisciplinaire qui s’en chargera.

«C’est ça qui est nouveau. On a dédié des professionnels aux évaluations diagnostiques», souligne la coordonnatrice des programmes à la petite enfance et aux services de proximité du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Annick Rajotte.

Concrètement, on a mobilisé des orthophonistes, des ergothérapeutes, des travailleurs sociaux, des pédiatres et des neuropsychologues. Ceux-ci travaillent en collégialité pour bien entourer l’enfant et sa famille selon leurs besoins particuliers. Grâce à ce nouveau modèle, «on croit pouvoir faire l’ensemble de la trajectoire en moins de trois mois», affirme Mme Rajotte.

On gagne en efficacité en n’évaluant l’enfant qu’une seule fois, en conservant les mêmes intervenants et en partageant les observations entre professionnels. On priorise également les cas selon des critères cliniques et non pas seulement selon l’ordre des signalements. On cherche notamment à passer à l’action au bon moment si un enfant se prépare à faire son entrée en CPE ou à la maternelle.

Bénéfices

Pour le Dr Julien Roy-Lavallée, pédiatre, cette nouvelle procédure présente déjà des bénéfices puisque les observations de ses collègues permettent d’avoir «un portrait à 360 degrés» de son jeune patient. Il ajoute que le fait de garder l’étape du diagnostic au sein de l’équipe de proximité facilite aussi la continuité des soins donnés à l’enfant puisque ce sont les mêmes professionnels qui sont impliqués.

Évidemment, les centres surspécialisés auront toujours un rôle à jouer. D’ailleurs des ententes de coordination ont été prises afin d’intégrer l’équipe du CHU Sainte-Justine à la trajectoire du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal en cas de besoin.

Or, les centres tertiaires pourront éventuellement se consacrer principalement aux cas plus complexes ou plus sévères, ce qui devrait alléger leur fardeau.

L’objectif ultime est de s’assurer que chaque enfant nécessitant des services spécialisés puisse être repéré à temps et pris en charge afin qu’il soit prêt à apprendre lorsqu’il fera son entrée à l’école. On doit donc s’armer de patience avant d’en évaluer les retombées, mais le ministre Lionel Carmant a bon espoir que la réussite scolaire de la prochaine génération d’élèves en sera grandement améliorée.

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