Le Canada a besoin de plus de visionnaires, dit l’astronaute Jeremy Hansen

Mickey Djuric, La Presse Canadienne
Le Canada a besoin de plus de visionnaires, dit l’astronaute Jeremy Hansen

OTTAWA — Bon Dieu, mais pourquoi a-t-il accepté une mission dont il pourrait peut-être ne jamais revenir ?

C’est la question que l’astronaute canadien Jeremy Hansen se pose au moment où il poursuit son entraînement en vue de la mission Artémis II qui le conduira autour de la Lune.

M. Hansen dit trouver sa réponse dans les traces de ceux qui l’ont précédé et ont permis au Canada d’avoir sa place dans l’exploration lunaire.

L’astronaute est lui-même un pionnier puisqu’il deviendra le premier Canadien à contempler d’aussi près la surface lunaire.

Artémis II, organisée par la NASA, est la première mission lunaire depuis 1972.

«Il faut remonter aux décisions prises dans les années 1960 au Canada quand des gens ont compris que l’espace pouvait aider à améliorer la vie sur notre planète», dit M. Hansen au cours d’une entrevue à La Presse Canadienne.

Le Canada ne sera que le deuxième pays à envoyer un de ses astronautes aussi loin dans l’espace.

M. Hansen, un grand passionné des récits de science-fiction, le répète deux fois.

«Comme on en est rendu là ? Le mérite revient à des visionnaires. C’est ça qui est s’est passé. C’est ça qu’on a réussi depuis des décennies afin d’arriver où nous en sommes.»

M. Hansen accompagnera trois autres astronautes américains lorsque la mission Artémis II prendra son envol en septembre 2025.

Parmi eux, Reid Wiseman. Le Canadien le connaît depuis 2009 parce qu’ils ont suivi la même formation à la NASA. Les deux autres sont Victor Glover et Christina Hammock Koch.

«J’ai l’impression de connaître cet équipage depuis longtemps. Nous avons franchi les phases initiales d’une relation», avance M. Hansen.

L’Agence spatiale canadienne et la NASA collaborent depuis 1982. Mais rien encore ne garantit que le Canada maintiendra sa position privilégiée encore longtemps.

«Si le Canada veut demeurer un partenaire important, il devra continuer à faire des investissements très visionnaires et très stratégiques, souligne M. Hansen. On doit s’inspirer de nous-mêmes et nous souvenir que nous avons réalisé des choses extraordinaires. On ne doit pas se dénigrer.»

 Il n’a pas toujours été facile pour les astronautes canadiens de s’établir parmi leurs collègues américains, convient M. Hansen, qui se décrit comme étant «très intégré».

L’astronaute dit s’appuyer sur les épaules de géants comme Marc Garneau, le premier Canadien à avoir été dans l’espace. 

«Nous avons une bonne réputation grâce à eux. Quand je suis arrivé, je crois que tous nos problèmes de jeunesse sont derrière nous», dit-il.

Selon lui, créer une culture où la communication jouera un rôle essentiel, est le principal défi que l’équipage d’Artémis II devra relever.

Il faut même prendre le temps de parler des ratés, de la chance et de la mort qui attend peut-être du côté ombragé de la Lune.

Les astronautes doivent avoir des conversations compliquées afin de réduire les risques au maximum de perdre un membre de l’équipage, mais «tout en reconnaissant que le risque zéro est inatteignable».

Ce mois-ci, raconte M. Hansen, les astronautes ont subi un entraînement stressant sur les flots de l’océan Pacifique.

L’objectif était de stimuler le retour sur la Terre de leur capsule.

«Je crois que je vais réaliser que je m’en vais sur la Lune quelques jours avant le décollage, lorsque je dirai au revoir à ma famille, quand je vais m’assurer que toutes mes choses sont en ordre, dit-il. Je ressentirai parfois de la peur.»

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires