La N.-É. vivement critiquée pour avoir abandonné sa loi sur la protection du littoral

Keith Doucette, La Presse Canadienne
La N.-É. vivement critiquée pour avoir abandonné sa loi sur la protection du littoral

HALIFAX — Le nouveau plan de la Nouvelle-Écosse visant à protéger les 13 000 kilomètres de côtes de la province constitue une abdication de la responsabilité du gouvernement, ont déclaré lundi les militants écologistes et l’opposition.

Les vives critiques sont survenues après que le ministre de l’Environnement, Tim Halman, a annoncé une nouvelle stratégie et confirmé que le gouvernement progressiste-conservateur ne mettrait pas en vigueur la  Loi sur la protection du littoral, qui avait été adoptée en 2019 par les libéraux avec le soutien de tous les partis à l’Assemblée législative.

La loi aurait offert davantage de protection aux zones côtières telles que les dunes et les marais salants, et aurait restreint le développement le long des parties du littoral exposées à un risque d’érosion importante.

Au lieu de cela, le nouveau plan du gouvernement transfère une grande partie de la responsabilité de la protection côtière aux propriétaires et aux municipalités.

«Ils ont abdiqué leur responsabilité envers les Néo-Écossais sur la question de la protection des côtes, a déploré le porte-parole libéral Braedon Clark. Ils ont transféré cette responsabilité aux municipalités et leur ont donné très peu de ressources pour élaborer leurs propres règlements et les faire appliquer.»

Lisa Lachance, porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière d’environnement, a qualifié la décision du gouvernement conservateur de «profondément troublante». Elle a affirmé avoir reçu des centaines de courriels demandant au Parlement de proclamer la loi ou de la mettre en vigueur. «Le gouvernement s’est clairement éloigné de cela aujourd’hui», a-t-elle soutenu.

Nouveau plan triennal

Le nouveau plan du gouvernement contient 15 actions, dont une qui offre aux propriétaires et aux municipalités l’accès à une carte virtuelle des dangers montrant le pire scénario d’élévation du niveau de la mer le long de la côte en 2100. Les responsables ont déclaré que davantage de données seraient ajoutées à la carte au cours des prochains mois, notamment des projections sur l’érosion côtière et le niveau de la mer pour 2050.

Tim Halman a ajouté que le plan triennal, qui a coûté plus de 3 millions $, comprend également la création d’une équipe de quatre personnes pour aider les propriétaires à comprendre la carte des dangers. De plus, les municipalités recevront des exemples de contenu qu’elles pourront utiliser pour adopter des règlements sur l’utilisation des terres côtières.

Le plan prévoit également une réévaluation du plafond actuel de 200 000 $ du programme d’aide financière en cas de catastrophe afin de décourager des développements sur les terres côtières exposées au risque d’inondation et d’érosion.

Environ 1,6 million $ du plan triennal seront consacrés à un projet en cours visant à produire une cartographie municipale des inondations dans toute la province. Selon les responsables, environ un tiers de la province a été cartographié jusqu’à présent et le projet se terminera en 2027.

«La législation adoptée en 2019 se concentrait uniquement sur les nouvelles constructions, elle ne prenait pas en compte les maisons existantes, a expliqué M. Halman. Ce plan vise à aider tous les propriétaires de propriétés côtières, et pas seulement ceux qui construisent.»

Dans un communiqué, la Fédération des municipalités de la Nouvelle-Écosse (NFSM) s’est dite déçue du virage du gouvernement vers l’aménagement du territoire municipal et cherche à obtenir des réponses pour ses 49 membres.

Le plan gouvernemental a été annoncé après trois séries de consultations publiques sur la Loi sur la protection du littoral. Le ministre a déclaré que lors du dernier cycle, 40 000 questionnaires avaient été distribués aux propriétaires de propriétés côtières, ajoutant que le taux de réponse était relativement faible, avec seulement 1070 réponses.

Tim Halman n’a pas voulu dire combien de personnes souhaitaient que la loi soit proclamée, affirmant seulement qu’«il existe une diversité d’opinions».

Pendant ce temps, l’Ecology Action Centre, basé à Halifax, a qualifié le plan du gouvernement d’échec de leadership.

Selon Marla MacLeod, directrice des programmes du centre, plus de 1000 personnes avaient écrit des lettres réclamant la proclamation de la loi et des règlements provinciaux.

«Nous sommes dans une urgence climatique et dans une urgence, nous avons besoin que les gens assument leurs responsabilités et fassent preuve de leadership et la province échoue lamentablement», a-t-elle affirmé.

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