La GRC dit observer une radicalisation de la jeunesse en ligne

Mia Rabson, La Presse Canadienne
La GRC dit observer une radicalisation de la jeunesse en ligne

OTTAWA — La Gendarmerie royale du Canada (GRC) dit observer «une tendance inquiétante à l’extrémisme violent et à l’utilisation d’Internet à des fins terroristes, notamment chez les jeunes personnes».

Au moins un groupe juif prévient ses membres de faire preuve de prudence à la suite de l’arrestation de deux adolescents pour des infractions liées au terrorisme au cours des cinq derniers jours.

La GRC signale avoir arrêté cinq jeunes pour des infractions liées au terrorisme depuis juin.

La GRC demande aux parents et à quiconque étant en position d’autorité de demeurer vigilants pour tout signe de radicalisation, notamment l’association de plus en plus exclusive avec de nouveaux groupes sociaux qui soutiennent la violence ou en font la promotion.

Les dirigeants juifs et musulmans de tout le Canada ont signalé une augmentation des attaques motivées par la haine depuis les attaques terroristes lancées par le Hamas contre Israël le 7 octobre et la réponse militaire massive d’Israël à Gaza.

La police a procédé à des arrestations dans le cadre de plusieurs incidents motivés par la haine, notamment des agressions et la promotion de la haine en ligne.

L’avertissement de la GRC samedi porte spécifiquement sur la radicalisation des jeunes, souvent en ligne.

Le cas le plus récent concernait une «jeune personne» d’Ottawa arrêtée vendredi et inculpée en lien avec un complot contre la communauté juive. En raison de l’âge du jeune, la police n’a pas divulgué beaucoup d’informations sur l’accusé, y compris sur qui ou quoi ils visaient, au-delà d’une description générale de «personnes juives».

L’adolescent a comparu brièvement devant le tribunal samedi et demeure en détention. Une autre comparution devant le tribunal est prévue lundi matin. Le jeune est accusé d’avoir facilité une activité terroriste en communiquant des instructions concernant une substance explosive et d’avoir sciemment donné l’ordre à quelqu’un d’autre de mener une activité terroriste.

On ne sait pas si quelqu’un d’autre fait l’objet d’une enquête dans le cadre de cette affaire.

La prudence est toujours de mise

La Fédération juive d’Ottawa a déclaré dimanche dans un courriel adressé aux membres de la communauté que la police avait confirmé qu’il n’y avait aucun risque pour la communauté, puisque l’adolescent est maintenant en détention.

La police d’Ottawa a augmenté ses patrouilles dans les institutions juives, notamment les synagogues, les centres communautaires et les écoles. Mais la Fédération juive a mentionné que la police continue d’encourager la communauté à être vigilante.

La Fédération juive d’Ottawa demande à ses membres de faire preuve d’une prudence renouvelée, de bien suivre les protocoles de sécurité et de rapporter tout comportement suspect à la police.

Gerry Almendrades, directeur de la sécurité communautaire du Centre des affaires israéliennes et juives, a déclaré que des incidents comme les nouvelles accusations portées samedi à Ottawa sont le «point culminant» de la tolérance de l’antisémitisme au Canada.

Il s’est dit rassuré de savoir que les agences canadiennes de sécurité et de renseignement ont détecté la menace et y ont répondu rapidement.

La GRC a précisé que le Service canadien du renseignement de sécurité et le Centre intégré d’évaluation du terrorisme, ainsi que la police provinciale et municipale, avaient fourni une «collaboration indispensable» dans cette affaire.

Deux jours avant l’arrestation du jeune d’Ottawa, l’Équipe intégrée de la sécurité nationale de la Police fédérale de la GRC a arrêté un jeune de 16 ans à Calgary dans le cadre d’une enquête liée au terrorisme qui se poursuit.

Il a été arrêté et libéré en attendant une audience, avec l’engagement de ne pas troubler l’ordre public en matière de terrorisme, en vertu d’une disposition du Code criminel permettant à la Couronne d’exiger des conditions similaires aux conditions de mise en liberté sous caution pour une personne dont la Couronne a des motifs raisonnables de craindre qu’elle ne commette une infraction de terrorisme.

L’adolescent est la quatrième personne et le troisième adolescent arrêté dans le cadre de cette enquête.

La Presse Canadienne a demandé à la GRC des informations sur le cinquième jeune arrêté pour activités terroristes, mais le corps policier n’a pas immédiatement répondu.

Les libéraux fédéraux promettent depuis plusieurs années une nouvelle loi pour lutter contre la montée de la haine en ligne, mais les progrès ont été retardés, en partie à cause des complexités entre la lutte contre la haine et la liberté d’expression.

Chantalle Aubertin, porte-parole du ministre de la Justice Arif Virani, a refusé de commenter des cas spécifiques qui sont devant les tribunaux, mais a soutenu que le ministre Virani travaille toujours avec ses collègues du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge et de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, afin de présenter une loi visant à protéger les jeunes des dangers de la haine en ligne.

«Dans un contexte de conflits géopolitiques, nous observons des tendances inquiétantes dans lesquelles la radicalisation en ligne, y compris les discours de haine, se manifeste physiquement. C’est inacceptable. Nous devons mettre un terme à la montée de l’antisémitisme et de l’islamophobie», a tranché Mme Aubertin dans un courriel.

«Mais nous devons prendre le temps de le faire correctement. Les enjeux sont trop importants», a-t-elle ajouté.

Le rôle important des médias sociaux

Les médias sociaux ont joué un rôle de premier plan dans les affaires survenues à Calgary. Lors d’une audience d’engagement de ne pas troubler l’ordre public pour un jeune de 17 ans arrêté en juin, le tribunal a appris que l’adolescent avait utilisé TikTok, Instagram et Snapchat pour publier des vidéos, dont l’une de lui-même disant de «tuer tous (les homosexuels)» lors d’une manifestation LGBTQ+ et une autre présentant une synagogue explosée.

Zakarya Hussein, 20 ans, qui a plaidé coupable plus tôt ce mois-ci d’une accusation de terrorisme, a admis devant le tribunal qu’il avait partagé des vidéos de recrutement pour le groupe État islamique sur TikTok et partagé sur Snapchat que sa mission commencerait pendant le mois de la Fierté.

Hussein attend sa condamnation.

Le directeur de l’école communautaire juive d’Ottawa, Jon Mitzmacher, a reçu seulement quelques questions de parents inquiets après l’annonce samedi de l’arrestation du jeune d’Ottawa.

«Je m’attendais à beaucoup plus de courriels de la part des parents, a-t-il dit. Je ne sais pas si les gens sont devenus insensibles à ce stade.»

Il a déclaré qu’il y avait une anxiété accrue dans sa communauté scolaire depuis les attaques du 7 octobre et que les protocoles de sécurité avaient été renforcés, et il a souligné que son école et ses élèves étaient en sécurité.

L’école a reçu une alerte à la bombe en octobre, mais il s’est avéré par la suite qu’elle ne constituait pas une véritable menace, a déclaré M. Mitzmacher.

Selon lui, l’un des résultats les plus pénibles de ces incidents est le sentiment qu’a la communauté juive d’être seule. Il a déclaré que la chose la plus sincère que l’on puisse faire pour aider est de tendre la main et de montrer son soutien, comme vous le pouvez.

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