Jagmeet Singh lance un appel à la solidarité et au respect d’autrui

Mickey Djuric, La Presse Canadienne
Jagmeet Singh lance un appel à la solidarité et au respect d’autrui

OTTAWA — Les Canadiens peuvent et doivent faire mieux pour contrer les crimes haineux qui ont augmenté au pays depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas il y a deux mois, a déclaré Jagmeet Singh, en rappelant sa propre expérience d’avoir été pris pour cible en raison de son identité.

Dans une entrevue de fin d’année avec La Presse Canadienne, le chef néo-démocrate fédéral soutient qu’il doit exister un espace permettant aux citoyens d’exprimer leurs craintes, leurs inquiétudes et leurs opinions politiques sans pour autant verser dans la haine.

«Je pense que nous pouvons être meilleurs en tant que pays, a déclaré M. Singh lors d’un entretien téléphonique depuis Toronto. Nous devons trouver un environnement de respect mutuel, un endroit où nous pouvons être qui nous sommes et où nous pouvons être célébrés pour notre identité et ne pas en avoir peur.»

Le chef néo-démocrate dit avoir récemment parlé à des Canadiens juifs et musulmans inquiets de leur sécurité dans un contexte de recrudescence de violences motivées par la haine au pays — et qui craignent de porter des signes religieux, qui font pourtant partie de leur identité.

«Ils ont peur (pour leurs enfants) de porter quoi que ce soit qui les identifie comme juifs. Ils sont nerveux à l’idée de porter la kippa ou l’étoile de David. Ces symboles font partie de leur identité et ils ont peur de le porter», a-t-il déclaré.

M. Singh raconte que des membres de la communauté musulmane lui ont dit que «ça leur rappelait l’après-11 septembre», une sombre période de «suspicion et de négativité». Et aujourd’hui comme à l’époque, dit-il, «si une femme porte un hidjab, elle est encore plus nerveuse à l’idée d’être en public».

Il s’agit là d’une préoccupation que M. Singh connaît bien, lui qui porte un turban, symbole de sa religion sikhe. «J’ai grandi en étant intimidé, on m’a arraché mon turban et j’ai dû me battre», a rappelé M. Singh. «Je me souviens de ce que c’est, d’avoir peur d’être soi-même et du courage qu’il faut pour continuer à le faire.»

Recrudescence d’incidents au pays

Ces craintes accrues au sein des communautés canadiennes surviennent après que des militants du Hamas ont tué environ 1200 personnes en Israël et détenu environ 240 otages, le 7 octobre. La riposte militaire israélienne a fait jusqu’ici près de 22 000 morts dans la bande de Gaza, selon les autorités palestiniennes.

Au Canada, des partisans des deux camps se sont affrontés dans les rues et sur les campus universitaires. Et la police signale une augmentation significative des crimes haineux.

«C’est une chose vraiment effrayante, et cela se produit d’une manière vraiment choquante. Je constate une augmentation importante», a déclaré M. Singh.

Le mois dernier, la police de Toronto a déclaré que les signalements de crimes haineux avaient augmenté de plus de 104 % entre le 7 octobre et le 17 décembre par rapport à la même période l’an dernier. On signalait 56 crimes de haine antisémites et 20 crimes haineux contre les musulmans, les Palestiniens ou les Arabes.

La police a également indiqué qu’elle enquêtait sur un échange entre un manifestant et une autre personne lors d’une manifestation propalestinienne dans un centre commercial du centre-ville.

Toronto n’est pas une exception. À Montréal, des écoles juives ont été la cible d’engins incendiaires, un cocktail Molotov a été lancé sur un édifice appartenant au Conseil de la communauté juive de Montréal et des graffitis antimusulmans ont été peints à la bombe aérosol près d’un centre islamique.

En novembre, la police de Calgary a déclaré avoir accusé un homme qui aurait proféré des propos antisémites lors d’une manifestation. Ses accusations ont ensuite été suspendues.

Et le mois dernier, la Gendarmerie royale du Canada a annoncé qu’elle avait arrêté et accusé un adolescent à Ottawa d’infractions liées au terrorisme qui auraient visé des Juifs. La police fédérale a mis en garde contre une tendance inquiétante à l’extrémisme violent chez les jeunes Canadiens.

Face à tout cela, M. Singh croit que les Canadiens peuvent faire mieux lorsqu’il s’agit de se sentir en sécurité les uns avec les autres. «Nous devons arriver à un lieu de respect les uns pour les autres, un endroit où nous pouvons être qui nous sommes, a-t-il déclaré. Et où nous pouvons être célébrés pour notre identité sans avoir peur.»

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