QUÉBEC — Avec la crise du logement qui ne cesse de prendre de l’ampleur, le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, affirme qu’il est nécessaire de réduire, non seulement les seuils d’immigration permanente, mais également le nombre d’immigrants temporaires.
Selon le chef du Parti québécois, «si on ne réduit pas les travailleurs temporaires, les demandeurs d’asile et les étudiants étrangers, on arrivera jamais à un équilibre et cette crise du logement, mais aussi la crise sur notre capacité à livrer des services et à intégrer en français, vont se poursuivre».
Paul St-Pierre Plamondon a fait cette affirmation dans le cadre d’un débat avec les autres chefs de partis politiques québécois diffusé sur les ondes de RDI mercredi en soirée (seul le chef caquiste François Legault a décliné l’invitation du diffuseur public).
Selon les chiffres présentés par Radio-Canada lors du débat, il y a actuellement 225 684 travailleurs temporaires, 160 651 demandeurs d’asile et 72 620 étudiants étrangers en sol québécois.
Pour réduire le nombre d’étudiants étrangers, le chef péquiste propose de revoir le mode de financement des universités pour qu’il y ait un plafond. Au sujet des demandeurs d’asile, il a parlé d’un «sabotage intentionnel» des frontières du Québec par Ottawa et a affirmé que la province devait être indépendante pour en reprendre le contrôle.
Il a admis que pour les travailleurs temporaires, c’était un «casse-tête» et qu’il ne voulait pas «nuire à des secteurs économiques».
L’affirmation de Paul St-Pierre Plamondon a fait réagir le chef libéral intérimaire Marc Tanguay qui lui a demandé : «les travailleurs temporaires, qui travaillent aujourd’hui, est-ce que j’ai bien compris qu’il y a en a de trop et qu’il aimerait en voir quitter ? C’est soit oui ou soit non.»
Après avoir louvoyé, le chef péquiste a ensuite été pressé de répondre par l’animateur du débat, Patrice Roy. «Par définition, un visa temporaire, c’est quelqu’un qui arrive et qui quitte. Et donc ça vient avec la définition de travailleur avec un visa temporaire», a-t-il finalement lâché.
«Si le simple fait d’arriver sur le territoire donne un statut de permanent, peu importe par quel chemin, peu importe si on remplit les critères ou non, ça crée un chaos», a ajouté Paul St-Pierre Plamondon.
Il y a deux semaines, le chef péquiste a indiqué que son parti allait réévaluer ses seuils d’immigration permanente actuellement fixés à 35 000 nouveaux arrivants par année.
«Force économique»
Sur la question des temporaires, Marc Tanguay a affirmé que le Québec a fait sa part quant aux demandeurs d’asile. Mais pas question toutefois de toucher aux travailleurs temporaires et aux étudiants étrangers qui sont «essentiels» et une «force économique» pour le Québec.
Lors du caucus de son parti la semaine dernière, le chef libéral a affirmé que le Québec n’aura pas le choix d’accueillir plus d’immigrants pour pallier la pénurie de main-d’œuvre.
Québec solidaire (QS) a déjà admis qu’il y avait trop d’immigrants temporaires au Québec, mais n’a pas proposé de moyen d’en réduire le nombre. Durant le débat, le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, a parlé de «l’explosion déraisonnable et désorganisée de l’immigration temporaire».
«Notre modèle d’immigration, il est brisé. François Legault et Justin Trudeau l’ont brisé ensemble en faisant exploser l’immigration temporaire», a-t-il affirmé.
Le chef conservateur Éric Duhaime a indiqué qu’à court terme, il fallait «réduire l’ensemble des seuils». Il a toutefois pointé le fait que le Québec n’avait pas tous les leviers en immigrations et qu’il était nécessaire de remédier à la situation.
«Il faut que le Québec soit maître d’œuvre en immigration […] On est en année pré-électorale à Ottawa. C’est le temps d’aller voir tous les partis, tous les députés du Québec, et dire on veut rapatrier l’ensemble des pouvoirs», a-t-il lancé.