Éric Duhaime veut forcer le ministre Caire à démissionner

Thomas Laberge, La Presse Canadienne
Éric Duhaime veut forcer le ministre Caire à démissionner

QUÉBEC — La pression s’accentue sur le ministre Éric Caire. Le chef conservateur, Éric Duhaime, veut le forcer à quitter son siège en raison du recul de son gouvernement sur le troisième lien. 

Entouré d’une cinquantaine de partisans, M. Duhaime a annoncé lundi qu’il lançait un site internet et une pétition pour réclamer la tête du député de La Peltrie. 

«Quand il était dans l’opposition, il aimait ça se faire qualifier de shérif. (…) Aujourd’hui on a un message pour le shérif Caire. Le shérif n’est pas au-dessus des lois et il va falloir qu’il goûte à sa propre médecine», a lancé le chef conservateur devant le bureau de circonscription de M. Caire. 

Les conservateurs veulent s’inspirer du projet de loi déposé par Éric Caire en 2011, qui aurait permis aux citoyens d’une circonscription de destituer un élu avec une pétition obtenant une majorité de signatures.

Selon Élections Québec, il y a quelque 61 000 électeurs inscrits dans ce comté. Les conservateurs doivent donc obtenir environ 30 500 signatures pour atteindre leur objectif.  

Éric Duhaime invite aussi ses militants à plusieurs actions afin de mettre «une pression insoutenable» sur Éric Caire. 

«On va être intraitable. On va être sur toutes les tribunes. On va être dans le porte-à-porte. On va envoyer des dépliants. On va être à l’épicerie et au centre d’achats. Vous allez nous voir partout. On va faire de l’affichage. On va tout faire pour qu’il soit forcé de démissionner», énumère le chef conservateur. 

«J’ai l’intention de l’affronter»

Advenant le cas où le député de La Peltrie venait à démissionner pour se représenter devant ses commettants, Éric Duhaime s’engage à se présenter contre lui. «J’ai l’intention de l’affronter et je vais laisser la population de Québec décider», a-t-il affirmé sous une pluie d’applaudissements de ses partisans.  

D’anciens candidats du Parti conservateur du Québec (PCQ) étaient présents lors de l’annonce. Éric Duhaime soutient que certains d’entre eux auraient pu gagner leur siège si la CAQ avait reculé sur le troisième lien durant la campagne de 2022. 

Les conservateurs ont fini deuxièmes dans plusieurs circonscriptions de la grande région de Québec. Dans Beauce-Nord, le caquiste Luc Provençal a remporté son siège par seulement 202 votes devant le conservateur Olivier Dumais. 

Éric Duhaime veut d’ailleurs recruter des élus caquistes déçus. Samedi, il a fait parvenir une lettre à tous les députés de la CAQ de la grande région de Québec — sauf Geneviève Guilbault et Éric Caire — pour les inviter à joindre ses rangs. 

Lors du point de presse de lundi, le chef conservateur est resté circonspect sur l’état des pourparlers avec des élus. «On continue de leur parler. J’ai parlé à certains directement. J’ai parlé à d’autres indirectement», a-t-il dit. 

Deuxième pétition

Éric Caire, qui était un ardent défenseur du troisième lien, avait dit, en 2017, qu’il démissionnerait si la CAQ reculait sur ce dossier. 

Après la volte-face de son gouvernement la semaine dernière, le député de La Peltrie a plutôt décidé de conserver son siège et d’aller expliquer la décision à ses électeurs. 

Une autre pétition lancée la semaine dernière demande également la démission d’Éric Caire. Son instigateur Jim Légaré, un partisan conservateur, a toutefois décidé de la fermer afin que les efforts soient concentrés vers la pétition du parti. Elle a été signée par 7500 personnes.

«J’ai gardé la liste. J’irai la porter en main propre à Éric Caire prochainement», a assuré M. Légaré. 

Au moment de publier, le bureau d’Éric Caire n’avait pas répondu à la demande de réaction de La Presse Canadienne. 

Le PQ veut permettre la révocation des élus

Le Parti québécois (PQ) s’inspirera, lui aussi, de l’initiative de M. Caire de 2011. La formation politique déposera un projet de loi pour permettre la révocation des élus lorsqu’ils ne respectent pas leurs engagements. 

Selon le chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon, il s’agit de donner un moyen à la population de se faire entendre si elle constate qu’un engagement a été rompu et que «la confiance est brisée».

«Cela crée une discipline», a-t-il dit en entrevue dans les corridors de la Tribune de la presse parlementaire à Québec.

«C’est un rappel aux élus que si solennellement on met son siège en jeu et on prend un engagement, on joue avec la confiance des gens, il peut y avoir potentiellement des conséquences.» 

Cela amènerait «peut-être une certaine prudence» auprès de certains élus, qui auraient eu «intérêt à prendre ça plus au sérieux» avant de faire deux campagnes électorales sur un projet de troisième lien «qui n’allait jamais voir le jour», a-t-il justifié.

Selon lui, François Legault n’a jamais eu l’intention de réaliser la promesse du troisième lien.

M. St-Pierre Plamondon demande aussi au premier ministre de présenter des excuses aux Québécois. 

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