Dix cas de rougeole au Québec, la vaccination insuffisante inquiète la santé publique

Katrine Desautels, La Presse Canadienne
Dix cas de rougeole au Québec, la vaccination insuffisante inquiète la santé publique

MONTRÉAL — Avec une dizaine de cas confirmés de rougeole, le Québec est l’épicentre de la transmission de ce virus au Canada. Le faible taux de vaccination dans certaines régions de la province inquiète les autorités de la santé publique, mais celles-ci assurent que des protocoles sont en place advenant une explosion du nombre de cas. 

En conférence de presse à Montréal, lundi, le directeur national de santé publique, Dr Luc Boileau, a dit être préoccupé par la situation. Il souhaite miser sur la vaccination pour éviter une forte propagation. Il rappelle par ailleurs que le vaccin est sécuritaire et offert gratuitement partout au Québec et qu’il s’agit du meilleur moyen de se protéger contre le virus. 

Selon le calendrier de vaccination du Québec, les enfants reçoivent le vaccin à 12 et 18 mois et il peut être administré gratuitement à tout âge. Le Dr Boileau a spécifié que l’offre de la vaccination serait adaptée en fonction de la demande et que «l’approvisionnement nécessaire en vaccins est assuré». 

La majorité des cas de rougeole — sept au total — se trouvent dans la région de Montréal, où les taux de vaccination contre ce virus sont les plus faibles, particulièrement dans les écoles primaires. Des taux aussi bas que 30 % ont été constatés dans certaines écoles, a fait savoir en conférence de presse la Dre Mylène Drouin, directrice régionale de santé publique pour la région de Montréal. 

La moyenne des taux de vaccination contre la rougeole dans les établissements scolaires de Montréal s’élève à 78,5 % pour les écoles primaires et 82 % pour les écoles secondaires. 

«On est bien en deçà du 95 % pour assurer une immunité collective», a souligné Dre Drouin. Pour rattraper le retard dans certains établissements scolaires ou garderies, des campagnes de vaccination ciblées sont prévues au retour de la semaine de relâche. 

Pour expliquer la faible couverture vaccinale, le Dr Boileau a parlé de fatigue vaccinale. «On l’a vue avec la vaccination pandémique, on a une baisse d’intérêt d’environ 2 ou 3 % (…) et ça peut être plus que ça dans certains contextes, l’hésitation vaccinale a beaucoup monté», dit-il. 

Il a par ailleurs affirmé que la vaccination obligatoire n’était pas envisagée pour l’instant. 

Plus de cas anticipés 

Les autorités sanitaires s’attendent à ce que le nombre de cas grimpe au cours des prochaines semaines, mais il est difficile de mesurer l’ampleur de la hausse attendue, a indiqué Dre Drouin. 

«Une seule éclosion dans un milieu très vulnérable, peu vacciné, ça peut générer des centaines de contacts et des dizaines, voire des centaines de cas», a souligné Dre Drouin. 

«Je ne vous dis pas qu’on en a des milliers qu’on appréhende dans quelques jours, mais ça peut monter vite, très très vite», alerte à son tour le Dr Boileau. 

La Dre Caroline Quach-Thanh, microbiologiste-infectiologue au CHU Sainte-Justine, a déclaré que les protocoles établis durant la pandémie de COVID-19 pourraient servir à éviter la propagation advenant une croissance très accrue des cas, tels que les zones vertes et les zones rouges en milieux hospitaliers. Toutefois, la situation ne requiert pas ces mesures pour le moment. 

La rougeole est une maladie extrêmement contagieuse. Un seul cas peut contaminer 16 personnes non protégées, a affirmé Dre Quach-Thanh. «Si ça tombe dans un CPE ou un milieu peu vacciné, c’est possible qu’il y ait énormément de cas autour d’un premier cas de rougeole», a-t-elle commenté. 

La rougeole peut entraîner des complications graves comme de la cécité, une encéphalite, une pneumonie, voire la mort dans certains cas. 

Les principaux symptômes sont une fièvre importante, une toux, un écoulement nasal, des yeux rouges et un malaise généralisé, suivis de rougeurs au visage puis sur le corps, indique le ministère de la Santé. 

Bien que dix cas rapportés pour l’ensemble de la province ne semblent pas alarmants à première vue, ce qui inquiète les autorités sanitaires est que l’on recense plusieurs cas de transmission locale et que la couverture vaccinale est insuffisante pour protéger les plus vulnérables. 

Pour chaque cas de rougeole déclaré au Québec, une enquête de santé publique est réalisée afin de déterminer l’origine de l’infection et d’identifier les personnes à risque d’avoir été exposées au virus de la rougeole.

La santé publique de Montréal a mis en ligne sur le site web santemontreal.qc.ca une liste des 14 endroits que des personnes atteintes de rougeole ont fréquentés. Les personnes non adéquatement vaccinées qui ont été dans ces lieux sont appelées à rester vigilantes sur leurs symptômes, s’isoler le cas échéant, et porter un couvre-visage si elles fréquentent un établissement de santé et parler de leur état au personnel dès leur arrivée. 

Les urgences du CHU Sainte-Justine font partie des lieux exposés à des cas de rougeole. Les parents qui ont été à l’urgence avec leur enfant les 25, 26, 27, 28 et 29 février ont pu avoir été exposés au virus. Le personnel de l’hôpital a tenté de contacter tous les enfants en bas âge qui n’étaient pas vaccinés, mais la santé publique demande aux parents de surveiller les symptômes de leur enfant et de les isoler s’ils en développent. 

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

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